Prisés des réalisateurs de clips et films pour son architecture rétro-futuriste, les Espaces d'Abraxas de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) ont lancé les travaux de réhabilitation de cette cité iconique mais dégradée.
Prisés des réalisateurs de clips (Médine, par exemple) et films ("Hunger Games", notamment) pour son architecture rétro-futuriste, les Espaces d'Abraxas de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), cité emblématique mais dégradée, sont enfin entrés dans la phase travaux de réhabilitation.
Le côté grandiose de cet espace a beaucoup inspiré le réalisateur d'Hunger Games, "La révolte", Francis Lawrence ; mais également Terry Gilliam pour son film "Brazil" ; ou encore le groupe français de musique électronique Carbon Airways pour son clip "Break the silence". © Matgrt / Wikipédia
Un ensemble post post-moderniste signé de l'architecte catalan Ricardo Bofill
Inauguré en 1983, ce fascinant ensemble post-moderniste signé de l'architecte catalan Ricardo Bofill a connu en quarante ans l'engrenage de paupérisation et disparition de mixité sociale caractéristique des quartiers sensibles, de même qu'une nette dégradation de son bâti.
Après plusieurs années de concertation, le bailleur CDC Habitat a lancé le chantier de rénovation du Palacio, le principal bâtiment des Abraxas, un bunker de 18 étages et 440 appartements, des logements sociaux pour les trois quarts.
"On va pouvoir bénéficier d'un logement sain, agréable, dans un immeuble d'architecture remarquable. Il y a eu des projets de démolition de cet espace alors qu'il est aujourd'hui visité par le monde entier, c'était quand même dommage", a déclaré Pascal Laguilly, adjoint à la maire LR Brigitte Marsigny. © Arthur Weidmann / Wikipédia
À l'origine, l’architecte Ricardo Bofill, dont on reconnaît la signature, avaient pensé les Abraxas en rupture avec les barres HLM déshumanisées, en imaginant des bâtiments populaires qui ne soient pas nécessairement moches : de fait, l’architecture post-moderniste du lieu reprend en béton préfabriqué des éléments du néo-classicisme du XVIIIe siècle (colonnes doriques, pilastres, etc.).
On retrouve cette architecture caractéristique de Ricardo Bofill à Antigone, le fameux quartier de Montpellier. © Paul-louis Ferrandez / Wikipédia
La cité est constituée de trois bâtiments autour d’une place, qui matérialisent presque exactement la répartition des 600 appartements :
– deux tiers en logement social, avec le Palacio, massif bunker de 18 étages où l’on passe d’une cage d’ascenseur à l’autre par un labyrinthe de coursives et passerelles extérieures ;
– un tiers en propriété privée, avec l’Arche, un arc de triomphe aménagé en appartements et la structure en demi-cercle du Théâtre.
Le théâtre des Abraxas. Au pied du Palacio, les locaux où Ricardo Bofill imaginait des commerces sont à l’abandon et condamnés afin d'éviter les squats. Les bailleurs ayant réduit les coûts, tout s'est lentement dégradé, laissant le terrain aux trafics. © Lucasdcrk / Wikipédia
L'Alcatraz de Seine-Saint-Denis
Jugeant que les Abraxas avaient atteint un point de non-retour en termes de ghettoïsation et d'insécurité, l'ancienne majorité socialiste de Noisy-le-Grand souhaitait raser cet ensemble déliquescent parfois surnommé "Alcatraz", car, visibles à des kilomètres à la ronde, il présente l’aspect d’une forteresse dont il serait difficle, voire impossible, de s'évader. Aux élections municipales de 2015, la droite locale avait emporté la ville de quelques dizaines de voix, notamment en mobilisant les habitants du Palacio sur la promesse d'une réhabilitation profonde des Abraxas.
Depuis 2015, des initiatives de réhabilitation de la cité sont portées par la municipalité de Noisy-le-Grand, d'autant plus que cet "Alcatraz" est désormais devenu l'un des bâtiments les plus instagrammables d'Île-de-France.
Désormais, la politique est de mettre en valeur l'espace, avec, notamment, un city-stade et un parc pour enfants, des événements festifs, un centre socio-culturel,etc. À cette liste non exhaustive ne manque donc plus qu'une réhabilitation.
Les Espaces d'Abraxas vu sdu ciel. Ces vues aériennes ont été réalisées par "Houari Abdel Ryan & B.B" pour ATRAPPES-PROD et ATPCOM & CONSEIL. © Vidéo YouTube
Un chantier à 16 millions d'euros
D'un coût total de 16 millions d'euros, le chantier rafraîchira toutes les façades, mettra aux normes les installations de plomberie et de ventilation et remplacera les ascenseurs souvent en panne. L'isolation thermique sera également améliorée dans la mesure où l'apparence architecturale restera inchangée.
"Ce projet est aussi un engagement fort en faveur du redressement de copropriétés en difficulté, de la mixité sociale et de la valorisation du patrimoine", a estimé Aude Debreil, la présidente du directoire de Grand Paris Habitat.
L'achèvement des travaux est prévu en 2027.
Source : batirama.com / Laure Pophillat / © RTBA