Le syndicat Uniclima, rassemblant les fabricants de matériels de chauffage en France, a présenté jeudi 6 février 2025 les résultats catastrophiques de l’année 2024. Il ne prévoit pas de retournement de tendance en 2025.
Voici les résultats bruts du marché 2024 par rapport aux ventes en 2023 :
– baisse de 40,4 % pour les pompes à chaleur air/eau à 182 648 pièces ;
– Baisse de 23,8 % des pompes à chaleur géothermiques, qui à 2 679 pièces deviennent parfaitement anecdotiques ;
– Baisse de 23 % du solaire thermique ;
– Et de 45 % des chaudières biomasse à 9 230 pièces.
Seules les chaudières gaz et fioul croissent de 14,1 % à 445 000 pièces en 2024.
En climatisation, la baisse du marché est bien présente aussi, sauf pour les DRV (systèmes centralisés à débit de réfrigérant variable qui équipent hôtellerie, bureaux et hôpitaux) qui progressent d’un petit 0,9 % à 36 615 unités extérieures. Les pac air/air de moins de 17,5 kW chutent de 12,1 % à 8000 399 groupes extérieurs, les pac air/air des plus de 17,5 kW baissent seulement de 4,7 % à 4 097 pièces. Ces machines équipent plutôt les commerces.
En ce qui concerne la ventilation mécanique, la VMC simple-flux en collectif et tertiaire progresse de 2,1 % à 130 063 caissons, la VMC simple-flux en logement individuel progresse de 4 % à 926 666 pièces. Les solutions double-flux sont en baisse : - 14,6 % (16 967 caissons) ; et - 2,1 % (13 020 caissons) pour la VMC double-flux en collectif et tertiaire.
Uniclima est très prudent pour l’année 2025, mais envisage au mieux une stagnation du marché. Le syndicat rassemble 92 marques, 69 industriels ou groupes, 87 usines en France, 57 départements des R&D, 23 500 emplois directs, dont 12 500 en production et atteint collectivement un chiffre d’affaires de 8,8 Md€, dont 1,2 Md€ à l’exportation.
Le segment des pompes à chaleur de plus de 30 kW croît en rénovation en remplacement de chaudières en chaufferie et en chauffage collectif en construction neuve, mais demeure encore très faible. © Intuis
De multiples raisons expliquent cette baisse du marché
Selon Interclima, l’inflation, l’incertitude politique, la baisse des mises en chantier de logements neufs, la chute des rénovations ont fortement pesé sur le marché en 2024.
L’une des principales raisons du retournement de marché en 2024 a été le régime des aides publiques : modifié au 1er janvier, il s’est révélé catastrophique et, à la demande de toutes les organisations syndicales du bâtiment, CAPEB et FFB en tête, a été à nouveau modifié en mai 2024. Mais voilà, nous avions perdu six mois.
En ce qui concerne les chaudières biomasse, les aides ont baissé de 30 % en avril 2024, puis à nouveau de 32 % en janvier 2025 ; mais attendons pour en être certains de lire le barème MaPrimeRénov’ qui devrait être publié dans les semaines à venir.
De plus, la brutale et forte augmentation du prix des granulés de bois ont laissé un mauvais souvenir aux utilisateurs, même si ces prix sont revenus à la normale en 2023. Uniclima craint d’ailleurs des cessations d’activité chez les producteurs français de chaudières bois, car le syndicat estime que la baisse des ventes de chaudières bois devrait se poursuivre en 2025. Uniclima ne s’occupe pas des fabricants de poêles à bois qui adhèrent plutôt au SER (Syndicat des Énergies Renouvelables).
Uniclima a cependant détecté une amélioration de 3,4 % des ventes de radiateurs à eau chaude à 1 624 000 pièces, et souligne qu’un projet européen d’étiquetage énergétique devrait valoriser les radiateurs basse température. Même si les ventes de chaudières gaz et fioul – depuis des années, Interclima refuse de distinguer entre les chaudières gaz et les chaudières fioul, entre les chaudières murales et les chaudières au sol – ont augmenté en 2024, Interclima pense qu’il s’agit d’un rebond temporaire qui ne devrait pas renverser la tendance baissière observée depuis des années. Il estime d’ailleurs que les ventes de chaudières gaz et fioul baisseront à nouveau en 2025.
Les ventes de brûleurs gaz (30 900 pièces en 2024) et de brûleurs fioul (3200 pièces) ont augmenté passant de 25 200 pièces au total en 2023 à 34 100 pièces en 2024. Cela correspond à un effort de prolongation de vie des chaudières au sol installées. Interclima estime que les ventes "normales" de brûleurs devraient se stabiliser autour de 34 000 pièces dans les années à venir.
La baisse des aides pour les chaudières bois, plus les mouvements dans les règles de MaPrimeRénov’ sont en train de tuer le marché des chaudières bois en France et risquent de mettre les industriels français en grandes difficultés. © Ökofen
Les pompes à chaleur sont à la peine
La France va sans doute se classer à nouveau parmi les premiers marchés en Europe pour les pompes à chaleur, nous attendons les résultats européens mi-mars, mais le marché français a perdu 124 000 pac air/eau en 2024.
Dans le détail, les ventes de pac air/eau haute température ont baissé de 59 %. Ces machines servent avant tout au remplacement de chaudières fioul en maison individuelle et, comme on l’a vu, les chaudières fioul et gaz se sont relativement bien portées en 2024. Le prix de l’électricité relativement haut et le prix du fioul plutôt bas n’ont pas non plus poussé au remplacement des chaudières fioul.
Les pompes à chaleur monobloc extérieures ont baissé de 46,1 % à 41 123 pièces, tandis que les biblocs baissaient de 38,5 % à 141 525 pièces. Côté fluides, les pac air/eau sont encore à 21 % chargées en fluides dont le GWP est supérieur à 750 (R410A), à 73 % chargées de fluides à GWP compris entre 750 et 150 (le R32 dont le GWP est égal à 675). Les fluides à faible GWP (<150, soit le propane R290) apparaissent à 6 %. Les pac géothermiques baissent à 2 679 pièces, et dans cette débâcle, les pac géothermiques de plus de 20 kW, plutôt utilisées en tertiaire, se portent mieux. Enfin, les chauffe-eaux thermodynamiques marquent le pas avec une chute de 13,9 % à 152 314 pièces, après des années de croissance qui ont culminé à 176 970 pièces en 2023.
Les pompes à chaleur air/eau ont perdu 124 000 pièces en 2024. © Hitachi
La climatisation baisse un peu, mais demeure très présente
Les pompes à chaleur air/air de moins de 17,5 kW, autrement dit les climatiseurs réversibles, ont baissé de 12,1% en 2024, mais atteignent tout de 800 615 groupes extérieurs, contre 910 420 en 2023. Ces pac air/air réversibles restent très largement en tête des types de générateurs de chauffage vendus en France. Ce qui correspond tout de même à 1 263 429 unités intérieures. Interclima attribue la baisse de leur vente au fait que l’été 2024 n’a pas présenté de canicule majeure, ce qui a supprimé l’effet d’achat impulsif que l’on observait en France ces dernières années.
Des systèmes multisplits triple service (eau chaude sanitaire, chauffage et rafraîchissement) sont désormais proposés par plusieurs fabricants et pourraient relancer les ventes, notamment en construction neuve. Le R410A a quasi disparu au profit du R32. Le segment des pac air/air de plus de 17,5 kW, qui équipent surtout les commerces et le petit tertiaire, a baissé de seulement 4,7 % à 4 097 pièces.
Seul le segment des DRV qui équipe le grand tertiaire progresse très légèrement de 0,9 %. Ces systèmes affichent des puissances chauffage de 30 à 60 kW et des puissances froid de 31 à 52 kW. Seules 7 % des ventes sont au R32, le reste demeure au R410A. L’absence de solution à bas GWP < 150 pose un problème important. Le plus simple serait de revenir à l’eau glacée.
Même le marché du solaire thermique – qui constitue pourtant une excellente solution technique, à l'abri de l’augmentation des prix du gaz et de l’électricité – a baissé de 23 % en 2024. © PP
Source : batirama.com / Pascal Poggi