BTR 484
40 BATIRAMA N°484 I AVRIL - MAI 2019 DOSSIERS ISOLATION TOITURE ISOLATION DE LA TOITURE Poussés par les différentes réglementations thermiques, les isolants en intérieur comme en extérieur n’ont cessé de gagner en épaisseur pour apporter une réponse performante quand un toit mal isolé peut représenter à lui seul près de 30 % des pertes thermiques à travers l’enveloppe du bâtiment. L ’ isolation de la toiture démarre avant celle des murs et des planchers et peu avant le premier choc pétrolier de 1973 et la première Réglementation thermique de 1974. « La première régle- mentation thermique a boosté cette ten- dance en combles perdus et en rampants des combles aménagés. À cette époque, il est constaté que les matériaux utilisés sont principalement à base de laine miné- rale. La laine minérale est utilisée pour les parois des combles avec une mise en œuvre par couche déroulée entre les soli- ves / chevrons », détaille Salem Farkh, chef de division hygrothermique des ouvrages au sein du CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment). À l’époque, il existe peu d’alternatives en matériaux rigides pour réaliser cette isolation par l’intérieur. La réglementation thermique de 1982 après le choc pétrolier de 1979 fixe un nouvel objectif : réduire la consomma- tion énergétique de 20 % par rapport à la RT de 1974. Elle a eu « un impact sur les produits puisque l’épaisseur des isolants a augmenté de 1 à 2 centimètres pour atteindre 3, 4 voire 5 centimètres », ajoute Salem Farkh ; les matériaux utilisés à cette époque sont à base de laine minérale, voire parfois de billes d’argile sur les planchers, et un peu de polystyrène. À partir des années 1990 la ouate de cellulose dans les combles apparaît de façon significative ». La nouvelle réglementation thermique de 1988 commence à imposer des exigences minimales sur les parois opaques. « Elle provoque à nouveau une augmentation de l’épaisseur des isolants ». Les premiers isolants dit écologiques occupent les parois opaques, tels que la fibre de bois, la ouate de cellulose en vrac dans les combles perdus. « À cette époque les isolants réfléchissants commencent à être utilisés pour l’isolation thermique des rampants des combles aménagés », se sou- vient Hafiane Cherkaoui, responsable Pôle Evaluation Division Hygrothermique des ouvrages. « Cette époque marque aussi l’avènement des suspentes pour l’isolation sous chevrons du rampant ». S. LACAZE-HAERTELMEYER Le premier rempart contre le gaspillage d’énergie © UNILIN Après 25 ans d’isolation, la RT 2000 marque un nouveau virage. « Une nouvelle politique fait jour : celle de mettre en place une véritable transi- tion énergétique », explique Hafiane Cherkaoui. « La RT2000 exige des performances thermiques des combles supérieures à celles des autres parois du bâtiment. Une prise de conscience s’opère : isoler la toiture est l’un des premiers remparts contre le gaspillage d’énergie ». Consé- quence : l’épaisseur des isolants effectue un nouveau saut pour atteindre cette fois 14 centimètres en moyenne. Et les industriels eux ont eu un sursaut : celui d’agir pour limiter cette augmentation de l’épaisseur. « L’amélioration de la conduc- tivité thermique intrinsèque des produits isolants, lambda exprimée en W/(m.K) entre en jeu à partir de 2002 pour trouver une alternative à cette augmentation de l’épaisseur. Ce phénomène va continuer d’évoluer jusqu’en 2012 pour garantir les exigences minimales réglementaires. Le lambda de 38 mW/(m.K) descend à 33 puis 32, puis 31 assurant un gain de per- formance de 15 % à épaisseur égale », note Salem Farkh. Le changement le plus sensible touche d’abord le polystyrène « qui opère une amélioration thermique et phonique, puis les laines minérales ont suivi. Reste qu’il n’est plus rare de retrou- ver des épaisseurs de 20 centimètres dans les rampants ou les planchers de combles perdus ». Car en parallèle, les incita- tions financières gouvernementales ont aussi un impact sur le niveau d’isolation en dopant les niveaux de performances exigées. En combles perdus, les isolants en vrac sont de plus en plus utilisés en fortes épaisseurs. « À partir de 2005, la conscience écologique s’installe. Avec à la clé, l’utilisation grandissante de produits d’origine biosourcée : coton, vêtements recyclés, fibres de bois, de chanvre… » Pour accompagner l’arrivée de nouveaux isolants, la certification Acermi se dote d’un référentiel tremplin qui favorise l’in- novation en permettant à de nombreux produits innovants (dont les produits bio- sourcés) de se développer sur le marché de l’isolation. LA RT 2000 PRÉFIGURE LA MODULATION PAR LE LAMBDA
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