Le Building Information Model doit permettre aux acteurs de la conception, construction et maintenance d'un bâtiment de travailler ensemble, en minimisant les risques d'erreurs.
L'ère du travail collaboratif entre les acteurs du bâtiment est arrivée. Du point de vue technique, elle est rendue possible par l'acceptation de plus en plus enthousiaste de la démarche BIM par tous les éditeurs de programmes utilisés pour la conception, la construction et la maintenance des bâtiments, ainsi que par l'utilisation d'un format de fichiers particulier : le .IFC.
Le travail collaboratif autour d'un projet de bâtiment
La RT2012, en instituant le coefficient Bbio qui doit être calculé et joint à la demande de permis de construire, contraint les acteurs d'un projet de bâtiment à entamer une étroite collaboration très en amont dans la conception d'un projet.
Tout le monde doit échanger des informations, de plus en plus tôt. D'une manière générale, lorsque l'on vise des performances élevées, des interactions qui ne comptaient pas auparavant dans un bâtiment traditionnel, deviennent des obstacles qu'il faut résoudre.
L'acoustique influe sur la thermique, tout comme la protection solaire influe sur la thermique et sur l'éclairage, etc.. Mais travailler ensemble n'est pas encore l'usage, même si cela devient obligatoire.
Ceux qui se sont lancés dans des projets HQE ou BBC en ont déjà fait l'expérience. Tous les autres doivent s'y mettre aujourd'hui. Il n'est plus possible que chaque concepteur –architecte, BE divers, économiste…– travaille dans son coin.
Transmettre des informations riches sans déperdition
Dans un projet de bâtiment, les différents acteurs utilisent chacun des programmes informatiques différents. Les architectes utilisent AutoCad, Revit, Allplan, Archicad, Archiwizard, etc.
Les BE utilisent, l'un des programmes de calcul de structure, l'autre des softs de simulation thermique dynamique et des outils de calcul RT2012, un troisième des outils d'évaluation acoustique… Très vite, ils doivent échanger des informations entre eux.
Les formats de fichiers traditionnels dans le bâtiment, comme le DXF, voire le DWG, sont un peu simples. Vous voyez une dalle à l'écran ? Le DXF, lui ne reconnaît que quatre traits. Le DWG fait un peu mieux, mais guère. Pour éviter les ressaisies en passant d'un programme à l'autre, avec tous les risques d'erreur que cela comporte, il faut employer des formats de fichiers intelligents.
L’objectif étant que les informations ajoutées par chaque acteur soient reconnues par les soft utilisés par tous les autres. Le BIM, c'est ça. Et il qui se ramène à trois points points principaux :
- dans une démarche BIM, on rassemble tous les savoirs appliqués à un projet de bâtiment, pour sa conception, sa construction, son exploitation et son démantèlement en fin de vie, on les rends accessibles à tous les acteurs qui en ont besoin ;
- toutes ces données sont véhiculées par des formats de fichiers riches qui savent qu'une dalle est une dalle, quelle est son épaisseur, ses propriétés coupe-feu, mécaniques, acoustiques, etc. Ces informations sont comprises par tous les outils informatiques utilisés, sans ressaisie ;
- la représentation concrète du BIM est la maquette 3D du projet. Ce n'est pas simplement un dessin en 3 dimensions, c'est une maquette numérique, enrichie de données complexes et quasi-exhaustives sur chaque ouvrage dans le bâtiment, sur les rapports entre les ouvrages, etc.
Un nouveau fichier informatique mondial : le format .IFC
Concrètement, il existe deux manières complémentaires de réunir ces trois points. Dans l'univers de chaque grand éditeur d'applications informatiques pour le bâtiment – Autodesk (AutoCad, Revit, etc.), Bentley, Dassault Sytèmes, Nemetschek (ArchiCad, Allplan, etc.), - ces applications sont capables d'échanger entre-elles de manière transparente, des fichiers comportant de riches informations.
Ces échanges ne s’effectuent pas simplement, ni aussi harmonieusement qu'ils veulent bien le dire. Mais, à un moment donné, il faut sortir de cet univers et échanger avec d'autres applications. Ne serait-ce que pour effectuer des calculs RT réglementaires sur le projet de bâtiment.
Le seul moyen d'y parvenir consiste à employer un format de fichier commun, riche d'informations, mais qui n'appartient à personne en particulier : c'est le format .IFC pour Industry Foundation Classes. Il est géré et développé au niveau mondial par la buildingSMARTalliance (http://www.nibs.org/?page=bsa ), dont Mediaconstruct (www.mediaconstruct.fr) est le chapitre français.
Un fichier au format .IFC est en réalité une base de données. Un fichier .IFC d'un grand bâtiment peut peser plusieurs dizaines de Go (gigaoctets). Mais chaque programme ne voit que ce dont il a besoin. Le programme de calcul RT ne voit pas le ferraillage du béton, mais perçoit en détail les compositions des parois.
Notre second article abordera le fonctionnement du BIM.
Autodesk développe tout son offre autour du BIM. Revit, son logiciel-phare pour le bâtiment importe et exporte des fichiers .IFC. A Batimat 2013, l'éditeur montrera plusieurs nouvelles applications qui s'inserrent dans ses projets BIM, dont Autodesk Recap, Autodesk Formit, Autodesk Infraworks 360. Doc. Autodesk
La détection des collisions a été la première application à tirer partie de l'approche BIM et de son architecte informatique en objets. Doc. Autodesk
AllPlan 2014 renforce son intégration BIM. Nemetschek est membre de l'alliance OpenBIM et promeut les solutions ouvertes, dont l'emploi des fichiers .IFC dans l'ensemble de ses logiciels métiers pour le bâtiment. Doc. Nemetschek
Pour passer des logiciels de conception aux applications de calcul de structure, Nemetschek privilégie le format de fichiers .IFC Doc. Nemetschek
Source : batirama.com / Pascal Poggi