L’herbe est utilisée depuis longtemps pour ses qualités isolantes, pousse pratiquement partout, ne nécessite pas d’être cultivée et absorbe une grande quantité de CO2. Alors, c'est qui la championne du biosourcé ?
L’herbe coupée est utilisée depuis longtemps pour ses qualités isolantes, pousse pratiquement partout, ne nécessite pas d’être cultivée, se renouvelle très rapidement et absorbe une grande quantité de CO2, contribuant ainsi à faire de ce matériau biosourcé une championne du carbone toutes catégories.
Les maisons aux toits d'herbe, héritage de l'ère viking
Historiquement, l’herbe est présente dans la construction depuis longtemps, comme peuvent en témoigner les maisons aux toits d’herbes en Islande, en Norvège, ou encore aux îles Féroé (Danemark).
Village de pêcheurs islandais typique, avec les fameuses maisons au toit d'herbe. © Freepik
La tradition de la construction de maisons aux toits d’herbe remonte à l’ère viking (entre 793 et 1066) et est due à trois facteurs principaux :
– le climat de ces îles ;
– Les exigences de la société nordique qui les a peuplées au début du Moyen-Âge ;
– et, enfin, aux ressources environnementales locales.
De fait, au moment de la colonisation nordique dans l’archipel des îles Féroé et en Islande (entre le 9e siècle et le 10e siècle dans les îles Féroé, dès la seconde moitié du 9e siècle en Islande), ces îles n’étaient pas (ou peu) boisées, ce qui explique pourquoi les colons scandinaves ont dû faire face au défi de la construction de propriétés durables avec un autre matériau, qu'ils trouvaient en abondance : l'herbe.
En sus, au début de la Norvège médiévale, il y avait aussi des maisons à toit d’herbe : cette façon de construire n’était pas inconnue des colons nordiques habitant l’Islande et les îles Féroé à l’époque viking. Cependant, étant donné qu’environ 30 % de l’Islande était couverte de forêts au moment de l’arrivée des premiers colons norvégiens (la plus grande partie du bois étant en bouleau), ils devaient réfléchir à leurs constructions de manière inventive afin de préserver les ressources.
Les maisons d’herbe avaient donc une fondation faite entièrement de pierres plates, avec une charpente en bois (le bouleau était préféré pour l’agriculture, tandis que le chêne servait à la construction des grandes bâtisses) retenant le fardeau de l’herbe sur le toit.
Dans les îles Féroé, la ferme Roykstovan, située dans le très petit village de Kirkjubøur, sur l’île de Streymoy, est la plus ancienne maison en bois habitée d’Europe. C’est la plus ancienne maison en bois habitée en Europe, habitée par la même famille (Patursson) depuis 1550. ©
/ Wikipédia
L'herbe, la biomasse la plus abondante sur terre
L’herbe couvre à peu près un quart de la surface terrestre et constitue ainsi la biomasse la plus abondante sur terre... mais aussi la moins utilisée ! Ce qui n'est pas malin, d'autant plus qu'elle ne nécessite aucune culture, ni intervention mécanique sur le sous sol. De l’eau, un minimum de soleil, et l’herbe pousse sans intervention de l’homme. Universelle, elle permet d’exploiter une ressource quasi illimitée et rapidement reconstituable dont on aurait tort de se priver (matière première abondante, l'herbe a un cycle de reconstitution très court, environ 2 à 3 mois). Et ça, Gramitherm l'a bien compris !
La société Gramitherm Europe SA a été créée 2019 à Auvelais, dans la province de Namur, en Belgique, afin de commercialiser les produits de la marque déposée Gramitherm®, un procédé suisse exclusif permettant de fabriquer une nouvelle génération de panneaux isolants naturels et écologiques à base d’herbe "perdue", provenant des fauchages d’entretien et de sécurité et non destinée à l’alimentation animale : un exemple parfait d’économie circulaire. D'autant plus que le cycle de production fait appel aux ressources régionales pour une production destinée aux marchés en circuits courts (300 km maximum), condition sine qua non pour l’obtention du label "Produit Biosourcé".
Gramitherm® est le premier matériau d’isolation 100 % propre qui présente le meilleur bilan écologique dans sa catégorie. Il y a 15 ans, S. Grass, ingénieur agronome suisse, s’intéresse au pouvoir isolant de la fibre d’herbe et, en collaboration avec l’EPFL (École Polytechnique Fédérale de Lausanne) développe un isolant à base de fibres d’herbe. Après une commercialisation en Suisse, une reprise de cette solution est effectuée par la Société Clean Insulating Technologies (Christian Roggeman) en 2014. Gramitherm bénéficie d’un Avis Technique Européen, de FDES consultables sur base INIES et du label biosourcé. Gramitherm® est également labellisé Solar Impulse Efficient Solution depuis 2019. © Vidéo Youtube / Gramitherm
L’herbe, fibre naturelle idéale pour l’isolation durable des bâtiments
La fibre d’herbe : une isolation naturelle
L’herbe possède naturellement des propriétés isolantes ; les caractéristiques naturelles de la fibre d’herbe sont exploitées pour créer une isolation en herbe coupée, ensuite thermoformée en panneaux. L’herbe utilisée pour la fabrication des panneaux d’isolation ne nécessite ni arrosage, ni entretien, ni terres agricoles pour pousser et n’est pas destinée à l’alimentation animale. C'est celle que l’on appelle "herbe-déchet", et qui nécessite tout d’abord une coupe. Ladite coupe s’effectue avec différentes machines adaptées aux zones de coupe, pour une herbe que l'on trouve sur :
− les bords de route ;
− Les zones humides (polders…) ;
− Les zones aéroportuaires, etc.
Les panneaux d’isolation en fibre d’herbe : un procédé de fabrication vertueux
Le caractère innovant des panneaux d'isolation en fibre d'herbe réside dans un procédé développé et breveté par Gramitherm® et qui consiste en un cycle de production en trois étapes :
– la coupe et la récolte d’herbe "perdue" (1 ha d’herbe permet de produire 200 m3 de produit isolant, soit, à titre de comparaison, l’isolation de sept maisons familiales qui correspondent au piégeage de 3,6T de CO2) (c'est un A/R Bruxelles - Cape Town en avion) ;
– L’extraction de fibres de cellulose à partir de l’herbe ;
– La fabrication de panneaux isolants flexibles (technologie AIR-LAY et thermoformage).
Zéro déchet
L’herbe est constituée d’une partie solide, dite lignocellulosique (30 % de fibres) et d’une partie liquide (mélange d’acides aminés, polysaccharides, minéraux, lipides, ...). Le défibrage va permettre de séparer cette partie lignocellulosique de la partie liquide, qui sera recueillie pour obtenir par méthanisation un biogaz. Les fibres de cellulose seront elles utilisées pour la fabrication de panneaux d’isolation. Ce procédé permet une utilisation complète de l’herbe comme matière première, tout en ne créant aucun déchet.
La fibre d’herbe séchée est ensuite mélangée à de la fibre de jute, puis à un liant à base de fibre synthétique. Le produit est ensuite thermoformé pour créer des panneaux semi-rigides, parfaitement adaptés aux constructions neuves, rénovations, constructions bois, et qui peuvent être utilisés pour une isolation extérieure et intérieure (toiture, sols, murs, combles et plafonds). Ces panneaux font de bons partenaires de la construction bois, comme de tous les autres biosourcés et géosourcés (chanvre, paille, terre, pierre, …).
L'herbe, championne du carbone
L’herbe absorbe une grande quantité de CO2 par la photosynthèse, le processus d’obtention de la fibre est vertueux et l'énergie grise pour la fabrication des panneaux est faible (20 % inférieure à celle consommée par les produits isolants, tel le polystyrène extrudé). Le CO2 émis au cours des différentes phases de production et de vie du produit est même inférieur au CO2 capturé par l’herbe lors de sa croissance ! Ainsi, 1kg de Gramitherm, par exemple, absorbe 1,5 kg de CO2, sans compter que les chutes issues de la production ainsi que les déchets produits sont entièrement recyclables.
Qui dit mieux ?
Source : batirama.com / Laure Pophillat