BTR 482
12 BATIRAMA N°482 I DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 ACTUALITÉ REPÈRES La FNBM s’interroge sur l’avenir de la distribution à l’heure des plateformes numériques. Elle s’inquiète aussi du retard accumulé en matière de rénovation énergétique. F idèle à la tradition, la FNBM* a réu- ni quelque 200 fournisseurs indus- triels partenaires et distributeurs de matériaux de construction et de bois, lors de son déjeuner-rencontre annuel. A cette occasion, son président Franck Bernigaud a dressé un bilan des actions menées et brossé à grands traits les pers- pectives économiques pour la profession. « Alors qu’elle est au cœur de la filière du bâtiment depuis longtemps, notre propre filière souffre d’un réel déficit de notorié- té, a regretté Franck Bernigaud. Ce déficit d’image nuit à nos besoins en recrutement qui se traduisent par plusieurs milliers d’em- plois ». Le président fait toutefois montre d’une satisfaction légitime : « notre chiffre d’affaires a enregistré une croissance de 3,1 % et nous pouvons nous féliciter de cette croissance continue, même si cette fin d’année semble montrer des signes d’essoufflement, augurant sans doute d’une contraction pour 2019 ». Le retard de la rénovation thermique Franck Bernigaud devait également regret- ter le retard accumulé par le secteur de la rénovation énergétique. Un thème repris par Marjolaine Meynier-Millefert, députée LERM de la 10 e circonscription de l’Isère et binôme d’Alain Maugard sur la concer- tation du Plan de la Rénovation Energé- tique présenté voici un an. Leur mission consiste en effet à massifier les chantiers en matière de rénovation énergétique, afin de remplir les objectifs du Plan climat. « Il s’agit de lutter contre la précarité éner- gétique pour porter l’objectif de rénovation des passoires thermiques à 150000 par an, a précisé la députée. Nous participons bien sûr à la campagne « Faire » lancée avec l’Ademe en Septembre dernier (acronyme de Faciliter, Accompagner et Informer pour la Rénovation Energétique), campagne qui s’effectuera sur 3 ans (jusqu’en 2020) et vise à toucher plusieurs publics : les parti- culiers, les professionnels du secteur de la rénovation, et les collectivités territoriales ». Accélérer le processus de rénovation énergétique La tâche du Plan de la Rénovation Energétique est multiforme. Elle concerne aussi la fiabilisation du DPE, le dévelop- pement du carnet numérique, véritable « carte vitale » d’un bâtiment, ou encore la pérennisation du programme « Habiter Mieux » de l’Anah. « Il est indispensable d’accélérer la mise en œuvre de ce Plan et de concrétiser les objectifs du Plan Climat, alors que les retards s’accumulent (ainsi 300 000 logements sont rénovés chaque année au lieu des 500 000 pré- vus)…» Enfin, dernier point d’accord avec la FNBM : le recyclage des déchets. Rappelons que le Conseil d’Etat a vali- dé en août 2018 le décret du 10 mars 2016, découlant de la loi de transition énergétique, selon lequel les distribu- teurs de matériaux de construction pour les professionnels se voient obligés d’or- ganiser la reprise des déchets de leurs clients. Une disposition qui a provoqué la colère des fédérations du secteur, qui reprochent aux pouvoirs publics de ne pas avoir assujetti les GSB aux mêmes obligations. « Votre profession a sans doute raison d’être contre la gratuité des déchets. Cette gratuité est un leurre et la récupération des déchets ne peut qu’avoir un coût ! » a réagi la députée dont l’intervention a été applaudie. MICHÈLE FOURRET * Fédération du négoce de bois et des maté- riaux de construction Rencontre avec la distribution de demain INDUSTRIE-NÉGOCE PLATEFORMES : LES 3 SOLUTIONS DE PHILIPPE MOATI La FNMB devait enfin accueillir Philippe Moati, directeur de recherche au Credoc, où il co-dirige le département « Commerce et services ». Cet invité d’honneur s’est attaché à définir la « plateformisation » du commerce : « les plateformes d’e-commerce sont des activateurs de médiations, le distributeur devenant un gestionnaire d’acteurs : les « surtraitants » (fournisseurs) se posent avec leurs produits sur la plateforme et entrent en contact avec les clients finaux . Ainsi, Amazon, 148 milliards d’euros en 2017, détient 50 % de l’e-commerce américain, travaille avec deux millions de surtraitants et propose 250 millions de produits ». Un panorama qui peut faire peur au négoce, d’autant qu’Amazon est talonnée par le chinois AliBaba et sans doute bientôt Google. Alors que faire face à ces géants ? Philippe Moati voit trois solutions. La première consiste à se greffer sur une plateforme. « Mais on se heurte ici à un gros problème de concurrence interne et au risque de perdre ses clients ». Deuxième solution : créer sa propre plateforme, ce qui se révèle délicat, pour les entrants. Alors reste peut-être une nouvelle voie, celle d’un modèle « serviciel », qui joue la spécialisation et permette aux clients d’atteindre la solution qu’il recherche dans une totale prise en charge, le transformant en acteur captif d’un éco- système… ».
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