BTR 479
12 BATIRAMA N°479 I JUIN - JUILLET 2018 ACTUALITÉ REPÈRES Les Compagnons du Devoir ont organisé le premier comité d’orientation de leur Pôle d’innovation pour la seconde transformation du bois (Pibois). Une réflexion collective dont l’enjeu est de mettre la transition numérique et énergétique au service des artisans. Q uel devenir pour les métiers d’agenceur, charpentier, con- structeur bois, ébéniste, menui- sier ? Pour aider à mieux comprendre les enjeux et les besoins de ces métiers, le jeune pôle Pibois des Compagnons du devoir (créé en 2016 après un appel à pro- jet lancé par l’Etat), a invité les acteurs de la filière à réfléchir ensemble. Ces acteurs ont pu participer au premier comité d’orientation organisé au siège social des Compagnons du Devoir à Paris, en mars dernier. « Les actions de Pibois ciblent les petites entreprises et nous insistons aujourd’hui sur le thème de la transition numérique et énergétique qui doit être à leur service » précise Nicolas Digaire. « Nous voulons les aider à intégrer des solutions innovantes qui faciliteront leur développement et leur permettront de gagner en productivité et compétitivité ». Comment investir dans les machines numériques Le Pôle Pibois décline en effet plusieurs actions dont l’accompagnement et le conseil dans la transition numérique. Les entreprises du secteur ont compris les enjeux liés à l’équipement d’outils numé- riques dont les centres d’usinage et de taille, devenus plus faciles d’utilisation et abordables financièrement. Selon Nicolas Digaire, il est possible de s’équiper d’une telle machine à partir de 100000 euros et une entreprise de deux personnes peut se permettre de réaliser cet investissement. Mais encore faut-il faire le bon choix de la machine et du logiciel compatible. « Nous voulons les aider à définir leurs besoins et à prendre en considération l’impact de ces investissements sur leur quotidien » explique Nicolas Digaire. En effet, de tels équipements peuvent nécessiter de chan- ger les procédés de fabrication, de recou- rir à un bureau d’étude pour réaliser des plans, ou revoir l’organisation de l’atelier pour optimiser la gestion des flux. Objec- tif du pôle : accompagner une soixantaine d’entreprises par an, dans l’investissement de ces outils. Travailler dans des espaces collaboratifs… Un autre type d’action concerne la mutualisation d’outils coûteux à l’achat et que les entreprises pourraient se partager, dans un local mis à disposi- tion par une collectivité par exemple (département, région). Un exemple de menuiserie collaborative (la MCo) a vu le jour à Montpellier. Elle est destinée aux professionnels (en semaine) ain- si qu’aux particuliers le samedi (ainsi que deux soirs en semaine). Les « visi- teurs » peuvent utiliser les différents outils de l’atelier dont un centre d’usi- nage 4 axes flambant neuf. « Pour le chef d’entreprise, cela peut être un premier pallier pour prendre conscience de l’impact de l’outil numérique sur ses procédés de fabrication et la ges- tion de son personnel » indique Nicolas Digaire. Seul bémol : si le modèle des ateliers collaboratifs se développe bien dans les pays anglo-saxons, en France, il se heurte aux habitudes liées à l’attache- ment des professionnels pour leur propre matériel (véhicule, outils, ateliers…). Mais les choses changent petit à petit, et les jeunes générations auront sans doute des comportements différents, estime le responsable de Pibois. F. LEROY * représentants institutionnels, organismes professionnels, interprofession de la filière bois, chambres des métiers, centres de forma- tions, industriels, dirigeants et salariés d’entre- prise, architectes… Le Pôle Pibois parie sur l’innovation dans les métiers du bois FILIÈRE BOIS De nombreux représentants de la filière bois ont participé au premier comité d’orientation du Pôle d’innovation pour la seconde transformation du bois. VEILLE TECHNIQUE ET PARCOURS DE FORMATIONS EN LIGNE Autre service proposée par Pibois : une veille technique et réglementaire sera assurée par le biais d’une plateforme web qui doit être créée. « Assurer une veille prend du temps, car il faudrait aller surfer sur une dizaine de sites pour avoir une vision globale sur le métier. Or la petite entreprise manque de temps. En regroupant toutes les informations sur un même lieu, nous lui faciliterons le travail » indique Nicolas Digaire. Nouveaux procédés, nouvelles machines, normes, réglementations et idées de développement feront partie des sujets traités par cette plateforme gratuite et accessible à tous (pibois.fr ). Nicolas Digaire, 34 ans, compagnon menuisier, dirige le pôle d’innovation pour la seconde transformation du bois.
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