Après deux ans de crise, la FFB a présenté ce mardi des prévisions révisées à la hausse concernant l'activité du secteur en 2025 et entrevoit une éclaircie en début d'année grâce aux mesures prises par l'État.
Lors de la conférence de presse de la Fédération Française du Bâtiment de ce mardi 11 mars 2025, titrée "Enfin une éclaircie", l'espoir, pour Olivier Salleron, était donc permis : "Cette éclaircie pourrait amener un ciel encore plus bleu."
Lors de sa présentation de ses prévisions 2025 en fin d’année 2024, la FFB avait indiqué que l’exercice restait provisoire, alors que le gouvernement Barnier venait d’être censuré sur son projet de loi de finances. Depuis, une loi de finances a été votée et s’avère plutôt favorable pour les marchés du logement. La FFB révise donc sa prévision 2025 : elle prévoyait une baisse de l'activité du bâtiment de 5,6%, alors que désormais elle n'envisage plus qu'un repli de 2,6 % de l'activité.
La conférence de presse de la Fédération Française du Bâtiment de ce mardi 11 mars 2025. © Pascal Poggi
Les quatre mesures du budget 2025 espérées et défendues par la FFB
De fait, le budget 2025 comprend quatre mesures espérées et défendues par la FFB :
– le retour à un PTZ neuf partout (y compris en zones B2, C) et pour tous les types de logements (y compris l’individuel) jusqu’à fin 2027 ;
– L'exonération des droits de donation/succession jusqu’à 300 000 euros par bénéficiaire, dès lors que ces fonds viennent financer une résidence principale neuve ou une rénovation énergétique, mesure qui s’étend jusqu’à fin 2026 ;
– La baisse de RLS (Réduction de Loyer de Solidarité) qui réattribue 200 millions d’euros aux opérateurs HLM pour investir ;
– et, enfin, la préservation du budget MaPrimeRénov’, avec 2,3 milliards d’euros d’engagement possible, soit à niveau des consommations effectives de 2024.
Il faut ajouter à cette éclaircie la révision des chiffres officiels de mises en chantier de logements sur 2023 et 2024, soit 40 000 unités de plus, la rapide matérialisation en chantiers du plan Action Logement-CDC Habitat, ainsi que l’amélioration qui se poursuit sur le marché du crédit.
Logement neuf : la reprise des ventes
Tout ce qui vient d'être énoncé explique la reprise des ventes.
Les constructeurs de maisons individuelles la constatent déjà, avec près de + 30 % en glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2025 ; elle s’amorce chez les promoteurs, avec + 6,6 % pour les ventes au détail du quatrième trimestre 2024 par rapport au même trimestre de 2023.
En supposant de premiers effets significatifs à l’automne pour les mesures de la loi de finances, la FFB retient un recul de l’activité en logement neuf limité à - 5,4 % en volume sur 2025, après - 19,1 % en 2024. De plus, compte tenu du redressement attendu des mises en chantier, qui passeraient un peu au-dessus de 300 000 unités en 2025, la production pourrait se redresser en 2026. © FFB
Non résidentiel neuf : l'horizon se dégage "modérement"
Le vote de la loi de finances lève en partie l’attentisme des donneurs d’ordre en non résidentiel, mais l’incertitude géopolitique perdurant, l’horizon ne se dégage que modérément sur l’investissement en locaux professionnels. Les surfaces autorisées ressortiront quasi-stables en 2025 et les surfaces commencées afficheront une baisse limitée de 2 %. Compte tenu des délais de production comme de la chute continue des ouvertures de chantier sur les deux dernières années, il est à noter un recul accéléré de l’activité en non résidentiel neuf, à - 8,4 % en volume en 2025.
Temps dégradé sur l’amélioration-entretien
La seule dégradation par rapport à l’exercice de décembre 2024 concerne l’amélioration-entretien. De fait, comme la plupart des observateurs, la FFB n’avait pas anticipé l’impact de la censure sur la distribution de MaPrimeRénov’ : malgré des barèmes quasiment inchangés, les primes n’ont pu commencer à être accordées avant le vote de la loi de finances.
Alors que la rénovation du non résidentiel se tassera par ailleurs, l’activité en amélioration-entretien s’inscrira en modeste hausse de 0,6 %. © FFB
Appareil de production : rattrapage de productivité nécessaire
L'activité du bâtiment aurait ainsi reculé de 5,5 % en 2024, contre - 6,6 % indiqué précédemment par la FFB, ce qui "explique peut-être pourquoi les chiffres de l'emploi ne se sont pas écroulés en 2024", a estimé Olivier Salleron, président de la FFB, qui évalue à 30 000 le nombre de postes supprimés dans le bâtiment l'année dernière. © Pascal Poggi
Malgré l’horizon 2026 qui s’éclaircit, il est à constater une accélération des pertes d’emplois, alors que l’activité continue de se replier. Le scénario FFB table donc désormais sur un recul d’environ 4 % en 2025, soit 50 000 postes de moins en moyenne annuelle, un chiffre toutefois révisé à la baisse par rapport aux 100 000 suppressions d'emplois prévues en décembre, en l'absence de PLF.
Quant aux défaillances d'entreprises, elles ont connu une "progression pratiquement historique", selon Olivier Salleron, chez les entreprises de moins de 10 salariés : + 26 % chez les auto-entrepreneurs, + 23 % chez les entreprises de 1 à 5 salariés et + 19 % chez les entreprises de 6 à 9 salariés. La hausse des défaillances est de 55 % chez les entreprises de 50 salariés et plus, ce qui "va coûter beaucoup en termes d'emploi", prévient le président de la FFB. © FFB
Un objectif : sortir au plus vite de la crise
Pour "limiter la casse", la FFB privilégie trois types d’action.
Accélérer la mise en place des mesures de la loi de finances
Premièrement, accélérer la mise en place des mesures de la loi de finances. Cela vaut notamment pour le PTZ, dont la distribution est prévue "à compter du 1er avril". Il faudra s’assurer que tel est bien le cas. Cela vaut aussi pour MaPrimeRénov’, dont les octrois reprennent pour les ménages intermédiaires et au-delà, mais qui dépendent encore de votes
des Comités régionaux de l’habitat et de l’hébergement (CRHH) pour les ménages modestes et très modestes, comme pour les copropriétés.
Baisser la franchise de TVA à 25 000 euros
Deuxièmement, il faut s’assurer que rien n’entrave l’amélioration en cours. Cela passe notamment par l’abaissement immédiat de la franchise de TVA à 25 000 euros pour les
micro-entrepreneurs du bâtiment, comme le prévoit la loi de finances votée, afin d’éviter qu’une concurrence déloyale vienne capter les marchés au détriment des artisans.
Cela passe également par un important travail de simplification : la suppression de l’attestation pour la TVA réduite constitue une première avancée, mais il convient de travailler
aussi sur la marche 2028 de la RE2020, le ZAN, la REP, mais aussi sur la CSRD au plan européen.
Booster la reprise
Troisièmement, et dans l'optique d’amplifier la reprise, il importe d’avancer sans tarder sur le statut du bailleur privé et sur la stratégie européenne pour le logement "abordable", raison pour laquelle le comité exécutif de la FFB s’est d’ailleurs déplacé à Bruxelles début mars.
Pour Olivier Salleron, il est urgent que les Français puissent plus facilement investir dans la pierre.
En conclusion, "la courbe de la décroissance est infléchie", s'est réjoui Olivier Salleron (et nous avec), rendant la FFB, et toute la filière BTP, "optimiste pour la suite". Toutefois, il faut prudence garder, car le bâtiment mettra du temps à repartir après la crise.
Source : batirama.com / Laure Pophillat