BTR 486
12 BATIRAMA N°486 I AOÛT - SEPTEMBRE 2019 ACTUALITÉ MÉTIERS Lafarge Holcim construit une nouvelle ligne de cuisson pour permettre à son usine de Martres-Tolosane (31) d’utiliser plus de déchets comme combustible et pour fabriquer des ciments « bas carbone ». C onstruite en 1956, la cimenterie de Martres-Tolosane, au sud- ouest de Toulouse, avait besoin d’une nouvelle cure de rajeunissement. Avec une deuxième ligne de cuisson high-tech, qui sera opérationnelle à l’au- tomne 2020, elle boucle un programme de modernisation entamé en 2016. « La caractéristique de ce chantier est la diffi- culté à mener les travaux conséquents de la création de la ligne de cuisson au cœur de l’usine, sans en affecter le fonctionne- ment habituel. Les constructions ont lieu sur un espace restreint, qui est clôturé pour garantir la sécurité des intervenants et des employés » explique le directeur du projet, Didier Michel, du département ingénierie et projets chez Lafarge Holcim. Une production plus performante Le nouveau four, plus efficace, est muni d’une tour de pré-calcination. Il s’ajoute- ra à celui actuellement en fonction, por- tant la production de l’usine à 770000 tonnes annuelles de clinker en 2021, contre 550000 tonnes actuellement. Principe actif hydraulique qui apporte sa résistance méca- nique au ciment, le clinker est obtenu par la calcination de la « farine ». Le clinker produit dans le four MK3 sera de meilleure qualité et fabriqué dans des conditions envi- ronnementales plus favorables. La qualité de l’air sera nettement améliorée par rapport au système actuel, grâce à des transporteurs fermés et à deux filtres à manche permet- tant de réduire de plus de 90 % les pous- sières produites en amont de la cuisson. Ces poussières sont liées au broyage et au trans- port de la « farine » (ou « cru »), qui est un mélange de poudre de calcaire et d’argiles. Pour des ciments plus « propres » Une fois la nouvelle ligne de cuisson opé- rationnelle, seront produits des ciments « bas carbone », c’est-à-dire ayant une empreinte écologique moins forte. Préci- sions de Jean-Louis Sibioude, le directeur du site : « La modernisation de la cimenterie va permettre de réduire significativement le poids carbone des ciments grâce à plusieurs leviers : le processus de cuisson, plus perfor- mant, consommera environ 20 % d’énergie en moins. Les combustibles de substitution vont fournir 80 % des besoins calorifères, or ces déchets dégagent moins de CO 2 , voire pas du tout pour les déchets de biomasse, comparé aux hydrocarbures. Enfin, le clin- ker sera plus performant car plus réactif, grâce à une cuisson optimale, ce qui per- mettra d’augmenter la quantité des ajouts post-cuisson, type « laitier » , et donc de réduire la part de clinker dans les ciments. » Ciments d’aujourd’hui et de demain Parmi les ciments considérés comme à basse empreinte carbone, Lafarge pro- duit déjà aujourd’hui des CEM III / A, CEM III / B, CEM V / A et CEM II / B-M. Des ciments encore plus performants vont arriver sur le marché dans les années à venir. Equivalents, voire plus résistants que les ciments actuels, les CEM II / C-M, les CEM VI et les LC3 auront un impact environnemental réduit. Ils contribueront à diminuer les émissions de CO 2 car leurs teneurs en clinker seront réduites par rapport au ciment sans ajout CEM I (entre 65 % et 35 % de clinker selon les types de ciment). Outre du calcaire, on ajoute à ces ciments des laitiers issus de la sidérur- gie, des cendres, des pouzzolanes ou des argiles calcinées. EMMANUELLE JEANSON Une ligne de cuisson plus vertueuse à Martres-Tolosane CIMENTERIE Acteur économique majeur dans le Comminges, la Haute Garonne et l’Occitanie, l’usine emploie 130 salariés et génère 600 emplois indirects. Les fondations d’un des futurs filtres à la cimenterie de Martres-Tolosane
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