BTR 483

BATIRAMA N°483 I FÉVRIER - MARS 2019 11 ACTUALITÉ REPÈRES La 2 e rencontre nationale des auditeurs RGE de Qualibat a permis de dresser l’état des lieux des dérives entreprises sensées accompagner les particuliers dans leurs efforts de rénovation thermique. L e bilan présenté par quelque 120 des 300 auditeurs venus partici- per aux deuxièmes rencontres natio- nales devant leurs pairs est inquiétant. Le groupe de travail sur les menuiseries extérieures relève des écarts flagrants sur des sujets aussi basiques que la ventila- tion des pièces de vie (pas de bouche, une bouche sur la menuiserie dans logement avec une double flux, pas de détalonnage des portes), l’étanchéité au périmètre des menuiseries (bouchage à la mousse polyu- réthane, pas de joints de compression…). Des « manquements à l’installation » Les auditeurs des entreprises de génie clima- tique mentionnent le défaut de certificat de conformité gaz – même par les entreprises « PG » (Professionnel du gaz) – le place- ment de la sonde extérieure des chaudières à moins de 20 cm du terminal de ventouse, l’absence de liaison équipotentielle des canalisations métalliques, le défaut de ven- tilation du local de la cuve fioul… La VMC est parfois nettement négligée : rejet de l’air vicié dans les combles perdus, utilisation de gaines non calorifugées dans les zones non chauffées… Fortement promues, les pompes à chaleur révèlent une foultitude de manquements à l’installation, qu’ils soient d’ordre hydraulique (pas de disconnecteur, de désemboueur ou de ballon tampon), électrique, voire de conception (pas de note de calcul). Un réel défaut de connaissances Le constat est parfois plus inquiétant lors de la présentation des non conformi- tés techniques de la pose d’isolants et de l’étanchéité à l’air. Exemples : des isolants en polyuréthane sont « moussés » sur un conduit de cheminée sans aucun respect de la garde au feu ; un film d’étanchéité à l’air est d’abord scotché sur le conduit de fumée d’une chaudière au bois – certes, à double paroi isolée, mais très chaud –, puis large- ment découpé au cutter après la remarque de l’auditeur RGE… Double effet kiss cool. Ces contrôleurs remarquent aussi les effets d’une mauvaise organisation des chantiers – l’électricien ou le plombier venant dépla- cer ou dégrader l’isolation et l’étanchéité à l’air précédemment posées –, le positionne- ment erroné du pare-vapeur du côté froid de la paroi, une construction de paroi opa- que séparative perpendiculaire à une baie, un soufflage de laine dans les combles qui ne respecte pas les écarts au feu ou non complété de la création d’un chemin de service… Méconnaissance des règles de l’Art Aux écarts techniques s’ajoutent des défauts dans la relation commerciale, essentielle- ment unmanque de transmission d’informa- tions techniques sur les produits et systèmes installés, ainsi que sur leur prise en main. Les auditeurs en conviennent : ces cas extrêmes témoignent de méconnaissances des règles de l’art, DTU, règles profession- nelles, voire des modes de pose contenus dans les avis techniques. Ils soulignent aussi que certains installateurs ont une « approche thermique insuffisante » et acceptent des défauts de préconisation sur demande des clients. Exemple : le refus de bouches d’aération sur les menuiseries, la pose de capteurs photovoltaïques sous un masque solaire, « parce que c’était juste pour passer en RT 2012 ». Et s’ils connaissent les principes de mise en œuvre… certains ne les appliquent pas. Auditeur et entreprises se parlent En réponse, Alain Maugard suggère que l’audit de chantier « devienne plus pédagogique. L’auditeur parle “métier ” avec l’entreprise, et il doit se préoccuper de savoir s’il connaît les règles de l’art. Ensemble, ils doivent discuter afin de travailler sur des points de vigilance. » Pour utile qu’elle paraît, cette évolution vers une attitude « juge et partie » des auditeurs a cependant encore besoin d’une approbation des pouvoirs publics. Ce que le président de Qualibat dit s’employer actuellement à défendre auprès de l’administration. Par ailleurs, la qualifica- tion de quelque 60000 entreprises par Qua- libat produit un véritable examen de l’état des connaissances de la filière construction. Avec les autres certificateurs, Qualit’EnR et Qualif’Elec, l’ Ademe s’est saisi du sujet pour rédiger des fiches d’alertes sur les points techniques les plus critiques à l’intention de toutes les entreprises. B. REINTEAU RGE : pleins feux sur les écarts techniques… à éviter ! Des non conformités apparaissent lors de la pose d’isolants et de l’étanchéité à l’air. Exemple : sur un conduit de cheminée Une mauvaise organisation de chantier peut conduire à la construction d’une paroi opaque séparative perpendiculaire à une baie.

RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc5MjEx