Les dirigeants d'une entreprise de démolition, jugés à Toulouse pour le stockage illicite de plusieurs centaines de tonnes de déchets amiantés, sont menacés d'une peine sévère.
Outre ces peines, le parquet a requis contre eux l'interdiction de mener désormais une activité liée au désamiantage, a-t-on appris auprès des parties.
Le tribunal correctionnel rendra sa décision le 26 juin à l'encontre de Jean Gerlero et de son fils Thierry, poursuivis pour neuf infractions, dont la mise en danger de la vie d'autrui, la violation délibérée d'une obligation de sécurité, et l'élimination irrégulière de déchets amiantés.
Les deux prévenus, dont l'entreprise est en liquidation judiciaire depuis l'été 2011, ont dû en outre faire face à plusieurs parties civiles, notamment le syndicat CGT-Construction qui a réclamé 30.000 euros de dommages et intérêts et l'association France Nature Environnement (FNE) Midi-Pyrénées, qui a réclamé 5.000 euros pour préjudice moral.
La bonne foi plaidée
La commune de Saint-Alban, en banlieue toulousaine où était situé le principal site de stockage, était également partie civile, ainsi que des entreprises de bâtiment, trompées car elle s'attendaient à un désamiantage dans les règles de l'art de leurs déchets.
A l'été 2011, l'entreprise Gerlero avait plaidé "la bonne foi", indiquant qu'elle avait laissé s'accumuler les stocks de produits amiantés pendant deux ans en raison de difficultés économiques.
La majorité des 16 salariés, appuyés par la CGT, avaient donné l'alerte en exerçant un "droit de retrait" au mois de mai, invoquant la toxicité de ces produits.
Huit salariés indemnisés
En marge de l'affaire pénale, huit salariés ont obtenu devant les prud'hommes plus de 40.000 euros chacun d'indemnités de licenciements, a indiqué un responsable de la CGT-Construction, Laurent Joly. L'appel de la direction doit encore être examiné.La CGT comme la FNE demandent une "décision exemplaire".
Pour Hervé Hourcade, juriste de FNE, "il faut dissuader d'autres contrevenants car le stockage illégal est assez courant". Laurent Joly assure de son côté que "les patrons ont trop tendance à ne pas assumer leurs responsabilités, et tous les jours des copains sont contaminés".
Me Olivier Tamain, pour la défense a reconnu que ses clients avaient été "très négligents", mais il a demandé "la clémence du tribunal". Il a rejeté l'accusation d'avoir fait travailler des salariés "sans protection". "Nous ne sommes pas les assassins qu'on a décrit", a déclaré l'avocat à l'AFP.
Source : batirama.com / AFP