L'année 2024 a été "presque blanche" en matière de politique du logement, malgré des signaux "au rouge", alerte l'ex-Fondation Abbé Pierre, qui dénonce "l'attentisme" du gouvernement.
L'année 2024 a été "presque blanche" en matière de politique du logement, malgré des signaux "au rouge", dont le nombre record de 735 morts de la rue, a alerté lundi 03 février 2025 la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) dénonçant "l'attentisme" du gouvernement.
Le 30e rapport alarmant de l'ex-Fondation Abbé Pierre
Ce rapport sur l'état du mal-logement en France est le 30e de l'ex-Fondation Abbé Pierre, qui a changé de nom fin janvier après les multiples accusations de violences sexuelles visant son fondateur.
En 2024, la Fondation évalue à 350 000 le nombre de personnes sans domicile, en hausse de 145 % depuis douze ans, et à 4,2 millions le nombre de personnes mal logées, qu'elles soient privées de logement ou vivant dans des conditions difficiles.
Chaque soir, 5 000 à 8 000 personnes, dont 1 000 à 3 000 enfants, sont refoulées par le 115 faute de place en hébergement d'urgence. © Freepik
Plus de 100 000 personnes vivant dans des lieux de vie informels (squats, bidonvilles) ont par ailleurs été expulsées en 2024. Un record, note le rapport, qui critique une "posture répressive vouée à l'échec si elle ne s'attaque pas aux causes".
Par ailleurs, un chapitre dédié aux personnes en situation de handicap ou de perte d'autonomie dresse un constat "décevant", vingt ans après la grande loi de 2005. En effet, plus précaires que la moyenne, ces personnes sont confrontées à d'importantes difficultés d'accès au logement et sont davantage victimes de discriminations.
Lors d'une conférence de presse, Christophe Robert, le délégué général de la Fondation, observe : "on a vu en 2024 un durcissement de la crise de la construction, un grippage du marché immobilier, beaucoup d'alertes sur le front du mal-logement [...] et pourtant, du point de vue des politiques publiques, l'année a été marquée par l'attentisme et le renoncement".
Pendant ce temps, au gouvernement...
Après sept mois sans ministre du logement en "état de prendre d'importantes décisions", l'année aura été "presque blanche", tacle le rapport qui qualifie "d'assez contestables" les deux principales mesures du gouvernement, à savoir :
– l'extension du PTZ (Prêt à Taux Zéro) ;
– Et la défiscalisation des donations de parent à enfant, en cas d'achat de sa résidence principale.
Parallèlement, les demandes de logements sociaux n'ont cessé de grimper, avoisinant les 2,8 millions de ménages fin 2024, tandis que les logements sociaux disponibles suivent la pente inverse.
Ce tableau noir s'inscrit dans un contexte de paupérisation croissante et de creusement des inégalités, ainsi que le rappellent les auteurs du rapport.
Appelant à "changer de cap", la Fondation réitère son souhait de redonner des capacités d'action aux organismes HLM pour relancer la construction et "d'amplifier les mesures de régulation" en généralisant par exemple l'encadrement des loyers.
Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat