BTR 481
BATIRAMA N°481 I OCTOBRE - NOVEMBRE 2018 25 DOSSIERS ARTIBAT - GROS ŒUVRE INTERVIEWS : LES ARTISANS DE BRETAGNE, DYNAMIQUES ET AVANT-GARDISTES Hugues Vanel, président de la FFB Bretagne** et dirigeant d’une entreprise de maçonnerie spécialisée dans la restauration de bâtiments anciens en Ille et Vilaine. Comment envisagez-vous l’évolution de l’activité gros œuvre ? En 2016, le gros œuvre représentait 26 % du chiffre d’affaires du bâtiment en Bretagne. Cette part a augmenté de 2 % en 2017. En neuf comme en rénovation, en commande publique et privée, notre progression dépasse celle de la moyenne nationale. La maison individuelle, notamment, se porte bien, même avec le léger recul des autorisations de ces derniers mois. Le marché semble mature et bien qu’il dépende des annonces gouvernementales, nous imaginons l’avenir sereinement. Quels sont vos dossiers prioritaires ? Nous veillons au maintien des aides, qui permettent de maintenir l’activité à un niveau correct. La Bretagne s’est proposée comme terre d’expérimentation pour le zonage de projets de logements. Côté rénovation, les Bretons ont des atouts pour bénéficier du projet Coeur de ville, car les villes moyennes sont nombreuses et la revitalisation des centres villes va amener de l’activité dans les 5 ans à venir. Nous avons aussi la chance d’avoir un maillage dense d’entreprises partout sur notre territoire. Nous accompagnons les entreprises dans leurs recherches de salariés. 7 500 intentions d’embauche sont déclarées, qu’il faut aider à concrétiser. Cet été, nous avons ouvert une plate-forme de recrutement : www.emploi.batiment.bzh. Ce site conçu par et pour les entreprises diffuse leurs offres rapidement et facilement. Nous travaillons par ailleurs à remplir les CFA ! La campagne bretonne à destination des jeunes a été reprise au niveau national et marche très bien. En 2018, le nombre d’apprentis a augmenté de 5 % en Bretagne ; ils sont autour de 2600. Les artisans ont-ils déjà profité de la création du Centre de ressources numériques du bâtiment de Bretagne, inauguré par la FFB en juillet 2017 ? Le passage au numérique représente un enjeu très fort mais il se fera sur un temps long. La prise de conscience qu’il est indispensable est déjà très nette, en particulier dans le gros œuvre. Mais travailler en 3D représente une révolution. On ne mesurera l’impact de notre investissement que dans 5 ans, le temps que les entreprises se transforment. Elles doivent réaliser cette mutation dans une période d’activité forte car le gain de productivité n’est pas immédiat et il faut pouvoir absorber la baisse préalable. L’effort est à fournir maintenant ! ** environ 2000 artisans adhérents Erwan Barlet, président de la Capeb Bretagne* et gérant d’une entreprise de rénovation et construction écologique dans le Morbihan. Comment se porte l’activité gros œuvre en Bretagne ? Elle a connu une belle progression en 2017, comme l’activité du bâtiment en général, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 7,5 milliards d’euros. Sur 2018, le rythme de croissance est moins soutenu. La construction neuve est nettement plus dynamique que la rénovation, qui amorce un net ralentissement, lié à la suppression du crédit d’impôt sur les menuiseries extérieures. Le résidentiel neuf représente 2,6 milliards d’euros, avec quasiment la moitié des constructions de logements en Ille et Vilaine. Les 10 500 logements se concentrent dans l’agglomération rennaise. Globalement, les plus grandes villes et le littoral font l’essentiel de l’activité. En 2017, 55 000 salariés ont été embauchés, essentiellement dans les TPE. Quelles sont les perspectives pour les mois à venir ? Nous aurons peut-être atteint un pic d’activité en 2018. Un ralentissement semble amorcé et un retournement de conjoncture pourrait bien intervenir autour de 2020. Quelles sont les sujets sur lesquels la CAPEB Bretagne s’engage en particulier ? Nous voulons augmenter l’attractivité de nos métiers auprès des jeunes, car il faut remédier à la pénurie de main d’œuvre. Plus de 1000 entreprises bretonnes sont en recherche d’apprentis. La réforme de la formation va impacter les pratiques des artisans. Nous travaillons à créer des partenariats avec l’Education Nationale. Nous encourageons aussi l’usage des éco-matériaux, qui sont sortis de la phase expérimentale et que les entreprises bretonnes utilisent déjà beaucoup. Le savoir-faire breton est notamment important dans la construction bois, surtout dans la maison individuelle. Nous collaborons avec la Région pour faire travailler un groupement d’artisans du Finistère en éco- rénovation avec la maquette numérique. Nous sommes à la recherche d’un maître d’ouvrage, public ou privé, qui voudra jouer le jeu, plutôt avec un projet de rénovation dont la Capeb serait pilote. Il faut démontrer que le BIM est aussi pour les artisans. Actuellement, très peu de chantiers l’utilisent et aucun artisan n’est encore préparé à cette manière collaborative de fonctionner. *autour de 5000 adhérents thermique, isolant phonique et sous face décorative (Unilin). Les produits innovent encore pour limiter l’intervention sur le bâtiment, avec à la clé des économies et une empreinte environnementale réduite. Le bâtiment doit mieux résister aux agres- sions naturelles (UV, humidité, champi- gnons et autres parasites, …) et aux dégra- dations, avec des produits plus résistants aux chocs, à l’arrachement, etc.. Le coup de pouce digital La performance vient aussi de l’offre d’ou- tils numériques d’aide à la conception et au chiffrage, de plus en plus importante sur le salon. Etudiés pour assister les pros dans leur démarche commerciale et pour les guider techniquement, ces outils se veulent faciles à prendre en main et pro- mettent à la fois un gain de temps pour le poseur et un résultat final sans sur- prise pour le client. Citons parmi d’autres l’exemple du premier configurateur de bardages (Silverwood), outil interactif, per- met de modéliser immédiatement un pro- jet de façade à 180°. Ou encore un outil de calcul développé pour aider à choisir une solution sarking ou panneau de toi- ture et à visualiser le gain d’espace de la solution (Unilin). EMMANUELLE JEANSON
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