BTR 480

4 BATIRAMA N°480 I AOÛT - SEPTEMBRE 2018 ACTUALITÉ REPÈRES © F. LEROY © F. LEROY Les artisans du bâtiment ont bénéficié au deuxième trimestre d’une accélération de leur activité, portée par la construction, mais craignent un ralentissement en fin d’année. E ntre avril et juin, l’activité du secteur a progressé de 3,5 % par rapport à la même période de 2017, selon les chiffres trimestriels de la Capeb. C’est non seulement le 10 e trimestre consécutif de hausse d’activité pour les artisans du bâtiment, mais aussi une accélération par rapport au début d’année : au premier trimestre, l’activité n’avait progressé que de 2,5 %. « Bien que notre activité ait augmenté, nous devons faire preuve de la plus grande vigilance », a nuancé Patrick Liébus, président de la Capeb, mettant en garde sur « une fin d’année moins dyna- mique ». Des signes d’essoufflement dans le neuf La hausse de l’activité est en effet essen- tiellement portée par la construction (+6,5 %) - par contraste avec l’entre- tien (+1 %) - au moment où le marché du logement neuf commence à donner des signes d’essoufflement. A ce titre, la Capeb s’inquiète d’un recul de plusieurs indicateurs avancés : les carnets de com- mande donnent une visibilité de moins en moins grande et, surtout, les autorisations reculent dans les logements individuels. L’organisation y voit en partie une consé- quence de la décision du gouvernement de rétrécir le périmètre d’application de plusieurs aides fiscales : prêt à taux zéro (PTZ) et dispositif Pinel. Lors de la conférence de presse organisée de façon conjointe avec la FFB, Patrick Vandromme, Président de LCA-FFB, les Constructeurs et Aménageurs membres de la FFB, a tiré la sonnette d’alarme. S elon, Patrick Vandromme, la seule suppression de l’APL Accession explique 40 % de la baisse en loge- ment neuf dans les zones A et B1 (les zones Abis, A, B1, B2 et C ont été créées en 2014 pour traduire la « tension du marché immobilier local »). En zones B2 et C, la suppression de l’APL Accession compte pour 42 % dans la réduction, tan- dis que le rabotage du PTZ explique 45 % de la baisse. Ces deux seuls changements institutionnels sont à l’origine de 90 % de la chute en logements neufs. Patrick Vandromme a cité plusieurs exemples des conséquences déstabilisantes des mesures gouvernementales pour les ménages. Exemple de désolvabilisation En Région Occitanie, à Castelsarrasin (zone C, non-tendue), une famille de 5 enfants avec 2600 € de revenus mensuels pouvait financer un projet d’accession en 2017, mais plus en 2018. En 2017, un projet dont le coût total, maison+ foncier, attei- gnait 265000 € pouvait être financé par un prêt PAS, un crédit classique, un PTZ de 92000 €. Ces financements se tradui- saient par une mensualité de 945 € (36 % de taux d’endettement), réduite à 763 € (29 % de taux d’endettement) grâce à l’APL Accession. En 2018, le taux d’endet- tement pour la même opération ressort à 38 %. Ce qui rend infinançable cette opération d’accession. Cette réduction de solvabilité des ménages diminue directe- ment l’activité de construction. Le gouver- nement a annoncé la suppression du PTZ en 2020. Ce qui éliminera encore plus de dossiers d’accession et pèsera davantage encore sur l’activité. L’artisanat du bâtiment craint la fin de 2018 Les constructeurs tirent la sonnette d’alarme CONJONCTURE MAISONS INDIVIDUELLES LA RUMEUR DE LA SUPPRESSION DES TAUX RÉDUITS DE TVA Plusieurs rumeurs évoquent depuis le printemps une suppression des taux réduits de TVA, qui s’appliquent aussi à la restauration. Ces dispositifs seraient l’une des principales cibles du Comité action publique 2022 (Cap 22), mandaté par l’exécutif pour réfléchir à la réduction de la dépense publique. Bercy « mène une revue des aides budgétaires et fiscales aux entreprises afin d’évaluer leur efficience économique au regard du coût qu’elles représentent au regard des finances publiques », a pour sa part répondu Delphine Geny- Stephann, secrétaire d’Etat à l’Economie.

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