Selon Didier Riou, président de l?Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction, la filière bénéficie d?atouts en faveur de la construction responsable.
Dans quel "état" se trouve votre filière aujourd'hui après presque cinq années de crise conjoncturelle ?
Didier Riou :
La filière a subi la crise de plein fouet. Entre le point haut de 2007 et l’année 2013, le recul de production atteint environ 20% pour le granulat et le béton prêt à l’emploi. Après une chute violente en 2008/2009, puis une légère reprise en 2011, l’activité a continué de se dégrader en 2012 et 2013.
Malgré les contractions consécutives de l’activité, la filière a relativement bien maitrisé l’hémorragie au niveau de l’emploi. En effet, les chefs d’entreprise se sont attachés à préserver leurs effectifs malgré la baisse des volumes. Mais en dépit de l’embellie de 2010-2011, la filière est loin d’avoir renoué avec les niveaux d’avant crise, que ce soit en production ou en chiffre d’affaires.
Quels ont été les secteurs particulièrement impactés ?
Il faut noter que la crise a eu un impact encore plus marqué sur des segments d’activité comme celui de la pierre de construction, qui est fortement exposé à la concurrence internationale.
Malgré tout, la filière a su préserver son appareil productif et reste parfaitement dimensionnée pour répondre rapidement à un surcroît de demande. Le potentiel de production est intact et nos entreprises sont en ordre de marche pour s’engager dans un cycle de reprise très attendu.
Quelles vont être les prochaines étapes pour maintenir une filière pérenne
?
Les défis pour nos industriels sont nombreux. A l’heure où les pouvoirs publics et l’ensemble des acteurs économiques reconnaissent la nécessité de passer d’un modèle d’économie linéaire à un modèle d’économie circulaire, la filière compte bien démontrer qu’elle a les atouts pour répondre à cet enjeu.
Et dans cet esprit, il est impératif que la ressource reste un approvisionnement de proximité. Il ne faut pas oublier que nos industries sont des industries de proximité qui répondent à des besoins locaux. Le maillage du territoire doit rester le plus fin possible.
Comment la ressource peut-elle demeurer un approvisionnement de proximité ?
Il faut maîtriser l’impact transport. Réduire son impact CO2 bien sûr, mais également son coût qui se retrouve dans le prix final des matériaux. L’enjeu du recyclage est également crucial. La profession souhaite aller plus loin que ce qu’elle fait déjà. Selon la dernière étude disponible (réalisée en Rhône Alpes), 62% des déchets inertes du BTP sont valorisés, ce qui couvre un quart des besoins du BTP !
Les industries du plâtre recyclent 15% du gisement des rebuts issus de la construction. Leur ambition, à l’horizon 2020, est de recycler 70% du gisement des déchets. Notre cheval de bataille doit être de faire valoir les atouts de notre filière en faveur de la construction responsable.
Quel a été le message transmis aux responsables du gouvernement à l'occasion de votre assemblée générale ?
Lors de notre assemblée générale, nous souhaitions démontrer que notre filière est certes prête pour la reprise, mais pour une reprise vertueuse, c’est-à-dire engagée dans un process de production durable, responsable et 100% local.
Dans ces temps de crise, il est bon de dire que nos métiers n’ont pas uniquement fait des efforts pour préserver l’environnement et effacer les traces de leur activité afin de récréer de la biodiversité.
Il faut également rappeler le rôle majeur que jouent nos entreprises pour produire des matériaux, des solutions performantes et économiques qui permettent de satisfaire toute forme de construction, que nous créons des richesses et des emplois non délocalisables. Et c’est à partir de nos activités, qui se situent en amont d’une filière minérale de près d’un million d’emplois, que la machine économique pourra être relancée.
Qu’attendez-vous de la relance du BTP ?
La relance par le bâtiment et les infrastructures provoquerait deux effets en cascade. Le premier, immédiat, permettrait d’inverser les indicateurs et d’amorcer la pompe de la relance en créant immédiatement des emplois locaux, recréant ainsi un climat de confiance indispensable au redémarrage d’autres secteurs, qui pourraient alors investir puis exporter.
Le second effet permettrait d’améliorer la compétitivité. Si on augmente le nombre de logements disponibles, ce qui correspond à une véritable demande, les prix de l’immobilier pourront redescendre et ainsi libérer du pouvoir d’achat et donc la pression sur les salaires.
Cette stratégie de relance pose la question de l’engagement de l’Etat qui est le principal donneur d’ordre. C’est sur ce point que l’Unicem continuera d’interpeller les pouvoirs publics.
Source : batirama.com / F. Leroy
A propos de l’Unicem
L’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction est la fédération qui regroupe la quasi-totalité des industries extractives de minéraux ainsi que les fabricants de divers matériaux de construction (bétons, mortiers, plâtre…). La plupart de ces activités alimentent le secteur du BTP. L'Unicem regroupe 18 syndicats de branche et 19 unions régionales. Les syndicats qui lui sont affiliés comptent 1400 entreprises adhérentes. La fédération est membre du Medef.