BTR 484
BATIRAMA N°484 I AVRIL - MAI 2019 37 DOSSIERS ISOLATION PLANCHER Il faudra attendre près de 33 ans pour que les planchers poutrelles hourdis s’envisagent autrement. La solution de plancher sur vide sani- taire se développe à grande vitesse. « La réglementation thermique (RT) 2012 pour les planchers bas sur vide sanitaire a été une vraie réglementation de rup- ture », indique Serri. Et pour cause. Elle introduit une obligation, « celle de trai- ter les ponts thermiques. Dans les années 1980, les planchers sur vide sanitaire n’étaient pas systématiques. Quand ils étaient réalisés, il s’agissait plutôt de plan- chers avec des entrevous en maçonnerie béton aggloméré ou terre cuite, note Marc Granier, directeur bâtiment et génie civil au sein de l’Apave. Puis sont apparus, les systèmes de planchers réalisés à par- tir de poutrelles préfabriquées en béton, associées à des entrevous polystyrène à languette ». Une solution devenue un classique qui a ensuite répondu à la contrainte réglementaire en se dotant de rupteurs de ponts thermiques longitudi- naux et transversaux. « Elle a été une pre- mière réponse thermique et à un besoin d’économie d’énergie en favorisant une meilleure isolation de l’enveloppe », reprend Julien Serri. Des délais de mise en oeuvre rac- courcis « Cette solution offre un très bon compro- mis entre l’épaisseur de la languette de l’entrevous et la performance thermique globale du plancher », appuie Marc Gra- nier. Mais pas seulement. « Tous ces sys- tèmes ont élargi l’offre préfabriquée. Ils sont également des réponses adaptées à des notions de délais », continue le délégué technique au sein de LCA-FFB. « En plus de la RT 2012, notre partenaire industriel a été un acteur important. Pen- dant la crise du bâtiment, les fabricants ont continué à innover et à rester à notre écoute afin de baisser les coûts de construction et d’agir d’un point de vue de la pénibilité sur les chantiers. Et cela a été encore plus vrai pour les planchers sur vide sanitaire ». À l’instar des entrevous composés d’aggloméré de bois et de ciment ou de polypropylène dont la légè- reté a grandement facilité la manuten- tion, la mise en œuvre, et de fait réduit la fatigue pour les compagnons. RT 2012 : VERS DES PLANCHERS TOUT EN UN Sur ce marché des planchers bas sur vides sanitaires, une autre innovation de rupture consécutive à la RT 2012, reste notable. « Désormais, nous avons l’alternative demettre enœuvre soit des planchers poutrelles hourdis associés des entrevous non isolants dont la performance thermique dépend de l’épaisseur et de la nature de l’isolant en sous-face de la dalle flottante, soit des planchers qui ne sont pas uniquement structurels, mais également isolants et chauf- fants », ajoute Julien Serri. Des nouveaux procédés qui ne nécessitent pas de sys- tèmes de levage, et qui permettent de s’affranchir de la chape flottante. D’abord, la performance thermique du plancher bas est assurée par la gamme d’entrevous et de rupteurs thermiques proposée. Ensuite, les tubes du chauffage sont intégrés non pas dans la chape flottante, mais dans la dalle de compression qui affiche seulement 56mmd’épaisseur pour une structure également composée de poutrelles sans étais, et d’entrevous moulés. Ainsi, le circuit de chauffage ne nécessite ni isolant rapporté, ni dalle flottante. Attention au respect du NF DTU 23.5 Cette réponse est d’autant plus pertinente que la question d’incorporations dans les planchers reste problématique pour les maçons. Car souvent, pour faire l’économie d’une chape de ravoirage, les gaines de plomberie ou de chauffage sont incorporées directement dans la dalle de compression sur les poutrelles et entrevous. Or, elles doivent normalement être positionnées… dans une chape. Conséquence : des sinistres apparaissent. Si ces systèmes de planchers permettent d’intégrer les tubes de chauffage dans la dalle de compression, attention à son épaisseur. Le nouveau NF DTU 23.5 proscrit toute incorporation de gaines dans une dalle de d’épaisseur inférieure à 5 cm. Pas question non plus de s’affranchir avec ces nouveaux systèmes tout en un de la gestion des interfaces. Reste que les efforts industriels ont permis d’alimenter le marché, « de produits aujourd’hui très techniques et très performants aussi d’un point de vue thermique. Néanmoins, ils nécessitent du personnel qualifié, et une compétence accrue », note le délégué technique de la FFB. 1969 – 2012 : UNE PÉNIBILITÉ RÉDUITE Des planchers tout en un apparaissent en intégrant le chauffage © SEAC 2020 : VERS UNE STRUCTURE GROS ŒUVRE ALLÉGÉE ET BAS CARBONE Alors que la plupart des innova- tions dans le bâtiment ont suivi les réglementations thermiques, quel va être l’impact de la Réglementa- tion environnementale (RE) 2020 fondée sur le label E+ C- pour ces planchers poutrelles-hourdis sur vide sanitaire ? La RE 2020 ouvre déjà la voie au déve- loppement des planchers légers, le gain en poids favorisant un allégement de la structure. L’apport de matière étant diminuée, elle améliore l’impact car- bone du bâtiment. « Pour la partie éner- gie, les procédés existants sont déjà très performants au niveau de l’isolation et de la consommation », note Julien Serri. Conséquence : pour franchir le cap de la réduction de l’impact carbone avec un impact non négligeable sur le choix des produits et des modes construc- tifs, le délégué technique de LCA-FFB, augure une réflexion sur la mise en place de béton bas carbone, qui fait appel à des technologies de rupture. « Les industriels en sont déjà à un stade avancé, mais pour l’instant la demande n’est pas là ». Reste que cette évolution va être un des enjeux demain pour ces planchers sur vide sanitaire, entraînant également des changements dans les habitudes de mise en œuvre. Quant à l’entrevous lui, il aura toujours lieu d’être en tant qu’isolant.
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