L'Allemagne encourage l'autoconsommation d'électricité photovoltaïque. Les offres de stockage se multiplient, et la technologie des batteries Lithium-Ion (Li-Ion) domine nettement.
Le salon Intersolar à Munich accueille la première édition du salon ees (electrical energy storage) qui rassemble plus d'une centaine d'exposants dans le Hall B1. Parmi eux, figurent trois industriels français : Saft, Leclanché et Libre Energie.
Le marché allemand est quasi-mûr pour l'autoconsommation de l'électricité photovoltaïque et son indispensable complément technique : le stockage d'électricité. Selon BDEW, l'association allemande des industries de l'eau et de l'électricité, les prix de l'électricité pour les particuliers ont augmenté de 75% en Allemagne au cours des dis dernières années.
Avec la transition énergétique (Energie Wenge) en cours, qui vise à abandonner le nucléaire au profit d'une génération de l'électricité par des énergies renouvelables, il semble que ces hausses vont continuer pendant quelques années encore. Le gouvernement allemand a donc lancé une politique de soutien à l'autoconsommation et au stockage d'énergie. Les offres techniques se multiplient.
Trois types d'acteurs
Au salon Intersolar – ees, on rencontre trois types d'acteurs. Les premiers, comme Saft et Leclanché, fabriquent les batteries. Les seconds fabriquent les autres composants indispensables, comme l'onduleur et les automates pour le pilotage de l'installation. Les troisièmes, comme Bosch par exemple, réunissent le tout dans des offres globales, prêtes à installer chez les particuliers, dans les bâtiments collectifs, tertiaires ou en industrie.
Un tout petit nombre de groupes mondiaux, essentiellement asiatiques, comme Samsung, LG, Panasonic ou Huwaei, fabriquent tous les composants et constituent leur propres offres globales. Samsung, LG et Panasonic vont particulièrement loin : ils fabriquent tout depuis les panneaux photovoltaïques, jusqu'à l'électroménager, les batteries, les onduleurs, les LEDs et les luminaires pour l'éclairage, les systèmes de climatisations et les pompes à chaleur, les automates pour piloter l'ensemble et rassemblent donc des offres globales orientées vers l'autoconsommation particulièrement abouties.
Les batteries Lithium-Ion
L'an dernier au même endroit, on voyait encore des batteries au plomb et acide, des batteries lithium-Ion et quelques technologies exotiques, comme des batteries à fluide. Cette année, les batteries au plomb ont disparu. Les batteries Lithium-ion se sont imposées et nous n'avons rencontré qu'une seule offre de batterie à fluide.
Saft, par exemple, une société française employant 4000 personnes et cotée en bourse, fabrique des batteries au Nickel et des batteries Lithium-Ion. A Intersolar, elle n'exposait que ses batteries Lithium-Ion, proposant plusieurs applications, dont le stockage d'énergie résidentiel. De leur propre aveu, la technologie est encore coûteuse et le prix freine son développement.
Une batterie Lithium-Ion de Saft, stockant 4 kWh sous une tension de 48 V coûte 6000 € HT en prix public. Pour un système domestique complet avec batteries, onduleur et automate, il faut compter un minium de 10 000 € HT pour 4 ou 5 kWh stockés.
Offres globales en domestique et tertiaire
Saft s'associe avec des partenaires – SMA, Nedap et Bosch – pour proposer des offres globales en domestique et en tertiaire. NEDAP est le moins cher. SMA permet le plus facilement d'associer plusieurs bancs de batteries en parallèle. Bosch offre la solution la plus élégante en réunissant tous les composants dans une seule armoire.
Pour lisser la production des fermes solaires et éoliennes, gérer leur intermittence et éviter une déstabilisation des réseaux de distribution en cas d'interruption brutale de la production, Saft propose des conteneurs maritimes de 20 pieds, pré-équipés de suffisamment de batteries pour assurer une puissance de 1 MW pendant une heure.
Saft, comme tous les autres fabricants de batteries Lithium-Ion, travaille d'arrache-pied pour réduire leurs coûts et faciliter le développement du marché. La lutte est inégale entre les industriels : Samsung emploie 40 000 chercheurs en Corée, une centaine de milliers dans le monde et Saft compte 4000 salariés en tout.
Prosumer, un projet de Schneider Electric
Saft contribue au projet Prosumer de Schneider Electric. L'idée, selon Schneider Electric, est d'accroître l'efficacité énergétique des bâtiments, à la fois dans la perspective d'un accroissement des prix de l'électricité et pour se préparer à la généralisation des bâtiments neufs à énergie positive (BEPOS) dés 2018 pour les bâtiments publics et en 2020 pour tous les autres.
Schneider Electrique complète les batteries Saft par ses propres onduleurs, ses automates et, surtout, un logiciel de son cru, dont la fonction est d'optimiser le fonctionnement du bâtiment sous l'angle des économies d'énergie, mais aussi de l'optimisation des coûts de production.
Le logiciel arbitre les consommations, déleste certains systèmes dans le bâtiment, décide s'il faut vendre de l'électricité, stocker, autoconsommer ou faire appel au réseau. Prosumer est pour l'instant destiné aux bâtiments tertiaires. C'est un projet mondial, mais en France le premier système équipe le bâtiment du Conseil Général du Morbihan.
Il semble bien que les départements soient voués à disparaître en tant que collectivités territoriales, mais au moins le Morbihan laissera derrière lui un bâtiment particulièrement efficace du point de vue énergétique.
Source : batirama.com / Pascal Poggi