BTR 480
6 BATIRAMA N°480 I AOÛT - SEPTEMBRE 2018 ACTUALITÉ REPÈRES Halte au poids excessif des plaques de plâtre ! Sylvain Delabrosse, cogérant de l’entreprise plaquiste Soplac a mis en place une démarche pionnière pour diminuer le poids des plaques de plâtre portées par les compagnons de sa société. S ylvain Delabrosse, codirige la SARL Soplac Euphonie, entreprise géné- rale de cloisons sèches et de pla- fonds suspendus, basée à Lorient (30 sala- riés et 4,6 millions de CA). L’entreprise gère des chantiers de taille variable, dans le neuf et la rénovation, pour des parti- culiers ou des professionnels (bureaux, ateliers / locaux, logements neufs). C’est à l’occasion d’un chantier conséquent, en termes de produits à manipuler, que le responsable a voulu résoudre un épineux problème : celui du poids de plus en plus élevé des plaques de plâtre. « Nous met- tons en oeuvre des produits techniques, en l’occurrence des systèmes acoustiques constitués de 2 plaques contrecollées de 18 mm (BA18) sur plus de 3 m de hauteur, et qui sont de plus en plus épais et lourds. Selon les solutions, le poids nominal des produits varie en effet entre 45 et 60 kg. Il faut imaginer que nos compagnons saisis- sent ces plaques puis ensuite, les posent, et cela jusqu’à 50 fois par jour. Je me dis que je ne voudrai pas demander à mes enfants d’exécuter ce type de tâches, alors pour- quoi l’imposer à nos compagnons dont nous voulons préserver la santé et le bien être ? » se demande Sylvain Delabrosse. 35 Kg, pas davantage ! Le gérant se dit alors qu’il doit être pos- sible pour les fabricants de faire raccour- cir ces plaques en usine afin de diminuer leur poids. « J’ai fixé un poids de 35 kg en me basant sur une plaque de plâtre BA 15 (15 mm), de taille standard, des- tinée à la protection incendie » reprend Sylvain Delabrosse. « Ce qui fait qu’une BA18 ne doit pas excéder 2,30 m de hau- teur pour respecter ce poids. Mais une fois que l’on commence à raisonner en termes de kg, et non en plus en hauteur standard de 3 m, certaines complications peuvent survenir, en termes de producti- vité sur le chantier, admet le responsable. Calculée pour correspondre à une hauteur d’étage, la plaque « recoupée » nécessite des « raccords » et donc des interventions supplémentaires. Mais peu importe, je ne veux pas raisonner en termes de plaques posées au m 2 , mais en termes de respect humain… » insiste Sylvain Delabrosse. Il a pu réaliser son souhait à l’occasion de la construction du siège social de Socomore à Vannes, une entreprise bretonne, acteur dans les produits de chimie à valeur ajou- tée. Ce « camps de base » développe sur 4000 m 2 un centre de R&D et s’appuie sur une construction en écoconception, avec utilisation de paille et de bois. Un chantier idéal pour le co-gérant qui constate que le « bien-être » de la mise en oeuvre fait partie du projet du client. Une prestation un peu plus coûteuse « J’ai proposé à mon client de réaliser les 1500 m 2 de cloisons avec des plaques de plâtre (BA18) de moindre hauteur, c’est à dire 2,30 m au lieu de 3,20 m. Et j’ai ensuite demandé à mon fournisseur Siniat de bien vouloir assurer cette fabri- cation sur mesure, en lui montrant l’as- pect précurseur et valorisant de ce type de chantier » explique Sylvain Delabrosse. Une demande acceptée par le fabricant. Mais elle a aussi généré davantage de contraintes lors de la mise en oeuvre des cloisons de 4 m de hauteur. Deux plaques, l’une de 2,30 m et l’autre, de 1,70 m de hauteur ont été superposées et les joints transversaux, auparavant camouflés dans le plénum, sont devenus visibles. « Nous avons dû résoudre le problème esthétique en mettant en oeuvre un enduit sans bande au niveau du joint de la plaque avec un saturateur qui a permis de durcir ce joint… » détaille Sylvain Delabrosse. Une expérience à renouveler Résultat ? La solution mise en oeuvre, validée par le fabricant Siniat, permet de maintenir les propriétés mécaniques, acoustiques, de comportement feu et esthétiques des cloisons. « C’est une solu- tion que l’on peut sans doute améliorer, mais en attendant, je suis prêt à renouve- ler l’expérience. Et cela nous a coûté un peu plus cher à réaliser au final, mais nous avons pu absorber les coûts car notre client a été respectueux des prix de vente de l’en- treprise, lors de l’appel d’offres. Son rôle a donc été déterminant car lorsque la négo- ciation est trop dure et les prix trop serrés - c’est le cas des marchés publics -, nous n’avons pas de marge de manœuvre pour proposer des alternatives… » conclut-il. F. LEROY Il se bat pour faire baisser le poids des plaques de plâtre SYLVAIN DELABROSSE (SOPLAC) Il est possible d’insérer des clauses dans les marchés publics en indiquant que le poids des matériaux à manipuler et à poser ne doit pas excéder 35 kg… selon Sylvain Delabrosse, prêt à se battre pour faire baisser les poids des plaques de plâtre
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