BTR 484

26 BATIRAMA N°484 I AVRIL - MAI 2019 DOSSIERS BOIS MATÉRIAU BOIS Au cours des 50 dernières années, le matériau bois n’a cessé de chercher à reprendre la position perdue au milieu du 20 e siècle. La filière a remonté la pente à la faveur d’innovations venues d’Europe continentale et du développement des principes environnementaux. E n parois verticales ou en toiture, fin des années 60, le bois était utilisé de manière traditionnelle. Les charpen- tiers, riches de savoir-faire multiséculaires, s’étaient cependant adaptés à quelques modes constructifs des années 50-60. Pour s’en rendre compte, il suffisait de regarder les démolitions d’immeubles dans certains quartiers en province, dans le cadre des projets Anru, fin des années 2000 ; les char- pentes des premiers HLM apparaissaient remarquables de rusticité et montrait une belle résistance sous les coups de pelle. Cependant, après une éclipse de quasiment un demi-siècle de la construction à ossature bois, les choses commencent à changer au tournant des années 60-70. En particulier, l’industrialisation a convaincu de l’usage de solives de section plus réduites et plus den- sément réparties. Sont ainsi apparus des bois résineux, des panneaux, des liaisons mécaniques… qui ont conduit à la création de « constructions légères ». Aujourd’hui, les immeubles et tours en bois voient le jour, cherchant à battre des records d’étages dans le monde : on enregistre 85 m de hauteur en Norvège avec des éléments en lamellé collé, du CLT et du Kerto LVL… BERNARD REINTEAU Bois : du composant à la solution globale La productivité du bois n’a cessé d’être améliorée. La fermette a en particulier profité de l’arrivée de l’informatique. À sa création, un fournisseur demandait un délai de trois jours pour livrer la charpente d’une maison de 120 m² ; fin des années 90, avec les outils de gestion de production, une demi-journée suffisait. Cette solution reste majoritaire en maison individuelle. Autre grande innovation apparue à peu près au même moment : le lamellé collé. Cette technique, imaginée au début du 20 e siècle en Suisse, assemble des bois de qualités mécaniques différentes à l’aide de colles pour former des poutres, portiques et colonnes massives, droites ou à articulations. Leur mise au point a ouvert la voie à la construction de vastes halls, sans poteau intermédiaire – il est possible de dépasser les 150 m de portée – ; elles rappellent les structures de fonte du début du 20 e siècle. Leur conception permet de reprendre plus d’efforts qu’une poutre de bois brut, et la souplesse de leur mode de production sur mesure permet de les adapter à chaque site. Le matériau étant cinq fois plus léger que le béton, il permet au concepteur d’économiser sur le poste fondations. Le lamellé-collé s’est ainsi imposé pour la construction de gymnases, de piscines, de locaux industriels… Pour autant, cette solution répond aux marchés de niche. De fait, le début des années 70 est marqué par deux textes incon- tournables : le DTU P21-701 et le DTU 31.2 En mars 1971 paraît le DTU P21-701, dit « règles CB 71 », qui fixera les grands principes de la construction bois jusqu’en 2010. Il sera progressivement remplacé par l’Eurocode 5, texte éla- boré à partir du milieu des années 90 et applicable dès 2005. En 1972 sort le DTU31.2, norme française de construction de maisons et bâtiments à ossature bois. À noter que sa première version ne s’appliquait qu’aux maisons individuelles. Une nouvelle version vient d’être rédigée et adressée à l’Afnor ; elle devrait paraître dans les prochains mois. Ce texte est donc toujours d’ac- tualité. Ce tournant des années 70 voit apparaître nombre d’innovations techniques, fondamentales pour l’évo- lution des solutions actuelles. L’une des créations emblématiques de cette époque est la fermette industrialisée. En rupture totale avec la charpente tra- ditionnelle, elle repose sur la répétitivité de membrure de petite section tous les 60 à 90 cm. Concept issu d’une analyse de la valeur telle que l’industrie aime à en faire – on retient juste la quanti- té de matière nécessaire –, il assure la stabilité perpendiculaire de la toiture et la reprise des efforts liés aux charges (tuiles, isolation, neige et vent). © V-KRIEGER LE BOIS S’ADAPTE AUX NOUVEAUX MODES DE CONSTRUCTION ANNÉES 70 : LES RÈGLES SONT POSÉES

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