BTR 481
BATIRAMA N°481 I OCTOBRE - NOVEMBRE 2018 31 DOSSIERS ARTIBAT - SECOND ŒUVRE Franck Pied, responsable technique chez Edilteco France « Aujourd’hui, sur des produits similaires, nous assistons tous à une guerre des prix. Néanmoins, les artisans qui ont pignon sur rue, ont un portefeuille rempli au moins jusque fin 2019. Les particuliers demandent de plus en plus un prix et une qualité. Les professionnels doivent développer des arguments commerciaux et du service. Nous les accompagnons dans cette démarche, en les formant à la technique des produits, mais aussi à la communication vers les clients finaux ». Natacha Ferre, responsable communication et marketing chez Orsol « Depuis un an, sur des nouvelles constructions très contemporaines, nous constatons de plus en plus de demandes pour décorer la façade avec une offre pierre, mais sur une certaine partie du bâtiment. Il s’agit de mettre en valeur les volumes en la mélangeant avec d’autres matériaux : enduit, bardage, bois ou même en association avec des surélévations en zinc ». Philippe Mendil, responsable développement commercial Isolation- Profilés- Acessoires chez Siniat. « Jusqu’aux isolants sous vide au ratio performance/épaisseur imbattables, tous les matériaux tels qu’ils sont proposés aujourd’hui sur le marché sont performants. Par conséquent, il faut prescrire la bonne solution au bon endroit. D’autant qu’à un moment il ne va plus être possible d’augmenter l’épaisseur des isolants pour atteindre la performance. Pour l’augmenter, le marché va plutôt évoluer vers une association pertinente d’isolants intérieur et extérieur ». Léopold Franken, responsable marketing chez AMCC « Il va falloir apporter les bonnes solutions en matière de connectiques pour les menuiseries et fermetures. S’il est assez simple de connecter une maison neuve, aujourd’hui, il faut apporter des réponses à la maison rénovée intelligente de manière évolutive. Les solutions devront être sans câblage, simples à la fois pour l’installateur et l’utilisateur, et offrant la possibilité de s’équiper par étape pour une question de budget ». Dominica Lizarazu, directrice marketing chez Saint-Gobain Isover France « Il faud rait vraiment une meilleure communication sur le mécanisme des offres CEE afin qu’elle génère plus de chantiers à nos clients. Ce procédé reste trop peu méconnu de tous, or pour isoler des combles par exemple, ce dispositif peut diviser le prix au mètre carré par 2. Une bonne compréhension de ce mécanisme serait vecteur d’activités supplémentaire pour les professionnels scrupuleux qui réalisent les travaux dans les règles de l’art ». INTERVIEWS « Un artisan des métiers de la finition est un acteur de la mise en décoration » Bruno Leclerc, délégué général de la Capeb Pays-de-la-Loire Quelles évolutions le marché du second-œuvre va-t-il connaître ? D’ici la fin de l’année, les artisans vont devoir surveiller les évolutions du financement de la rénovation énergétique. La volonté politique de la promouvoir perdure, mais les moyens seront différents. C’est nécessaire car le marché du second œuvre est aussi soutenu par cette activité. Ensuite, il faut être prudent lors de la rédaction des devis. Nous assistons à une hausse significative du prix des matériaux. En restant vigilant sur le prix d’achat, on maîtrise mieux le prix de revient. Certains métiers de la finition sont exposés à des prix tirés vers le bas. Peut-on contrer cette fatalité ? Aujourd’hui, un artisan des métiers de la finition n’est plus un peintre ou un carreleur, mais un acteur de la mise en décoration. Il doit avoir une vision globale. Il faut être plus prescripteur, au delà d’une simple approche par lot. Les particuliers attendent des réponses sur des projets de cuisines, de salles de bain mais aussi de décoration de leur cadre de vie. Certains peintres ont recruté un compagnon électricien et sont capables de réaliser un relookage complet d’un intérieur en jouant sur l’éclairage les volumes, les matières et les couleurs. Bien sûr, tout le monde ne peut pas proposer seul ce type de prestations, alors il faut travailler avec des collègues d’autres métiers. Alors que certaines émissions télévisuelles transforment les attentes des clients, le conseil et une vision plus ouverte de son métier deviennent primordiaux. De plus, les artisans bénéficient d’une vaste gamme à utiliser pour valoriser leur travail. Il faut proposer de la nouveauté. C’est beaucoup mieux si le professionnel l’apporte à son client que l’inverse. Sinon, sa plus-value et donc sa marge disparaissent. « Le meilleur moyen pour réaliser des économies reste de diminuer les besoins en énergie, en isolant » Caroline Lestournelle, secrétaire générale du syndicat des laines minérales (FILMM) Quelle est votre vision du marché du second-œuvre ? Le neuf a connu une légère embellie, mais pour ce qui concerne la rénovation, en particulier énergétique, nous restons dans l’expectative. Engager des travaux de rénovation énergétique demande du temps aux particuliers. En faisant évoluer les aides financières en permanence, ils restent dans l’incertitude et ne concrétisent pas leur projet. Certes, le dispositif Faire, porté par l’Ademe, et qui vise à déclencher la dynamique de rénovation énergétique des logements, vient d’être lancé pour sensibiliser le grand public. Je suis persuadée qu’il y a une réelle conscience des dangers liés au changement climatique, mais bon nombre de particuliers s’engagent encore a minima souvent, parce qu’ils méconnaissent les mécanismes pour les aider à financer leurs travaux. Et il faut que les particuliers prennent le temps réfléchir, soient bien accompagnés par des conseils intelligents pour optimiser leurs travaux. Quels sont les enjeux pour la filière isolation ? Avant de se lancer dans des travaux sophistiqués, il faut rappeler que le meilleur moyen pour réaliser des économies reste de diminuer les besoins en énergie. Donc, d’isoler. Grâce à l’expérimentation E+ C-, on peut désormais (re)démontrer qu’isoler c’est bon pour l’énergie et que c’est bon pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, de façon simple, en fait. En outre, comme l’Ademe le met en avant, il y a l’argument du confort obtenu après une bonne rénovation énergétique. Mais je pense que le consommateur est heureux de contribuer « au bien de l’humanité », mais il veut que son portefeuille s’y retrouve aussi. La laine minérale a une tradition de recyclage. Dans une dimension vertueuse, l’économie circulaire commence-t-elle aussi à être prise en considération ? Bien sûr, c’est un sujet important. Aujourd’hui, nous travaillons par anticipation avec l’Alliance HQE sur la thématique de l’économie circulaire. Il va falloir tester des indicateurs afin de rendre plus visibles les efforts qui sont faits dans ce sens, car le public y est de plus en plus sensible. Comme la rénovation énergétique, c’est un sujet très important pour lequel il faut agir sans montrer d’hésitation, même s’il y a encore un peu de travail.
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