Qu'est-ce qu'une maison intelligente et à quoi sert cette intelligence? La question est loin d'être tranchée. Plusieurs visions sont proposées à Light+Building2014.
A Light + Building 2014, plusieurs visions de la maison intelligente sont exposées, depuis la raisonnable accessible tout de suite – Haus der Zukunft de Stiebel Eltron - à la plus expérimentale très futuriste– e-Haus du ZVEH -, en passant par les offres d'automation des logements comme free@home d'ABB Busch-Jaeger. Leur but commun est d'économiser l'énergie, d'augmenter le confort et de prendre en charge de nouvelles fonctionnalités.
Toutes ces propositions s'accordent sur plusieurs éléments synthétiques. Tout d'abord, une maison intelligente produit de l'énergie, pas nécessairement plus qu'elle n'en consomme, mais par divers moyens techniques. En plus, elle stocke une partie de l'énergie qu'elle produit.
La maison intelligente produit de l'énergie
Toutes les présentations mettent en scène au minimum une installation photovoltaïque, complétée par une ou plusieurs mini-éoliennes. Dans l'univers domestique, en tout cas, la micro-cogénération est nettement en retrait. L'idée est de faire du consommateur final un véritable acteur du paysage énergétique.
Il produit, stocke, autoconsomme, vend, achète selon ses moyens, ses besoins, les tarifs de l'énergie à chaque moment et la demande du réseau. En France, la réglementation ne permet pas encore une interaction aussi poussée entre le consommateur final et le réseau de distribution.
Pour l'instant, le système SmartGrid, offre au distributeur d'électricité la possibilité de commander à distance l'effacement d'une partie de la puissance appelée par ses abonnés dans une zone donnée, de manière souveraine et unilatérale.
En Allemagne, comme le prix de l'électricité est plus élevé et que la réglementation est plus généreuse avec le consommateur, ses possibilités d'action sont plus étendues. Après avoir produit son énergie, le consommateur la stocke.
La maison intelligente autoconsomme et stocke de l'énergie
Trois propositions de stockage sont présentées à Light + Building. La première, notamment mise en avant par Stiebel Eltron à travers sont offre Haus der Zukunft (maison du futur) tient compte du fait que le stockage de l'électricité en batteries demeure extrêmement coûteux et propose de stocker l'énergie sous forme d'Eau Chaude Sanitaire (ECS).
Dans la vision de Stiebel Eltron, des panneaux photovoltaïques produisent de l'électricité, auto-consommé par ses machines « 4-en-1 » LWZ 304, LWZ 404 ou LWZ504. Ce sont des appareils thermodynamiques capables de produire de l'ECS, de chauffer la maison, de la rafraîchir et de la ventiler grâce à un module double-flux avec récupération de chaleur incorporé.
Si la maison n'a pas de besoin d'énergie, mais que l'installation photovoltaïque produit encore, Stiebel Eltron, transforme le courant en chaleur et la stocke dans le ballon d'ECS. La température de consigne du ballon d'ECS est fixée à 55°C par défaut. Si elle est atteinte, la régulation de la machine y déroge et la porte progressivement à 60, puis 65°C, afin de stocker davantage de chaleur.
La seconde solution de stockage d'électricité fait appel à des batteries. Elle est défendue à Light + Building par au moins une vingtaine d'exposants. Pour l'instant, retenons seulement que des offres commerciales de stockage d'électricité en batteries, destinées à la maison individuelle, sont disponibles sur le marché allemand. Elles stockent entre 1,5 et 12 kWh, environ.
La maison intelligente gère les véhicules électriques
La troisième solution de stockage est une variante de la seconde : la maison intelligente considère les véhicules électriques comme des stockages ambulants. Grâce à sa production d'électricité, elle assure leur recharge. Mais, en cas de besoin, elle peut leur demander de restituer une partie de l'énergie stockée dans leurs batteries.
A Light + Building, même Legrand propose une solution de recharge des véhicules électriques. Sa gamme Green'Up en acier inoxydable propose des solutions de charge en mode 2 et 3 qui atteignent une puissance de 22 kW en triphasé.
La maison intelligente sait ce qu'elle consomme
Toutes les maisons intelligentes présentées sont bardées de compteurs liaisonnés, c'est à dire raccordés à une intelligence centralisée qui analyse leurs données. Le but est de connaître le détail des consommations d'électricité pour agir plus efficacement si des dérives apparaissent sur un poste de consommation ou un autre.
Corollaire du comptage, les prises électriques des maisons intelligentes sont commandables à distance par radio HF, parfois en protocole Zigbee, mais la e-Haus du ZVEH utilise pour cela le protocole KNX en version radio.
Le fabricant allemand OKW Gehäuse Systeme propose toutes sortes d'appareils double fonction : prise électrique ou interrupteur + compteur liaisonné. Ils transfèrent leurs informations à l'automate de la maison par KNX sur courant porteur.
D'une manière générale, les diverses propositions de maisons intelligentes allemandes sont standardisées autour de l'infrastructure de communication KNX : sur paire torsadée, sur courant porteur, en radio HF ou bien sur TCP/IP.
La maison intelligente est connectée à internet
D'une manière générale, en effet, toutes les maisons intelligentes présentées sont connectées à Internet et possèdent un réseau en TCP/IP à l'intérieur. Leur connexion à internet permet plusieurs services.
Tout d'abord, si les clients l'acceptent, leurs consommations viennent nourrir anonymement une base de données. Cette base de données sert à construire des indicateurs de consommation. Comment savoir en effet si la consommation d'une maison précise est faible, dans la moyenne ou trop élevée ? Le seul moyen consiste à la comparer à des consommations de maisons similaires.
Dans ce salon, une bonne vingtaine d'entreprises proposent des services de ce genre. Ils accumulent les données de consommation détaillées, les corrigent en fonction des données météo de chaque maison pour obtenir des consommations moyennes comparables à travers le pays.
Second service, la connexion internet permet d'anticiper la météo à venir et donc d'agir à temps pour éviter une surchauffe ou une remontée en température trop lente. La plupart des offres de pilotage de la température, celle de Busch-Jaeger, par exemple, sont en effet dotées de fonctions d'auto-apprentissage, liées à internet.
Connexion à la station météo
Grâce à sa connexion à la station météo la plus proche, la maison connaît la température extérieure l'ensoleillement, la force et la direction du vent, etc. L'intelligence de son automate compare ces données avec les réactions de la maison.
Ce qui lui permet de gérer l'inertie thermique de la maison, d'évaluer l'étanchéité à l'air de ses différentes façades, etc. Lorsque l'automate a bien compris les réactions de la maison, il est capable de la piloter par anticipation grâce aux prévisions météo auxquelles il se connecte heure par heure. Il évite ainsi les surconsommations d'énergie et l'inconfort.
Enfin, la connexion à internet, toujours si le client l'accepte, autorise les installateurs à récupérer des alarmes, des historiques de fonctionnement de tous les appareils connectés – depuis la machine 4-en-1 jusqu'au réfrigérateur - et soit d'intervenir rapidement en cas de panne, soit de réaliser une maintenance préventive pour éviter une panne prévisible.
Les
fonctions
étendues de
la
maison
intelligente
La consommation, la production et la gestion de l'énergie, le confort thermique, la maintenance ne sont pas les seules fonctions prises en charge par l'intelligence de la maison. La plupart des offres présentées à Light + Building comportent aussi la gestion de la musique et de la vidéo dans la maison, leur distribution dans toutes les pièces.
La e-Haus du ZVEH comporte par exemple un miroir de salle de bains avec un téléviseur incorporé en partie basse : on peut se raser, se maquiller en regardant le dernier épisode d'un feuilleton en streaming en même temps.
La sécurité est également prise en compte : sécurité anti-intrusion, anti-incendie, anti-fuite d'eau ou de gaz, avec transfert d'alarme à différents prestataires. Sécurité anti-chute pour personnes âgées : un détecteur de mouvement déclenche une alarme si une personne reste au sol sans bouger.
De nouveaux services se profilent, comme les analyses médicales de base auto-administrables grâce à des sondes connectées. L'ensemble de ces installations a un coût. La rentabilité doit être envisagée en fonction de toutes les économies réalisées : économies d'énergie, mais aussi économies de déplacement, réduction des frais médicaux, etc.
Légende : La maison intelligente produit de l'énergie. A Light + Building 2014, les microéoliennes sont partout en évidence. La e-Haus du ZVEH en comporte une. Doc. PP
Source : batirama.com / Pascal Poggi