Feuille de route énergétique de la France : Bayrou doit revoir sa copie

La feuille de route énergétique de la France est à revoir. © Freepik

Plus de 160 sénateurs ont appelé François Bayrou à "renoncer" à la publication imminente de la future programmation pluriannuelle de l'énergie, fustigeant l'absence de "vision globale" derrière cette feuille de route.




Plus de 160 sénateurs de la droite et du centre ont appelé ce mercredi 12 mars François Bayrou à "renoncer" à la publication imminente de la future PPE (Programmation Pluriannuelle de l'Énergie), fustigeant l'absence de "vision globale" derrière cette feuille de route. De fait, dans un courrier largement cosigné, les parlementaires souhaitent inciter le Premier ministre à "reprendre le travail" sur les ambitions énergétiques de la France afin de "permettre au Parlement de voter sur le futur mix énergétique" du pays.

Pour rappel, la troisième PPE, fixant des objectifs en matière de production et de consommation d'énergie sur la période 2025-2035, est en voie de finalisation. Le gouvernement entend en effet adopter cette "PPE 3" par un décret dont la publication est attendue d'ici le début du mois d'avril selon Bercy, après une dernière consultation du public lancée par le ministère de l'Energie.

 

 

 

Vincent Delahaye et Stéphane Piednoir, premiers signataires

"La concertation publique sur le sujet aurait dû faire sensiblement évoluer ce projet mais cela n'a malheureusement pas été le cas", s'inquiètent les premiers signataires du courrier des sénateurs, Vincent Delahaye (centriste) et Stéphane Piednoir (Les Républicains). Les deux sénateurs regrettent que le travail parlementaire soit "ignoré", en référence à une proposition de loi du Sénat sur la programmation nationale de l'énergie, adoptée à l'automne à la chambre haute, et à une commission d'enquête sur le prix de l'électricité menée l'année dernière. "Sur un sujet aussi majeur pour l'avenir de notre pays il nous semblerait totalement inconcevable que la représentation nationale soit ignorée", assurent-ils, alors que le gouvernement veut recentrer, notamment, son soutien à l'énergie solaire dans ce projet de programmation énergétique.

 

 

 


Qu'est-ce que la feuille de route énergétique de la France ?

Le gouvernement avait lancé fin 2024 une concertation auprès des acteurs sur la troisième PPE, et ce afin de mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050. La trajectoire présentée dans le projet de PPE 3 prévoit de ramener la part des énergies fossiles dans la consommation finale énergétique en France de 58 % en 2023 à 42 % en 2030, puis 30 % en 2035. 

Dans le même temps, l'électricité augmentera de 27 % à 34 % puis 39 %, et les énergies renouvelables hors électricité (géothermie, biomasse...), de 15 % à 23 % puis 30 %.

 

 

 

 

Que les sceptiques lèvent la main !

Depuis janvier, ladite feuille de route a fait l'objet de plusieurs avis sceptiques :

– le Haut Conseil pour le climat a alerté sur les insuffisances du texte ;

– l'Autorité environnementale a réclamé une politique plus ambitieuse pour atteindre les objectifs européens (les 27 de l'UE ont adopté en 2021 un plan de bataille pour le climat, avec un ensemble de mesures baptisé "Fit for 55", en référence à l'objectif de 55 % de réductions d'émissions de gaz à effet de serre de l'UE d'ici 2030, déclinés par secteurs, par rapport à 1990) ;

– Du côté du Haut-Commissaire à l'énergie atomique, l'objectif est jugé "trop ambitieux", un avis (destiné au gouvernement) non publié mais rapporté par le journal des Échos : Vincent Berger estime également que "la stratégie volontariste de l'offre fait peser un risque de surproduction [d'électricité] si les possibilités d'exportation ne sont pas au rendez-vous" et qu'une surcapacité serait "très pénalisante pour le consommateur ou pour le contribuable", raison pour laquelle il prône une "revue à la baisse" de "la croissance du photovoltaïque" dans la PPE ;

– Enfin, le CSE a rendu un avis apportant "plusieurs modifications substantielles" au projet de révision de l'arrêté tarifaire dit "S21", qui détermine les conditions de soutien des pouvoirs publics au petit photovoltaïque alors que le gouvernement veut recentrer son soutien à l'énergie solaire : ces modifications visent à "éviter un arrêt brutal du déploiement des toitures solaires et des ombrières photovoltaïques", selon le Syndicat des énergies renouvelables et et celui représentant les acteurs du solaire, Enerplan.

 

Quant à l'UFE (Union Française de l'Électricité), elle a pour a part salué la reconnaissance de l'électrification des usages "comme pilier central de la PPE3", sachant que l'électrification des usages consiste à remplacer les énergies fossiles par de l'électricité dans les transports, les bâtiments et les industries pour décarboner la consommation d'énergie.

 




Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat / © Laure Pophillat

L'auteur de cet article

photo auteur Laure Pophillat
Laure Pophillat est rédactrice web polyvalente depuis plusieurs années. Curieuse, éclectique et investigatrice, tous les thèmes pertinents (et donc passionnants) l’intéressent ! Pour Bâtirama, elle rédige avec bonheur sur un large spectre de sujets couvrant l’entièreté de la filière BTP (actualités, conjoncture, réformes, innovations, etc.). Elle apprécie notamment réaliser des portraits de femmes et d’hommes engagés, inspirés et inspirants, dans un environnement, celui du BTP, toujours en mouvement.
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