BTR 482
BATIRAMA N°482 I DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 45 DOSSIERS BIM © COSTE ARCHITECTURES Attendu depuis des années par les acteurs de la construction, le processus BIM est en passe de s’imposer à chaque étape du chantier en s’adaptant à tous les métiers et aux divers supports mobiles ou fixes. L a révolution numérique se vit au quotidien dans le bâtiment y com- pris sur chantier avec l’essor des smartphones, tablettes, scanners laser et drones. Côté conception, les archi- tectes ont lâché la bride à leur imagina- tion. La complexité accrue des enveloppes courbes et des assemblages multi-ma- tériaux demande des outils puissants de conception et de simulation. Pour tous les acteurs, la quantité d’informations à trai- ter, trier, analyser et classifier, explose et devient quasi ingérable. Cette évolution annonce la fin de l’approche classique du travail où chaque métier travaille dans sa tour d’ivoire, se contentant d’échanger toutes les semaines des plans 2D numé- rotés et des tableaux excel. La multiplicité de saisie de la même information entraîne des risques d’erreurs. Réduire les risques d’erreurs L’étape de synthèse devient de plus en plus lourde et sur le chantier les conséquences d’une information pas transmise ou non mise à jour peuvent se révéler coûteuses. La Modélisation des Informations d’une Construction ou BIM (Building Information Modeling) se veut une réponse à ces défis en standardisant un processus complet de création, de gestion et de traçabilité des données numériques. L’ensemble du cycle de vie de l’ouvrage est concerné ainsi que tous les intervenants qui collaborent sur un chantier, même si au départ ce sont plutôt les grandes structures (maîtrises d’ouvrage, architectes, majors et bureaux d’ingénierie..) qui ont franchi le pas. Une ambition multiple Dans cette nouvelle approche de la modé- lisation, le dessin à plat de traits pour faire des plans est le premier verrou qui a sauté. L’apprentissage de la modélisa- tion paramétrique 3D est généralement un préalable pour les concepteurs et les entreprises. Une fois maîtrisée, cette tech- nique permet de concevoir et de modifier rapidement des formes courbes ou com- plexes, ainsi que des locaux techniques ou des réseaux compliqués et d’en extraire si besoin tous types de plans et élévations. En outre, les composants de la maquette sont enrichis avec leurs natures et proprié- tés. Sous la baguette magique du BIM, un mur se révèle être un voile en béton isolé avec des valeurs de performances ther- miques et acoustiques. Ces objets sont reliés entre eux : la fenêtre est dans le mur, la cloison est à l’intérieur du salon... Bien entendu il faut soigneusement définir au départ le cahier des charges BIM afin de ne pas sombrer sous la charge de travail et de ne pas se perdre dans les méandres d’une maquette mal conçue. FRANÇOIS PLOYE Un ami qui vous veut du bien LE BIM TÉMOIGNAGE EXPERT Sam Cordier, responsable cellule BIM de l’Agence Coste Architectures Maquette BIM de la piscine du Carrousel à Dijon Nous assurons la responsabilité de BIM manager sur des projets techniquement complexes comme actuellement celui du chantier de la piscine du Carrousel à Dijon. L’enveloppe architecturale du projet contient des formes courbes, multiples et végétales. Chaque déplacement de quelques centimètres génère un plan différent. Le recours à la 3D pour concevoir cette typologie de bâtiment est indispensable. En BIM, les données échangées sont nécessairement au standard iso IFC mais en pratique la qualité des éléments livrés est très variable. Dans tous les cas, les données doivent être contrôlées et bien structurées. Un objet mal classifié avec un mauvais niveau de détails, suffit à bloquer le process en cas de non respect du cahier des charges BIM. Nous avons reçu dernièrement un fichier IFC qui refusait toute ouverture. Un simple cube de 20 cm de coté était décrit spatialement avec un million de polygones là où six suffisaient en respectant le niveau de détails demandé soit du LOD 300 ! Un objet, de type famille Revit de 15 Mo téléchargé d’Internet et présent en vingt occurrences dans la maquette, bloquait tout affichage possible…. Au delà du niveau de définition des géométries, nous rencontrons parfois sur la méthode des cas dramatiques comme celui de sociétés qui continuent à travailler traditionnellement en 2D DWG tout en modélisant en parallèle en 3D BIM. Les plans n’étant pas extraits de la maquette, il existe un risque d’incohérence entre les plans 2D et le modèle 3D. C’est un exemple d’aberration de l’utilisation du process BIM.
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