La REP PMCB s’applique sur les chantiers de bâtiment depuis mi-2023 et des entreprises de récupération de déchets se sont impliquées dans cette nouvelle organisation. C'est le cas de l’entreprise centenaire Passenaud.
La responsabilité élargie du producteur s’applique sur les chantiers de bâtiment depuis maintenant mi-2023 et des entreprises de récupération de déchets se sont impliquées dans cette nouvelle organisation. Sur le grand nord-ouest de la France, l’entreprise centenaire Passenaud s’organise techniquement et commercialement.
L’entreprise Passenaud, spécialiste de la récupération de déchets dans le grand nord-ouest, a investi sur son site de Notre-Dame d’Oé pour répondre aux prescriptions des éco-organismes chargés de produits et matériaux de la construction et des bâtiments. © Bernard Reinteau
L'entreprise Passenaud ou le tri des déchets à la source
Alors que la filière REP PMCB – la responsabilité élargie des producteurs applicable aux produits et matériaux de la construction et des bâtiments qui institue l’application du principe pollueur-payeur dans ce secteur – connaît un important moment de crise, de leur côté, des entreprises spécialisées dans le traitement des déchets s’animent pour répondre aux obligations produites par la loi AGEC (anti-gaspillage et économie circulaire) de février 2020 qui porte ces changements.
Exemple avec l’entreprise Passenaud qui se déploie dans le grand nord-ouest de la France depuis son site historique de Champagné, près du Mans (Sarthe). Ses quatorze implantations sont disposées entre le nord de l’Eure et le sud du Maine-et-Loire, de l’Ille-et-Vilaine au Loire et Cher. Elles traitent annuellement 150 000 t de déchets industriels banals (DIB), et son savoir-faire s’étend de la dépollution des véhicules usagers au tri des papiers, cartons, plastiques… L’entreprise est expérimentée et pratique le tri des déchets à la source chez ses différents clients depuis le milieu des années 2000.
Bois, plastiques, papiers ou métaux sont séparés, certains mis en balles avant d’être renvoyés dans les différentes filières pour produire des "matières premières issues de recyclage". Pour Aurélie Darras, responsable Qualité, Sécurité et Environnement chez Passeraud, "ces pratiques s’étendent à tous types de déchets, même aux produits dangereux tels que les peintures, solvants ou aérosols." Destination : centres d’incinération ou cimenteries.
Aurélie Darras, responsable Qualité Sécurité et Environnement, et Emmanuel Marie, responsable Logistique chez Passenaud ; Guillaume Delgado, Dirigeant, et Anthony Cordier, resposable Environnement chez Garcia Frères. © Bernard Reinteau
Produits de la construction : un investissement spécifique
Un démarrage compliqué
Cette société familiale centenaire issue du traitement des ferrailles donne l’exemple de sa démarche vers le bâtiment sur le site de Notre-Dame d’Oé, près de Tours (37). Comme tous les acteurs de son secteur, Passenaud a été approchée par les éco-organismes retenus pour gérer les gisements ; elle-même a répondu aux appels d’offres lancés par eux. Depuis mi-2024, elle travaille avec :
– Valobat,
– Ecominero,
– et Valdelia.
Signe d’un démarrage compliqué, au cours des neufs premiers mois, seuls 550 t de déchets du bâtiment, sur un total repris de 20 000 t, répondaient aux cahiers des charges des éco-organismes. Cependant, reconnaît Aurélie Darras, l’application de la REP PMCB a demandé de revoir les méthodes et de communiquer différemment avec ses clients et partenaires. La démarche commence par une offre logistique spécifique que les commerciaux de l’entreprise vont présenter aux nouveaux clients.
Assurer le tri à la source
Sur toute sa zone de chalandise du grand quart nord-ouest, Passenaud met 12 000 bennes de 7 à 30 m3 à disposition des entreprises du bâtiment : l’objectif est d’augmenter leur nombre sur les chantiers pour assurer un tri à la source entre les inertes classiques (béton, briques, pierre…) et les fractions telles que les laines minérales ou le plâtre, destinés à retourner dans les filières industrielles.
Par ailleurs, un travail a été mené avec le fournisseur de bennes Thiévin pour mettre au point de petits conteneurs compacts à réunir dans une mini-déchetterie de chantier, de la taille d’une remorque au gabarit routier et d’une capacité totale d’environ 30 m3. Une dizaine de modèles, à 30 000 € l’unité, ont été livrés. L’entreprise s’est aussi munie de nouvelles bennes de 11 m3 à toit ouvrant de type "papillon" adaptés à la protection des isolants minéraux contre la pluie (humides, ces déchets ne sont plus repris gratuitement), ainsi que de bennes de 7 m3 grutables. Passenaud dispose de 80 modèles de ce dernier type sur son site tourangeau. Ce matériel est reconnu pratique et facile à déposer au plus près du besoin sur chantier, tout autant que rapides à reprendre pour les expédier. Même traitement pour les menuiseries qui, pour être reprises selon les termes des contrats des éco-organismes, doivent être sur des chevalets spécifiques et… sans dégradations.
Passenaud s’est équipé d’un premier lot de dix mini-déchetteries de chantier pour tri sélectif sur châssis au gabarit routier, un matériel produit par Thiévin. © Bernard Reinteau
Une gestion des déchets de chantier collaborative
Pour Passenaud, même si les casiers du site de Notre-Dame d’Oé ont été réaménagés pour recevoir des déchets de chantiers, l’idée n’est pas de les reprendre tous. Dans la cadre du contrat avec Valobat, la gestion de la plus grande partie des inertes est traitée avec l’entreprise de travaux publics Garcia Frères, basée à la Ville-aux-Dames. Elle y dispose d’installations de concassage, de tri des matériaux et de recyclage de la pierre et des métaux.
L’organisation des espaces du site de Notre-Dame d’Oé a été revue pour stocker les déchets de chantier. © Bernard Reinteau
Inversement, pour toucher plus simplement les artisans, des relations ont été nouées avec quatre sites de négoces de matériaux de l’agglomération de Tours pour y installer des bennes adaptées au tri.
Passenaud met à disposition des bennes grutables, bien adaptées à la récupération des déchets au plus près des zones de travaux sur chantier. © Bernard Reinteau
Une organisation à expliquer
Très ambitieuse et visiblement formalisée hâtivement, cette nouvelle réglementation a très vite été remarquée par la légèreté de sa préparation. Exemple : la gratuité du service très tôt vantée a été revue. Et Passenaud se dit quelque peu épuisée de devoir reprendre l’explication de son fonctionnement. "Il faut expliquer que la collecte et le traitement sont gratuits", souligne Aurélie Darras. "Mais la location de bennes et leur transport sont à la charge des entreprises du chantier. Et plus précisément, la gratuité du service tient au respect de la qualité du tri sur chantier de toutes les catégories de déchets réglementairement désignées. De plus, les produits récupérés ne doivent pas être dégradés, au risque de perdre le bénéfice de la gratuité."
En outre, la gestion administrative se révèle lourde : il faut, pour chaque enlèvement, renseigner les poids, date de reprise, joindre les tickets de pesée… Chez Passenaud, la PMCB a aussi demandé le renforcement des équipes.
Les déchets triés sont compactés en balles pour être réexpédiés chez les industriels comme matière première issue de recyclage. © Bernard Reinteau
Source : batirama.com / Bernard Reinteau / © Bernard Reinteau