Plusieurs centaines de personnes ont défilé dans les rues de Gonesse (Val-d'Oise) pour s'opposer au gigantesque projet de pôle commercial et de loisirs "EuropaCity".
Derrière des pancartes "Non à EuropaCity, grand projet inutile" ou "Shopping en ski à Gonesse, mieux qu'à Dubaï", les 240 manifestants, selon la police, ont déambulé jusqu'à l'hôtel de ville de la commune pour demander au maire l'abandon de ce projet.
Cinq cents boutiques, des salles de spectacle, un parc aquatique et même une piste de ski sont prévus dans cet immense complexe qui nécessite l'urbanisation de quelque 80 ha de terres agricoles situées dans "le Triangle de Gonesse".
Conçu par Immochan, filiale immobilière du groupe nordiste Auchan, ce projet d'un investisseur privé, de près de deux milliards d'euros, prévoit la création de 17.500 emplois pérennes, dont 11.500 emplois directs.
20 associations hostiles au projet
Scandant "Oui aux champs, non à Auchan", le cortège composé de riverains, de personnalités politiques locales, dont un élu du Front national, et de nombreux sympathisants d'associations de défense de l'environnement s'était réuni à l'appel du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), qui fédère une vingtaine d'associations hostiles au projet.
"On manque plus de terres agricoles que de centres commerciaux ici", a expliqué Béatrice, qui vit à Saint-Gratien (Val-d'Oise). Venue symboliquement avec une paire de ski, la jeune femme a dit s'être mobilisée pour "défendre les petits commerces de centre ville" et empêcher "la bétonnisation de la région".
Selon Bernard Loup, membre du CPTG et président de Val-d'Oise Environnement, ce "temple de la consommation" pose aussi un problème de "pertinence géographique" alors que "deux centres commerciaux (O'Parinor et Aéroville) sont situés à proximité et déjà en concurrence".
Une planche de salut pour la municipalité
Pour la municipalité, ce projet fait néanmoins figure de planche de salut dans un contexte socio-économique compliqué. Le maire socialiste Jean-Pierre Blazy, qui attendait une délégation de manifestants à la mairie alors que ces derniers lui demandaient de descendre dans la rue, a regretté "des positions jusqu'au-boutistes".
"Une concertation publique sur le Triangle de Gonesse aura lieu à partir du 15 novembre", a-t-il déclaré. Le conseil général du département voisin de Seine-Saint-Denis a adopté un voeu contre le projet, jugeant qu'il "ne répond pas aux enjeux urbains et socio-économiques de l'Île-de-France".
Ce projet livrera "au bitume et au béton" des terres agricoles "parmi les plus fertiles de France", a souligné l'écologiste Jean-François Baillon, vice-président du conseil général.
Source : batirama.com / AFP