Bétons ?Bas Carbone?, bétons non-étanches pour l?écoulement naturel des eaux, bétons colorés? l?industrie du ciment et du BPE est à l?écoute de ses clients. Doc Ciments Calcia
Après avoir atteint un sommet historique en 2007, le marché français du ciment ne cesse de baisser. Il s’est contracté de 3,8% en 2013 par rapport à 2012, pour atteindre 19,217 millions de tonnes. Pour 2014, l’industrie du ciment s’attend à une nouvelle baisse de 3%, en raison à la fois de la diminution du nombre de logements mis en chantier et du coup de frein sur les travaux publics après les élections municipales.
La France arrive au 20e rang mondial pour la production de ciment. Le leader est la Chine avec 2.220 millions de tonnes : 111 fois la production française. Heureusement, le ciment voyage peu. La quasi-totalité du ciment consommé en France est produit en France.
Les importations ne représentent que 9,7% du marché en 2013 et la France exporte environ 5% de sa production chez ses voisins immédiats. Le béton prêt-à-l’emploi (BPE), pour sa part, est parfaitement local. Les trajets entre la centrale à béton et le chantier, effectués par camion-toupie, ne dépassent guère 100 km.
Une industrie très concentrée
Le marché français compte pour l’instant 7 cimentiers, dont 5 importants (Ciments Calcia, membre de Italcimenti Group, Holcim, Kerneos, Lafarge et Vicat) et deux petits indépendants : Ciments Kercim sur le Port de Saint-Nazaire et Cap Vracs, près de Marseille.
Au cours de l’année 2015, Holcim et Lafarge fusionneront. La nouvelle entité installera son siège social en Suisse. Pour faciliter leur fusion et résoudre des problèmes de position dominante, Lafarge et Holcim ont annoncé que la totalité de Holcim France serait vendue, à l’exception d’une cimenterie en Alsace qui alimente les marchés suisse et allemand.
Holcim France, pour sa part, souligne que, très implantée localement, l’entreprise est rentable. Elle pense demeurer entière et devenir un robuste concurrent en France du nouvel ensemble Lafarge-Holcim. Kerneos produit des ciments spécialisés à base d’aluminates de calcium.
Sa gamme “Ciment Fondu” est rare en bâtiment, mais très présente en travaux publics, avec des solutions à durcissement et séchage rapides, des bétons que l’on peut couler par -10°C, d’autres capables de résister à des chocs thermiques et à des températures extrêmes, etc.
Fin 2015, le marché français du ciment destiné au bâtiment sera donc recomposé autour de Ciments Calcia, Lafarge plus une seule usine Holcim France, Vicat, d’une nouvelle entité issue de la vente de Holcim France, des deux indépendants Ciments Kercim et Cap Vracs.
NORMALISATION
Il existe, pour les ciments, un double marquage CE (norme harmonisée EN 197-1) et NF. La marque NF Liants hydrauliques atteste la conformité des ciments courants à des exigences complémentaires : régularité de la composition, temps de début de prise plus longs pour les ciments des classes 32,5 N, 32,5 R, 52,5?N, et 52,5 R, résistances à court terme plus élevées pour les ciments des classes 32,5 N, 32,5 R et 42,5. L’Afnor tient à jour une liste des ciments certifiés NF**.
* http://www.travailler-mieux.gouv.fr/Manutentions-manuelles-de-charges.html
** http://www.marque-nf.com/download/Produits/FR/NF002.pdf
Comment réduire l’empreinte environnementale du ciment
©Holcim
Les cimentiers devront anticiper les réglementations sur le contenu en énergie grise des bâtiments et proposer des bétons “Bas Carbone”.
Le ciment est un liant à base de silicate de chaux, un mélange constitué de 80% de calcaire et de 20% d’argile, chauffé à 1?450°C dans un four avant d’être refroidi brutalement. La production d’une tonne de ciment entraîne l’émission de 0,9 tonnes de CO2, libérées par l’énergie utilisée et par la calcination des matières premières.
Tous les cimentiers sont engagés dans des développements pour réduire ces émissions de CO2 de l’ordre de 30% d’ici 2020 par rapport à 1990. Ils anticipent que la réglementation thermique de 2020 prendra en compte le contenu en énergie grise des bâtiments.
Outre l’énergie que le bâtiment consomme durant son exploitation, l’énergie dépensée pour la fabrication et le transport des matériaux, pour la construction du bâtiment et pour sa maintenance durant 50 ans, sera également comptabilisée. Pour parvenir à ces fortes réductions, les cimentiers développent de nouveaux procédés de fabrication qui requièrent des températures moins élevées.
Ensuite, ils diminuent la teneur en calcaire dans le ciment, de façon à réduire le relâchage de CO2 durant la cuisson. Une partie du calcaire est remplacée par des laitiers – mélange de chaux, d’alumine et silice, produits dans les hauts-fourneaux sidérurgiques lors de la fusion entre le minerai de fer et le coke – et par des cendres volantes issues des filtres des centrales thermiques.
Les premiers produits commercialisés affichent des réductions de CO2 de 30 à 40% et sont normalisés NF. La production du ciment est une industrie lourde, il faudra plus de 10 ans pour ré-orienter la production.
Le ciment, c’est lourd et “pénible” !
©Lafarge
A plus de 70%, les ciments sont vendus en vrac aux fabricants de BPE. Le reste est conditionné en sacs de 20 ou de 35 kg. Soulever 35 kg, c’est pénible, mais les habitudes des compagnons sur chantiers sont tenaces.
Certains refusent les conditionnements inférieurs à 35 kg. L’article 10 de la loi n°2014-40 du 20 janvier 2014 prévoit la mise en œuvre d’un “compte personnel de la prévention de la pénibilité” dés le 1er janvier 2015.
Tous les salariés exposés à des facteurs de pénibilité répertoriés, dont fait partie la manutention manuelle de charges lourdes, pourront en bénéficier. La norme française NF X35109 annexe A, les normes européennes et internationales NF EN 1005-3,4 et NF ISO 11228-2 considèrent la manutention manuelle de charges d’un poids supérieur à 25kg comme inacceptable et un facteur de risque avéré.
Pour les salariés, chaque trimestre d’exposition à un facteur de pénibilité verse 1 point dans leur compte, deux points s’ils sont exposés à plusieurs facteurs simultanément. Ces points peuvent être transformés en :
- temps de formation pour sortir d’un emploi exposé à la pénibilité ;
- passage à un temps partiel en fin de carrière avec maintien de la rémunération au taux plein ;
- trimestres de retraite supplémentaires. 10 points = un trimestre de retraite.
Les 20 premiers points sont obligatoirement utilisés pour la formation. Les salariés aujourd’hui trop proches de la retraite pour pouvoir accumuler suffisamment de points, bénéficieront d’un doublement de leurs points et ne seront pas obligés de les utiliser pour des formations.
Source : batirama.com / Pascal Poggi