BTR 482

6 BATIRAMA N°482 I DÉCEMBRE 2018 - JANVIER 2019 ACTUALITÉ REPÈRES Cela fait bientôt 6 ans que Steve Paton participe à la rénovation du château de Versigny (60). Le jeune tailleur de pierre s’est vu confier cette année la restauration de deux perrons… E n sud Picardie, entre Senlis et Chan- tilly, le domaine de Versigny s’étend sur 22 hectares. Depuis cet été, une campagne de restauration a débuté au château de Versigny, ancien domaine royal construit de 1640 à 1690 et classé monument historique. Jusqu’au début du XX e siècle, le château, devenu la proprié- té de la famille de Kersaint en 1848, a été réaménagé par ses propriétaires successifs mais la Seconde Guerre mondiale ne l’a pas épargné. Depuis, un grand programme de rénovation incluant de lourds travaux a été mis en route. Cette année, ce sont les deux perrons (côté jardins et cour d’honneur) qui se refont une beauté. Objectif du chantier : démonter l’ensemble des édifices et les remonter intégralement. Les deux struc- tures en pierre menaçaient de s’écrouler et leurs accès avaient été fermés par sécurité. 6 mois de travail pour la restauration des perrons Ce chantier de longue haleine, qui néces- site 6 mois de travail, a été confié à un artisan tailleur de pierre de la région, Steve Paton. Agé de 37 ans, le professionnel ins- tallé à son compte depuis 2005, participe à la rénovation de ce château depuis 6 ans. Il a déjà rénové les balustrades et les cor- niches de l’une des façades ainsi que l’es- calier d’intérieur du Bâtiment. Aidé par un compagnon itinérant titulaire d’un CAP, l’artisan a dû déposer ce perron pierre par pierre (200 à 500 kg / pièce, à l’aide d’un élévateur), soit 25 palettes de pierre repré- sentant l’équivalent de 40 tonnes. Un travail coordonné avec le maçon Il faut dire que le perron représente une belle surface avec ses 15 m de large sur 6 m de profondeur et des balustrades qui atteignent 3,5 m de haut. Un maçon intervient également sur la structure après la dépose des pierres en roche tendre. Ce collègue maçon, Jérôme Lisowski, 51 ans, prépare le fonds de fouille pour couler les fondations, puis il met en oeuvre le plancher qui permettra de soutenir et de reconstruire à l’identique le nouvel escalier du perron. « Nous nous aidons mutuellement sur ce chantier pour nous permettre d’avancer de façon coordonnée » expliquent Jérôme et Steve qui travaillent ensemble depuis un an. A l’abri des intempéries Sur place, Steve Paton a aménagé une structure d’échafaudage avec un large « couvre-alu » pour travailler à l’abri des intempéries. Après la dépose des blocs, l’artisan retaillera les parties abimées des pierres avant de les reposer une à une. Son outillage se compose d’outils manuels tradi- tionnels qu’il manie depuis 20 ans : chemin de fer, disqueuse, ciseau à pierre... « C’est un travail plutôt classique que je dois réa- liser pour ce chantier, même s’il demande un peu de réflexion en amont » confie Steve Paton. Quelques surprises liées au mauvais état de la structure sont apparues, nécessitant de nouvelles interventions. « Mais le propriétaire a compris les aléas du chantier et n’a pas hésité à poursuivre les travaux. Il souhaite que les ouvrages restaurés tiennent au moins 100 ans. Alors là, il pourra être tranquille… » garantit le tailleur de pierre, confiant. F. LEROY Steve Paton, tailleur de pierre, rénove un château depuis 6 ans UN ARTISAN, UN CHANTIER CHERCHE SALARIÉ DÉSESPÉRÉMENT Steve Paton, a obtenu son CAP taille de pierre en 1998, après avoir passé deux ans au lycée professionnel d’Amiens. Après le CAP, il effectue son tour de France en tant que Compagnon. Reçu Compagnon en 2004, il s’installe à son compte en 2005. Il travaille pour les particuliers et les collectivités. Une partie de son activité est consacrée aux travaux de restauration dans l’ancien et il réalise également des ouvrages neufs (cuisine, escaliers, cheminées, salles de bains, gravures…) ainsi que de l’hydrogommage, des enduits /badigeons. Depuis deux ans, Steve Paton cherche à recruter un salarié, sans succès. Quelles qualités sont requises pour devenir tailleur de pierre ? « Il faut aimer le tracé car 90 % des pièces doivent être dessinées à l’avance, répond l’artisan. Mais il faut également avoir envie d’apprendre le métier et surtout envie d’y rester… ». UNE SUBVENTION POUR RESTAURER LE CHATEAU L’association franco-américaine French Heritage Society a accordé une subvention de 20 000 $ au « propriétaire gestionnaire », du domaine de Versigny. Cet organisme, qui soutient le patrimoine historique en France et d’inspiration française aux Etats-Unis, a déjà attribué 550 prix de restauration en 35 ans. Steve Paton restaure deux perrons en pierre au château de Versigny

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