L’AIMCC a organisé une conférence afin de présenter les résultats de son enquête annuelle de tendances, après que les fabricants de produits de gros œuvre, second œuvre et équipements aient été invités à y répondre.
L’AIMCC (Association française des Industries des produits de Construction) a organisé le 30 janvier 2025 une conférence de presse afin de présenter les résultats de son enquête annuelle de tendances. Les présidents de l’ensemble des organisations professionnelles, membres de l’AIMCC, fabricants de produits de gros œuvre, second œuvre et équipements ont été invités à y répondre en ligne en décembre 2024. 24 des 39 organisations professionnelles interrogées ont répondu, soit un taux de réponse de 62 %, répartis de la manière suivante :
– 46 % gros œuvre,
– 42 % second œuvre,
– et 13 % équipements.
Pour rappel, l’AIMCC regroupe les organisations professionnelles des fabricants de produits (matériaux, composants et équipements et systèmes) entrant dans la construction. Elle représente aujourd’hui plus de 7 000 entreprises, regroupées dans les 39 organisations professionnelles adhérentes. Cela représente 430 000 emplois et 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur le marché français.
Bilan de l’année 2024 : une baisse supérieure à - 10 %
Concernant le volume d’activité en 2024 (production vendue et non CA) pour les produits entrant dans la construction, par rapport à 2023 : 96 % des répondants ont connu une baisse d’activité en volume et 55 % d’entre eux estiment la baisse supérieure à - 10 %, le gros œuvre subissant les plus fortes baisses. Dans le détail, le secteur des équipementiers connaît des baisses par tiers dans trois segments de - 1 % à - 20 % et 2/3 du second œuvre subit des baisses comprises entre - 1 % et - 10 %.
Les principaux freins à l’activité des entreprises en 2024 sont dus à l’insuffisance de la demande mais aussi aux conséquences de l’augmentation des coûts.
En termes d’effectifs, malgré la baisse d’activité, 64 % des industriels ont a minima maintenu le nombre de collaborateurs. Le second œuvre a très majoritairement maintenu ses effectifs. Quant au gros œuvre, il s’est quasi partagé entre réduction (55 %) et stagnation des effectifs, alors que les équipements se répartissent par tiers (progression / stabilisation / réduction) en fonction de leurs activités.
Philippe Gruat, le président de l’AIMCC, ici en photo, a déclaré : "Face à la nouvelle baisse d’activité et aux multiples défis auxquels les industriels vont être encore confrontés en 2025, notre première priorité sera de soutenir leur activité, en exigeant des pouvoirs publics la mise en œuvre de ses annonces pour favoriser une politique de relance du neuf et la massification des rénovations d’ampleur permettant des gains significatifs de performance des bâtiments. Nous appelons de nos vœux la solidarité de l’ensemble de la filière car c’est par le dialogue et les échanges que notre secteur pourra traverser cette période difficile. Notre deuxième priorité sera de continuer à développer la compétitivité et l’autonomie stratégique des industriels, dans un contexte où les craintes portent autant sur les contraintes financières que sur la baisse de la demande." © AIMCC
Enjeux et perspectives pour 2025 : la crise continue
Concernant l’opinion sur le volume d’activité (production vendue et non CA) en 2025 par rapport à 2024 pour les produits entrant dans la construction, 79 % des industriels anticipent une année de crise avec des baisses d’activité significatives dans les trois secteurs.
Le gros œuvre ayant subi une très forte baisse en 2024 anticipe de continuer dans cette voie. Du côté du second œuvre, ce n'est guère plus rassurant : bien qu'il ait été moins impacté en 2024, il prévoit de très fortes baisses en 2025. Les prévisions pour les équipements sont disparates, en fonction de leur nature.
Pour 35 % des répondants, le principal frein à l’activité en 2025 est toujours la demande insuffisante, alors que les craintes pour 2024 portaient autant sur les contraintes financières que sur la baisse de la demande.
À la question quelle est votre opinion sur l’évolution des effectifs des entreprises de votre fédération en 2025 : la moitié des répondants envisage de réduire leurs effectifs. Pour la première fois depuis de nombreuses années, au-delà de l’arrêt de contrats d’intérim et de l’utilisation l’activité partielle, des industries envisagent le recours à la mise en place de plans sociaux.
Les principaux leviers cités pour développer l’économie circulaire sont le recyclage puis la valorisation des déchets, suivis de près par les économies de ressources. En termes de compétitivité, deux-tiers des industriels considèrent leur secteur comme compétitif.
Les 5 (principales) attentes des entreprises de la filière construction pour 2025
Les 5 principales attentes des entreprises de la filière construction pour 2025 sont (par ordre décroissant) : la maitrise des coûts, la propriété des données et leur exploitation, la décarbonation, la formation des collaborateurs et, enfin, la transformation numérique.
Les priorités et propositions de l’AIMCC pour 2025
Les priorités
L’AIMCC appelle à la mise en œuvre des annonces de la ministre du Logement : le prêt à taux zéro sur tout le territoire pour les primo-accédants, le lancement du travail de diminution des coûts en simplifiant les normes urbanistiques et de construction, l’adaptation du cadre du ZAN, la confirmation du budget de MaPrimeRénov' en 2025 (2,3 milliards d'euros), les résultats de la mission flash pour créer une banque de la rénovation et de la copropriété et, enfin, une enveloppe de 200 millions d'euros pour les bailleurs sociaux.
L’AIMCC appelle également à l’application du taux de TVA réduit (5,5 %) à tous les travaux, la mise en œuvre des moyens budgétaires et techniques plus importants pour développer les rénovations performantes en cohérence avec la SNBC, l’élargissement sans condition de durée ni de ressources du prêt avance mutation à taux zéro (également appelé Prêt avance rénovation - PAR +) exigible au moment de la vente du bien ou du règlement de la succession et la réforme de la fiscalité pour rendre l’investissement locatif plus attractif.
Ce que propose l'AIMCC
L'organisation professionnelle souhaite :
– loger : développer une vision partagée des besoins territoriaux de logements et mettre en œuvre un plan pluriannuel ;
– Rénover : élaborer un plan pluriannuel de rénovation énergétique des bâtiments ;
– Réalisme : adopter des réglementations réalistes ;
– Investissement : poursuivre le soutien aux investissements de décarbonation et mettre à disposition une électricité et des énergies décarbonées à des prix compétitifs ;
– Souveraineté : renforcer la souveraineté industrielle de la France avec une frontière carbone européenne ;
– Former : promouvoir les opportunités et les carrières, puis développer des formations ;
– Coconstruire : permettre l’intensification des programmes de recherche ;
– Innover : soutenir les projets d’innovation du CSF (Comité Stratégique de Filière).
Le programme RENOBATI
Le CSF IPC souhaite qu’en 2025 l’État puisse s’engager à ses côtés dans la mise en œuvre du programme RENOBATI, et plus largement dans celle de sa feuille de route de R&D et d’Innovation, qui en cours de rédaction, mobilise plus de cinquante acteurs de la filière : industries, organismes de recherche, architectes, grandes entreprises de construction.
Ladite feuille de route vise à définir des priorités d’innovation, avec trois ambitions pour la filière : développer une industrie décarbonée à coûts maîtrisés, améliorer la performance énergétique et la résilience des bâtiments, réduire l’empreinte matière avec une conception frugale et en intégrant l’économie circulaire.
Le programme RENOBATI vise à massifier la rénovation globale et performante des bâtiments et structurer des filières de rénovation performante, par des stratégies d’agrégation territoriales de bâtiments à rénover, à travers la mobilisation de collectivités (intercommunalités) et l’appui des Régions, ainsi qu'un soutien à l’ingénierie des projets de rénovation et à la formation des acteurs professionnels.
Source : batirama.com / Laure Pophillat