Les solutions de communication sans fil sont universellement mises en avant par les industriels de l'éclairage et par les spécialistes de la GTB.
Le terme Funk ne renvoie ni à James Brown, ni à Prince, sur le salon Light + Building. En allemand, Funk veut dire communication sans fil. Parmi les nouveaux produits présentés au salon Light + Building 2014, c'est le moyen le plus utilisé pour le pilotage et le contrôle de toutes les fonctions techniques du bâtiment, en neuf, comme en rénovation.
Plus précisément, trois protocoles de communication sans fil dominent nettement : Zigbee KNX RF et enOcean. Un quatrième, Z-Wave, très important en Amérique du Nord, n'a ici qu'une présence anecdotique depuis des années et ne se développe pas.
Cherry, cinquième protocole de communication sans fil et tout nouveau venu, se pose en concurrent de enOcean et faisait à Light + Bulding sa première apparition mondiale. Un certain nombre de constructeurs, dont Somfy, ont développé leur propre solution radio et la promeuvent aux côtés des protocoles dits ouverts.
Protocole ouvert ou propriétaire ?
Un protocole de communication, rappelons-le, est comme un langage. Il possède un vocabulaire, une syntaxe, une grammaire. Il est utilisé de diverses manières : par écrit, oralement, par signes visuels, etc. Si l'on veut passer d'un protocole à un autre, comme pour passer d'un langage à un autre, il faut un dictionnaire et un traducteur.
Dans le cas des protocoles de communication utilisés dans le bâtiment, les appareils spécialisés dans les traductions sont appelés passerelles ou gateways. Un protocole est dit ouvert, par opposition à un protocole propriétaire, s'il est utilisable par n'importe quel fabricant qui a adhéré à l'association qui promeut ledit protocole et assure son développement technique.
La plupart des protocoles ouverts sont des normes internationales publiées : n'importe qui peut les utiliser, s'il se donne la peine de programmer à partir de la norme publiée. Comme les langages, un même protocole de communication peut être utilisé avec différents supports physiques : en radio sans fil, sur une paire torsadée, sur un câble Ethernet (IP), sur une fibre optique, etc.
KNXRF, la déclinaison sans fil du protocoleKNX
Parmi les trois protocoles sans fil largement mis en avant à Light + Building, seul KNX est multisupports. Sa déclinaison sans fil est baptisée KNX RF pour Radio Fréquence. Les appareils qui l'utilisent – des compteurs, des régulateurs, etc. – sont désormais configurables par le logiciel informatique ETS, commercialisé par l'association KNX. Et peuvent donc être déployés facilement dans de grands projets.
Configurer des appareils, cela signifie créer des liens logiques entre tel contrôleur et tel ventilo-convecteur, tel pilote et tel luminaire, etc. Dans une maison individuelle, cela peut se faire à la main, appareil par appareil. Mais dans un grand bâtiment tertiaire avec des centaines ou des milliers de contrôleurs KNX, il faut un moyen plus rapide et plus fiable : c'est le logiciel ETS.
La popularité croissante de KNX RF tient beaucoup au fait que Hager l'utilise largement, notamment pour sa nouvelle gamme de compteurs divisionnaires, ainsi que pour ses nouvelles prises électriques télécommandées. Sur le stand Hager à Light + Building, une importante évolution de l'entreprise a été mise en évidence.
Hager, entreprise familiale, a acheté Berker – spécialiste allemand des ultra-terminaux (interrupteurs, prises, ….) et de la domotique – et Elcom, concepteur et fabricant de portiers sonores et vidéo haut de gamme. En Allemagne, les forces de vente sont déjà devenues communes. En France, une partie des solutions Berker, à l'esthétique incomparable, sera peu à peu introduite sur le marché.
Zigbee a le vent en poupe
Zigbee, le second protocole sans fil très en présent à Light & Building, a récemment bénéficié de plusieurs coups de pouce importants. Tout d'abord, l'association internationale Connected Lighting Alliance (http://www.theconnectedlightingalliance.org/home/), créée il y a seulement deux ans par les grands industriels mondiaux de l'éclairage, a sélectionné Zigbee en juin 2013, comme moyen universel de communication dans l'univers de l'éclairage domestique.
L'Alliance devrait indiquer fin 2014 ou début 2015, quel protocole sera retenu pour standardiser les communications dans le monde de l'éclairage tertiaire. Ensuite, plusieurs fabricants mondiaux ont adopté Zigbee pour la communication entre appareils dans le cadre de leurs offres de "Maison intelligente".
La solution Pluzzy de Toshiba repose sur Zigbee et l'entreprise montre à Light + Building de nouveaux appareils connectés pour enrichir les possibilités de pilotage dans la maison. Une tête pour robinet thermostatique pilotée par Zigbee sera commercialisée en Europe dés le mois de Mai. Elle sera disponible avec différents diamètres de bagues pour s'adapter à la totalité des corps de robinets de chauffage du marché.
Durant l'été ou à l'automne, Toshiba commercialisera un thermostat pour le pilotage du chauffage, un thermostat avec relais déporté pour commander des chaudières en tout ou rien par contact sec,ainsi qu'une entrée fil pilote pour la commande de radiateurs électriques. Tout ça accessible sans fil par Zigbee.
Wiser de Schneideer Electric soudain enrichi
Présenté en décembre 2013, Wiser, la solution de maison intelligente de Schneider Electric reposant aussi sur Zigbee, montrait quelques limites quant aux possibilités de pilotage du chauffage. Depuis, Schneider Electric a finalisé l'acquisition d'Invensys.
A l'intérieur d'Invensys, se trouve Eberlé, une entreprise réputée de longue date pour concevoir de bonnes solutions de régulation de chauffage à des prix compétitifs. Eberlé avait dans sa besace tout un ensemble de composants de régulation utilisant Zigbee. Il leur a fallu seulement quinze jours pour les adapter au Wiser de Schneider Electric.
A Light + Building, Eberle présente donc un Wiser survitaminé avec des possibilités de commande de chauffage – chaudières en tout ou rien ou en variation de puissance, pompes à chaleur chauffage seul et réversibles, y compris les modèles à inverter… – de production d'ECS, y compris la commande de chauffe-eau solaires, et de ventilation inégalées.
Wiser vient de passer d'un seul coup de challenger un peu à la traîne au rôle de leader possédant une forte avance. Il ne reste plus qu'à espérer que Schneider Electric voudra bien commercialiser cette offre Eberlé en France aussi vite que possible.
enOcean, sans filet sans pile
Troisième protocole sans fil très présent à Light + Building, enOcean est très différent des autres. Il permet la "récolte d'énergie". Cela signifie que les commandes enOcean ne sont pas alimentées en électricité : ni fil, ni pile. Elles se chargent elles-mêmes de récolter l'énergie dont elles ont besoin pour envoyer un signal radio à un récepteur enOcean, qui lui doit être alimenté.
Trois moyens techniques de récolte d'énergie sont disponibles : le mouvement (abaisser une poignée de fenêtre, appuyer sur un interrupteur, par exemple), le transfert de chaleur converti en électricité grâce à l'effet Peltier (utilisé pour l'alimentation de têtes thermostatiques de robinets de radiateurs), de petites cellules photovoltaïques de 35 x 12,8 x 1,1 mm ou de 50 x 20 x 1,1 mm.
Sur le salon, pas moins de quatre fabricants ont exposé des têtes de robinets thermostatiques sans pile, ni alimentation électrique, pouvant être programmées et pilotées à distance par radio en utilisant le protocole enOcean.
Il s’agit de la tête iTRV de Microplelt, le système WiCal de Caleffi (des têtes thermostatiques avec indication de la température ambiante, commandées par radio depuis un contrôleur centralisé avec écran tactile, capable de gérer 8 zones différentes et jusqu'à 32 radiateurs), la tête thermostatique de Hora (sans lien avec le français du même nom) et la solution tête thermostatiques + programmateur centralisé de Kieback&Peter.
Permundo a présenté des prises électriques télécommandées par radio en enOcean et embarquant un compteur d'énergie. L'interrupteur de la prise est ouvert ou fermé à distance par enOcean. A intervalle programmable, son compteur d'énergie communique les consommations d'électricité enregistrées à un récepteur enOcean. C'est un moyen simple et peu coûteux de respecter l'obligation de comptage et d'affichage des consommations par énergie et par usage, posée par la RT2012 en logements et en tertiaire neuf.
La solution enOcean universelle de UbiWizz
De son côté, UbiWizz, une entreprise française, a profité de Light + Building 2012 pour introduire toute une gamme de solutions enOcean. Grâce à ses gammes d'actionneurs, de capteurs, de transmetteurs et d'outils, UbiWizz (www.ubiwizz.com) assure déjà la commande et le contrôle de l'éclairage (y compris la variation), des ouvrants, des protections solaires, de la ventilation, des alarmes d'intrusion.
S’y ajoutent la détection de fuite d'eau et de gaz, de fumée, d'indices de qualité de l'air intérieur (humidité relative, CO2), du chauffage électrique, des chaudières et pompes à chaleur, de la production d'ECS, des ventiloconvecteurs et des unités intérieures de climatiseurs splits.
La commande des splits est réalisée de manière particulièrement astucieuse. Un récepteur enOcean est placé dans l'unité intérieure. Il reçoit les ordres d'une télécommande enOcean et les reproduit en commandes infrarouges standards, utilisées par tous les fabricants de splits dans le monde. C'est une solution universelle et simple à la fois.
Source : batirama.com / Pascal Poggi
Les solutions en images
Hager est l'un des principaux utilisateurs du protocole KNX RF sans fil. Il le met notamment à profit pour permettre une relève à distance avec sa nouvelle gamme de compteurs électriques communicants. Doc. PP
La nouvelle offre Hue de Philips qui permet l'allumage, l'extinction, la variation et le changement de couleur à partir de sources lumineuses Hue fait appel à la fois à Zigbee pour une communication de lampe à lampe et à enOcean pour un pilotage local. Doc. PP
Philips Hue sera vendu aux professionnels, mais aussi directement au public grâce à des kits comportant 3 lampes et un boîtier sous enOcean. Avec ses quatre boutons, il assure allumage, extinction et variation. Doc. PP
La solution de maison intelligente Pluzzy de Toshiba fonctionne sous Zigbee. A Light + Building 2014, elle s'est enrichie de nouvelles fonctionnalités. Doc. PP
Voici la nouvelle tête thermostatique Pluzzy, télécommandée par Zigbee. Sa pile offre une autonomie de trois ans. Plusieurs diamètres de bague sont disponibles. Doc. PP
Les nouvelles solutions Toshiba d'éclairage pour boutiques sont pilotées à distance par une télécommande sous enOcean, sans pile. Doc. PP
L'univers des applications enOcean – de la récolte d'énergie pour une télécommande sans pile et sans fil – devient très étoffé. Plusieurs centaines de fabricants proposent toutes sortes d'appareils. Doc. PP
Hora (www.hora.de), un spécialiste des très grosses vannes industrielles, est sorti de son domaine et propose une tête thermostatique pour radiateur et commandable par radio grâce au protocole enOcean. Doc. PP
Soda a mis au point une poignée de fenêtre enOcean : sa simple manœuvre génère assez d'électricité pour qu'elle envoie un message à un récepteur qui, par exemple, coupera le chauffage ou le remettra en route, selon que l'on ouvre ou que l'on ferme la fenêtre. Doc. PP
La poignée de fenêtre enOcean de Soda comporte en outre toute une série de capteurs incorporés, dont les informations sont utilisables par un système de maison intelligente capable de recevoir des messages enOcean. Doc. PP
Permundo propose des prises électriques avec compteur d'énergie incorporé et télécommande on-off par enOcean. Doc. PP
Ce boîtier enOcean, sans pile, associé à la nouvelle offre Philips Hue permet d'allumer, d'éteindre et de varier la lumière des lampes Philips Hue. Doc. PP
Le français UbiWizz a mis au point une télécommande enOcean (sans pile) universelle : on/off, variation. Elle peut être utilisée pour l'éclairage, mais aussi pour la ventilation… Doc. PP
L'ambition d'UbiWizz est d'offrir toutes les solutions possibles dans l'univers enOcean. Dés à présent, l'entreprise peut piloter pratiquement tous les processus techniques dans un logement ou une chambre d'hôtel. Doc. PP
Grâce à la technologie enOcean, le français UbiWizz transforme un vieux compteur électrique en compteur relevable à distance par radio. Doc. PP
Micropelt propose une tête thermostatique sans pile, télécommandable par des messages enOcean. Elle récolte l'énergie grâce à la chaleur du radiateur, transformée en électricité par effet Peltier. Doc. PP
Contact de feuillure, poignées de porte et de fenêtre, tête de robinet de chauffage, interrupteurs… l'offre des composants enOcean permet de piloter, monitorer pratiquement tous les processus techniques du logement.
Doc. PP
Voici l'offre de têtes thermostatiques à commande radio de Kieback&Peter : à gauche, la tête avec alimention par pile ; à droite, la tête sans pile sous protocole enOcean. Doc. PP
Cherry Corporation, connu jusqu'à présent comme fabricant de composants informatiques, de claviers… en OEM, présentait pour la première fois une offre de récolte d'énergie, concurrente de celle de enOcean. Doc. PP
Danfoss propose à Light + Building, une solution propriétaire de pilotage sans fil pour plancher chauffant. Doc. PP
Source : batirama.com / Pascal Poggi