BTR 485

20 BATIRAMA N°485 I JUIN - JUILLET 2019 ACTUALITÉ MÉTIERS Ce spécialiste de l’étanchéité s’est spécialisé depuis plus de dix ans en isolation thermique et s’engage fortement en R&D et en production de matériaux biosourcés. C lairement perçue comme une activité très polluante, prédatrice de matières minérales et consom- matrice d’énergies fossiles, la fabrication de produits de construction prend désor- mais en compte ces concepts nouveaux en phase avec la demande des usagers, l’évolution de la réglementation sur les constructions, de même que le souhait des architectes et prescripteurs de propo- ser une offre pertinente de réalisations. Et signe des temps, l’industrie du bâti- ment adopte le vocabulaire de militants en faveur de l’environnement : matériaux biosourcés, économie circulaire… Le vent a tourné, et les fournisseurs de matériaux de construction changent leurs pratiques. Une offre biosourcée validée Le groupe Soprema, connu pour être un important fournisseur d’isolants polyuré- thane et autres membranes bitumineuses, a pris le virage depuis pratiquement une décennie avec ses premières productions à base de ouate de cellulose et de fibre de bois de marque Univercell. Son usine de Cestas, en Gironde, exploite le gisement des déchets de papier-journal du grand sud-ouest pour produire de l’isolant à souffler et en panneaux. Cette unité par- venue à saturation devrait être doublée d’une seconde, probablement dans une autre région de France. Soprema ne com- munique aucun point de chute pour l’ins- tant. Par ailleurs, depuis 2016, ce groupe strasbourgeois est propriétaire du suisse Pavatex, spécialiste des isolants en fibre de bois. L’offre est déclinée pour les murs – notamment en isolation par l’extérieur avec des panneaux de haute densité – et pour les toitures – par insufflation dans les combles ou en revêtement sous couver- ture avec des panneaux de type sarking. Un isolant pour combles et murs performant Pavatex vient d’ailleurs de lancer un isolant pour combles et murs d’une conductivité thermique (lambda, λ ) de 0,036 W/ (m.K). Un niveau pratiquement identique à celui des laines minérales. Ce type de produit a fait ses preuves en termes d’isolation thermique et de confort : 35 cm de cel- lulose assure une résistance thermique de 7 m².K /W. Et, par grosse chaleur estivale, le matériau se démarque par un effet très net sur le confort des occupants en raison d’un déphasage du transfert de chaleur accumulé d’une durée deux fois supérieure à celle des laines minérales, et par une amplitude de relargage ther- mique bien plus faible. Auprès des maîtres d’ouvrage, les prescripteurs peuvent aus- si avancer la confirmation de propriétés environnementales par quelques fiches FDES. Trois des douze références Pavatex en disposent. Plusieurs références Pavatex et Univercell disposent aussi du label « Produit biosourcé ». Anticiper les réglementations environnementales Les raisons de ce développement sont faciles à cerner. Les efforts combinés en matière d’isolation des constructions et de développement des solutions bois ont produit « une croissance annuelle de 10 % du biosourcé depuis deux ans », rappelle Matthieu Lechantre, directeur marketing de Soprema. Très présent sur le marché, le fabricant enregistre, cette année, une progression de ses ventes de 20 %. En développant ses gammes et son volume de production, l’entreprise veut ainsi se don- ner les moyens de porter sa part de marché actuelle de 7 à 8 % des 280 M€ de chiffre d’affaires du marché français de l’isolation à environ 20 % d’ici 4 à 5 ans. Développer la R&D et la production Pour Matthieu Lechantre « il faut accompa- gner le marché pour lui fournir des produits non dépendants du pétrole. » En matière d’étanchéité des toitures-terrasses, il cite les résultats récents de recherches et de déve- loppements qui permettent désormais de proposer des membranes d’étanchéité à base d’huile de colza et de résine de pin. Ce type de développement est caractéristique des productions dites « à froid » et issues des gisements biosourcés : les composants d’ori- gine locale et renouvelables demandent peu d’énergie grise pour l’approvisionnement et la préparation ; de la même manière, le pro- cess de fabrication des produits finis réclame peu de transformation et d’énergie. B. REINTEAU Soprema renforce son offre biosourcée ISOLATION Maisons fibre de bois : L’engouement pour la construction en structure bois entraîne dans le même proportions le marché de l’isolation par l’extérieur avec des panneaux de fibre de bois Lancée il y a 10 ans, l’unité de production d’isolant en ouate de cellulose à base de journaux recyclés de Cestas (33) de Soprema arrive à saturation. Une seconde unité doit ouvrir en France en 2020-2021

RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc5MjEx