La construction est un secteur à potentiel pour l?économie française dont la sortie de crise demeure tributaire de mesures de soutien ciblées, selon une étude.
Euler Hermes, leader de l’assurance-crédit, dresse le bilan du secteur de la construction en France : un rapport analyse ses difficultés et ses potentialités de croissance qui auraient des conséquences bénéfiques pour l’économie française à la condition d’être soutenues par des mesures adaptées.
En 2013, les mises en chantier de logements neufs ont reculé en glissement annuel en France de -5% (318 748 vs 336 277 fin 2012), loin de l'objectif de 500 000 mises en chantier souhaité en début d'année par les pouvoirs publics.
« On est entré en 2013 en zone rouge, c’est-à-dire en dessous du seuil de 350 000 qui est le niveau minimum pour répondre aux besoins annuels correspondant à l'évolution sociologique et démographique de la France », commente Didier Moizo, conseiller sectoriel pour Euler Hermes.
Les statistiques des permis de construire dans le résidentiel n’augurent pas d’un redressement au premier semestre 2014. Ils ont reculé significativement au cours de l’année 2013 (-11,7%). L’évolution de l’indice de production du ciment confirme les difficultés du secteur. Il est en fin d'année 2013 au plus bas niveau depuis 2001, et inférieur de 23% au point haut de mars 2007.
Au total, l’activité du secteur de la construction pourrait à nouveau se contracter en volume de -1,5% en 2014. Par ailleurs, le nombre de défaillances dans la construction reste très élevé : 15 500 en 2013, autant qu’en 2012, signe d'une fragilité structurelle.
Les facteurs d’espoir et de croissance
La construction occupe une place déterminante dans l’économie française. Elle représente 5% du PIB et 25% de l’investissement. 1,3 million de personnes sont employées, soit 5% de la population active dont des intérimaires. Tout accroissement de l'activité a un effet positif immédiat sur l’emploi, puisqu’il s’agit d’activités non délocalisables.
Quatre grandes entreprises de construction françaises sont parvenues à se hisser dans le top 10 européen en fonction du chiffre d'affaires. Les sociétés françaises du BTP sont en bonne position pour tirer avantage du grand programme de construction de routes et de logements lancé par la Russie pour la période 2014/2020.
A la différence d'autres pays européens, la démographie française constitue un facteur de croissance de la construction de logements. Le taux de croissance annuel moyen de la population pour la décennie en cours est de 0,5%, alors que, la population allemande pourrait continuer à se contracter. En France, le déficit de logements concerne 700 000 personnes.
Enfin, la France affiche un taux de vacance de logements de l'ordre de 7% dont une partie nécessite des travaux de rénovation avant leur retour sur le marché. Le respect des normes environnementales constitue également un facteur d'expansion potentielle.
Des besoins en rénovation immenses
Quelque 75% des logements environ nécessitent des travaux d'amélioration. A court terme, l'état d'au moins 100 000 logements requiert une réhabilitation d'urgence. L'accélération de la sortie de crise demeure tributaire de la mise en oeuvre de mesures de soutien répondant à la complexité du secteur.
Dans le domaine des infrastructures, les retards pris dans l'entretien et la modernisation des routes et des voies ferrées pour des raisons budgétaires, encore amplifiés par la suspension de l'écotaxe, représentent plusieurs centaines de millions d'euros de chiffre d'affaires.
Certaines de ces dépenses vont progressivement devenir incontournables. Les grands chantiers de lignes LGV, aujourd'hui mis en retrait, auraient pu dynamiser le secteur des travaux publics.
Le segment du second oeuvre, où l'on retrouve beaucoup de petites entreprises paye un lourd tribu. Des réformes spécifiques pourraient leur donner un ballon d'oxygène, tel que le taux de TVA à 5% dans la rénovation thermique. Le pouvoir d’achat en berne des ménages reste également un frein majeur à la relance du secteur.
Relancer des mesures incitatives
Des mesures incitatives à l’accession d’un logement neuf et à l’octroi d’un prêt à taux zéro permettraient de redynamiser le marché. Par ailleurs, des mesures adaptées contribueraient à renforcer le climat de confiance dans la construction.
Un signal est nécessaire au regard de l'évolution de l'indice de confiance du secteur qui est en février 2014 (-31) proche de l'opposé de la valeur affichée en septembre 2007 (+29) pour une valeur moyenne proche de -7.
A défaut, la sortie de crise sera plus longue et plus incertaine. Leur urgence est renforcée par le phénomène d'inertie qui retardera leurs effets bénéfiques sur les entreprises et l'emploi.
« Les entreprises de la construction ont été fragilisées par plusieurs années de crise, d'autant qu'il s'agit pour beaucoup de petites structures faiblement capitalisées qui ne sont pas parvenues à reconstituer leurs fonds propres », analyse Nicolas Delzant, président du Directoire d’Euler Hermes France. « Certaines mesures sont urgentes et nécessaires pour donner un nouveau souffle au secteur et créer immédiatement des emplois en France. »
Source : batirama.com