BTR 484
BATIRAMA N°484 I AVRIL - MAI 2019 27 DOSSIERS BOIS Le secteur de la construction bois garde l’ambition de se placer en construction d’immeubles, qu’il s’agisse de logements ou de bureaux. Et cela, grâce à deux innova- tions. Le déclic se produit vers l’an 2000 avec la diffusion de deux innovations. En premier : les poutres en I pour les planchers et charpentes, une combinaison de panneau d’OSB maintenu par deux membrures rainurées en bois brut. Les pièces de dif- férentes hauteurs sont disponibles en longueur maximale de 12 m, contre généralement 5 à 6 m en bois brut. Concepteur du produit dans les années 80, le finlandais Finforest décroche un avis technique en 2007. Second produit innovant : les pan- neaux de préfabrication en lits de bois brut croisés, dits CLT pour « cross laminated timber ». Destinées aux parois verticales, ils peuvent être produits en hauteur de 3 m et en longueur de 12 à 16 m ! Cette innovation tient aux travaux de R&D des scieurs allemands et autrichiens pour optimiser leur ressource en lui apportant une forte valeur ajoutée, et adapter le bois brut aux nouveaux modes constructifs. L’autrichien KLH, représenté en France par le scieur vosgien Lignatec, obtient un avis tech- nique en 2002. Apparition de nouveaux composants Dès les années 90, ces matériaux structurels ont intéressé les constructeurs et les architectes. Il faut rappeler l’engouement pour la haute qualité environnementale, la HQE, lancée à cette période. Les publications spécialisées présentent des réalisations écologiques et innovantes produites en Scandinavie et dans les régions allemandes du Bade Wurtenberg, et autrichiennes du Vorarlberg. Ces nouveaux composants associent modernité et montage « mécaniques » rapide à l’aide de connecteurs métal- liques ; ils respectent aussi la tradition – comme les liaisons tenons-mortaises – et proposent une finition brute élégante. Les architectes ont su exploiter leurs propriétés esthétiques tout en montrant leurs capacités techniques. Un essor est offert au matériau bois avec la parution de la réglementation thermique 2012 (RT 2012). Ce texte souligne « en creux » des objectifs techniques que le bois est à même de relever de manière simple et éprouvée : réduction des déperditions thermiques des parois et toitures, chasse aux ponts thermiques, isolation répartie, iner- tie thermique, étanchéité à l’air… Déjà, à la faveur du label BBC apparu au milieu des années 2000, démarche soutenue par les collectivités locales, des notions telles que « ressource locale », « matériaux renouvelables », « biosourcés », « neutralité car- bone », « valeur verte »… prennent corps. En filigrane, derrière ces initiatives, une question se pose : le bois sera- t-il le matériau de la lutte contre le changement climatique ? Pour affuter la réponse d’arguments objectifs, les pouvoirs publics ont mis sur pied, en 2009, le Codifab, un comité pro- fessionnel de développement des indus- tries du bois chargé de mettre à niveau les connaissances techniques et savoir-faire de la filière sur ces sujets pointus. De 2009 à 2012, il porte un « plan bois 1 » qui bénéficie de 4 M€ de financement issu du rassemblement des taxes versées par les acteurs de la filière. Les travaux ont porté sur l’incendie, la sismicité, les modèles de structures… Les résultats sont rapides. Et l’ambition de proposer des tours à ossa- ture bois, de 28 m et plus (on parle de 50 m et, ailleurs, de 100 m), n’est plus une utopie. Les aménageurs publics et les maîtres d’ouvrages s’intéressent de près au concept « bas carbone ». Des collec- tivités – EpaMarne dans l’est parisien ou la ville de Saint-Étienne – ont placé leur réflexion urbaine sous ce vocable ; le bois y a été consacré comme matériau de choix pour les nouveaux projets. Un comportement énergétique intéressant Le « plan bois 2 » du Codifab, de 2012 à 2016, oriente la filière vers les outils de formation, la valorisation des feuillus en construction, sur l’utilisation du bois en rénovation. L’actuel « Plan bois 3 » se donne pour mission de diffuser toute l’information acquise auprès des profes- sionnels, d’accompagner la maîtrise d’ou- vrage et de soutenir le développement technique de la filière via la digitalisation. En France, fort de ce succès, la réglemen- tation thermique 2020 testée sur la base du référentiel E+C- vient confirmer le bas- culement. Une douzaine de chantiers de préfiguration sont menés en bois ou en solutions mixtes béton-bois. Satisfaction suprême : après mise en exploitation des bâtiments, on s’aperçoit que les résultats de comportements énergétiques sont, avec le bois, les plus proches de ceux affi- chés en modélisation initiale. Ce travail donne actuellement lieu à une compila- tion de données par le centre technique FCBA. Le document devrait être mis à dis- position d’ici cet été. ANNÉES 2000 : VISER HAUT ! 2010 À AUJOURD’HUI : LE BOIS PEUT-IL LUTTER CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ?
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