Ségolène Royal a effectué hier une "sortie de route" en souhaitant "une gratuité des autoroutes le week-end", estiment plusieurs éditorialistes de la presse.
"Sortie de route", c'est le titre à la Une de Libération pour qui Ségolène Royal avec cette déclaration "brouille un peu plus la politique écologique du gouvernement". François Sergent, dans son éditorial, se demande "comment expliquer que Ségolène Royal, qui a déjà enterré l'écotaxe, ait pu promettre les péages gratuits le dimanche" et taxe cette mesure de "simpliste".
Dans Les Echos, David Barroux se montre plus virulent : "la démagogie dont fait preuve la numéro trois du gouvernement pourrait faire sourire. Mais le simple fait qu'une telle option ait pu être exprimée a de quoi choquer". Ségolène Royal a souhaité mardi une baisse de 10% des tarifs autoroutiers et "une gratuité, par exemple, le week-end".
"Il y a 20% de tarif en trop, puisque quand une autoroute fait payer 100 euros, il y a 20 euros de trop qui sont empochés", a-t-elle plaidé, en faisant allusion à un rapport de l'Autorité de la concurrence qui qualifiait de "rente" les marges nettes élevées (20 à 24%) des concessions autoroutières, privatisées il y a huit ans.
Polluer davantage pour combler le manque à gagner ?
"François Hollande trace la route du gouvernement (...) Il y a les ministres qui ne dépassent jamais la limite autorisée (...) et ceux qui s'autorisent les coups de volant hasardeux (...) Selon le moment, Ségolène Royal passe d'une voie à l'autre. Hier, elle s'est permis un petit écart", relève d'un manière imagée Christophe Bonnefoy, du Journal de la Haute-Marne.
Pour Jacques Camus, dans La Montagne/Centre France, "une fois encore, Ségolène Royal a fait entendre sa voix iconoclaste". "Depuis son rejet de l'écotaxe, (elle) semble lancée dans une course éperdue aux idées lucratives pour combler le manque à gagner. Quitte à polluer davantage", déplore-t-il.
"Incorrigible Ségolène Royal (...) Elle s'est pris les pieds dans le tapis par une intempestive déclaration", observe Jean-Michel Helvig, de La République des Pyrénées, avant d'ajouter : "elle n'a manifestement pas encore tout à fait compris que pour un gouvernement qui avance fragilisé, le moindre couac interministériel a un effet déliquescent".
"Pan sur le Bec" après la réponse de Manuel Valls
"Ingérable? Mais non, rebelle voyons. Et démago aussi, Ségo", s'amuse Denis Daumin dans la Nouvelle République du Centre Ouest. "Une provocation?", s'interroge Philippe Marcacci de l'Est Républicain. En tout cas "la sanction" n'a pas "tardé".
"Pan sur le bec", écrit l'éditorialiste après la réponse de Manuel Valls qui a jugé inenvisageable la proposition. "Rien ne plaît tant à Ségolène Royal que se trouver au centre des attentions médiatiques pour y pratiquer le contre-pied", explique Jean-Louis Hervois, de la Charente Libre et "hier, Royal a pris la tangente".
Bertrand Meinnel, dans le Courrier Picard, pense que le "gouvernement" a voulu "mettre la pression (sur les sociétés autoroutières), en utilisant les talents d'agitatrice de Ségolène Royal et ses idées sur la gratuité le week-end".
Jean-Louis Hervois reconnaît cependant à la ministre de l'Ecologie le mérite de "soulever un vrai problème" qui "impose une concertation dans le cadre du plan de relance des autoroutes", conclut Jacques Camus (La Montagne Centre France.)
Source : batirama.com