BTR 483
BATIRAMA N°483 I FÉVRIER - MARS 2019 7 ACTUALITÉ REPÈRES C’est donc en 2006 que le jeune maçon, soutenu et aidé par son ex-patron, décide de créer son entreprise à Bréval, une SARL*. « Je n’étais pas intéressé par des postes de chef de chantier dans les grosses entreprises du Bâtiment. Le gros béton ne m’intéresse pas » explique Charly qui précise : « J’aime bien les petits chantiers de maçonnerie-carrelage qui durent 3 ou 4 semaines car c’est beaucoup de relations humaines. Je passe parfois beaucoup de temps à discuter avec les clients dont les « petites grands-mères », et c’est très enri- chissant » déclare-t-il enthousiaste. Lors- qu’il s’installe en 2006, Charly bénéficie de plusieurs aides dont l’ACCRE et d’un prêt bancaire sans intérêt de 7000 euros, en tant qu’adhérent d’une plateforme constituée d’entreprises, de banques et avocats. Une clientèle locale grâce au bouche-à- oreille Mais c’est surtout son ex-patron qui lui met le pied à l’étrier en lui cédant du matériel à des conditions avantageuses, dont un camion. « J’avais déjà tout mon matériel et peu de gros investissements à effectuer pour démarrer. Il me fallait un peu d’argent pour constituer mon fond de rou- lement » souligne Charly. Ce dernier peut ainsi démarrer son activité chez lui, à Bré- val, dans sa maison. Le bouche-à-oreille lui permet rapidement de se constituer une clientèle essentiellement locale. Charly a même travaillé pour la mairie de Bréval en installant des rampes d’accès sur divers lieux public, dont la mairie et l’église du village. En 2012, il décide d’investir en achetant un entrepôt pour y stocker ses outils de travail et son matériel. Acquisition d’un entrepôt en zone artisanale Moyennant un « gros emprunt », - il devra débourser 245000 euros-, notre maçon part s’installer en zone artisanale de Bré- val dans 240 m 2 de hangar sur un terrain de 1000 m 2 . « Si je n’avais pas acheté, il aurait fallu que je loue un entrepôt à fonds perdus » justifie Charly. Cet entre- pôt permet en effet à l’artisan maçon de stocker son matériel et une partie de ses matériaux. C’est aussi son atelier de travail. « J’investis mes bénéfices dans le matériel car je veux travailler avec des outils neufs et entretenus et le plus intelligemment possible, c’est-à-dire de manière opti- misée » renchérit l’artisan qui poursuit : « Si je travaille avec la pioche ou la pelle, je ne serai pas près d’avancer et ne serai pas pris au sérieux par mes clients ». Des outils et du matériel performant De fait, l’artisan a acquis un camion ampli- roll (ndlr : système de bras articulés) dont les bennes (qui se posent au sol) peuvent supporter le poids d’une bétonnière et du sable nécessaire à la fabrication de béton. « Tous les matériaux et outils sont stoc- kés dans ma benne qui reste à demeure chez le client pendant les travaux. De cette manière, je limite les manutentions diffi- ciles, d’autant que je travaille seul. Et, par ailleurs, je ne salis pas la cour ou le jardin du client chez lequel j’interviens. » Dépannage, entraide et bonne entente Autre avantage de son installation en zone artisanale : Charly a fait connaissance avec ses voisins immédiats dont la plupart sont artisans du Bâtiment. Il y a notamment un couvreur, deux maçons, un peintre, un spécialiste de l’isolation, un vitrier et 3 paysagistes. « Nous nous entraidons les uns et les autres et si besoin, à l’occasion, nous travaillons l’un pour l’autre » indique Charly. De bonnes relations se sont tissées entre les professionnels de la zone arti- sanale où règne une bonne ambiance, selon le maçon. Un repas annuel est même organisé dans l’entrepôt de chacun des artisans, à tour de rôle. Dépannage, entraide et bonne entente, des ingré- dients essentiels aujourd’hui au métier et à la vie de Charly… FABIENNE LEROY *il réalise entre 170000 et 190000 euros de CA annuel EMBAUCHER DU PERSONNEL : « MISSION IMPOSSIBLE » Ces relations de travail intelligentes entre confrères sont capitales pour maintenir l’activité artisanale sur le territoire, aux yeux du jeune maçon. « Nous avons tous essayé de recruter du personnel, mais c’est une mission impossible. Cela fait 3 ans que je tente d’embaucher un maçon pour ma part, et ce n’est pas une question de salaire. Alors, je me suis fait une raison, et je préfère refuser des chantiers et poursuivre l’activité à mon rythme » regrette Charly qui ajoute : « C’est un vrai problème, car les formations professionnelles proposées pour ces métiers d’avenir sont bonnes et les rémunérations sont intéressantes, mais on n’a pas les jeunes… ». Les carnets de commande de Charly s’étendent jusqu’au mois d’octobre/ novembre. Et l’annonce de la baisse d’activité du Bâtiment en 2019 ne semble pas affecter le professionnel qui mise sur une clientèle fidèle et locale de particuliers… avec laquelle de nombreuses relations amicales se sont tissées.
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