BTR 486

BATIRAMA N°486 I AOÛT - SEPTEMBRE 2019 9 ACTUALITÉ REPÈRES LE BOIS S’ASSOCIE AUX AUTRES MATÉRIAUX Construire en structures bois est une voie sûre vers le verdissement des bâtiments. Toutefois, le bois ne se prête à pas à tous les ouvrages. Il ne convient pas, notamment, aux ouvrages enterrés. En revanche, la mixité des structures bois/béton, acier/bois, acier/ béton, bois/béton/acier offrent souvent des solutions originales, rapides et bien adaptées à toutes sortes d’ouvrages. Le bois, l’acier, le béton et les structures mixtes se prêtent bien à la préfabrication – le Hors-site, comme on dit désormais – 2D ou 3D. La préfabrication 3D est limitée par les coûts de transport et les volumes à transporter. Toutes les approches hors-site relèvent de filières sèches qui réduisent drastiquement les délais de construction, au profit d’un temps plus important d’élaboration des ouvrages en atelier. QUELS MATÉRIAUX BIOSOURCÉS SONT DISPONIBLES ? Les matières biosourcées le plus souvent citées sont le bois d’œuvre sous toutes ses formes – éléments de charpente, d’ossature, les panneaux CLT, le bois lamellé-collé, les bardages, les panneaux de contreventement, les parquets, lambris et menuiseries - , la paille en tant qu’isolant thermique et acoustique et même en tant qu’éléments de structure. S’y ajoutent les fibres et laines de bois, le chanvre, le lin, la balle de riz ou de céréales diverses, le coton et le papier recyclé (ouate de cellulose) en tant qu’isolants thermiques et acoustiques, les bétons de chanvre, de bois, de lin, de miscanthus, de colza, etc. en tant qu’enduits intérieurs et extérieurs, remplissage des coffres d’une structure bois ou autre, chape au sol. Les peintures naturelles entièrement à base d’émulsions et d’huiles végétales se développent également. Côté isolation, l’Acermi certifie 7 matières biosourcées : la laine de bois, les fibres de bois, le liège expansé, des produits « à base de matériaux d’origine animale ou végétale », la ouate de cellulose, le coton. La certification Acermi ne fournit pas une vue complète des emplois possibles des solutions d’isolation thermique biosourcées. Certaines marques ont choisi de passer par des Avis Techniques (Atec) ou des DTA (Document Technique d’Application). LA VOIE DES RÈGLES PROFESSIONNELLES Lorsqu’on se lance dans un projet de construction biosourcé, la difficulté principale est l’assurabilité des ouvrages bâtis. L’une des voies pour rendre une solution biosourcées assurable est le développement de règles professionnelles de mise en œuvre. Le Réseau Français de Construction Paille (RFCP), par exemple, a développé les règles professionnelles de construction en paille « CP2012 ». Elles ont été approuvées le 28 juin 2011 par la Commission Prévention Produit (C2P) de l’Agence Qualité Construction. Depuis janvier 2017, après avoir fait l’objet d’un suivi d’expérience pendant quatre ans, ces règles professionnelles sont acceptées par la C2P, sans plus de suivi du retour d’expérience. Elles constituent désormais le cadre de référence pour l’utilisation de la paille comme isolant et support d’enduit. Le respect de ces règles professionnelles permet d’assurer les ouvrages qui s’y conforment. La paille bénéficie même d’une « FDES à déclaration collective » depuis le 1 er septembre 2013. L’association Construire en Chanvre a consenti des efforts analogues et mis au point plusieurs Règles Professionnelles d’Exécution d’ouvrages en Béton de Chanvre pour permettre l’assurabilité de la construction à base de mortiers et de bétons de chanvre : Mur en béton de chanvre, Isolation de toiture, Enduits en mortier, Isolation de sol, Carnet de détails. Il existe une FDES collective depuis Mai 2015 sur la « Structure de mur non-porteuse en béton de chanvre projeté ». DÉCONSTRUCTION, RECYCLAGE ET RÉ-EMPLOI… ET LES NORMES Autre étape dans la construction minimisant l’empreinte environnementale des bâtiments, le recyclage des déchets de chantiers se met en place peu à peu. Des filières se créent sous l’impulsion des industriels pour recycler la laine de verre déposée, le PVC ou l’aluminium des profilés de fenêtres, etc. L’association européenne VinylPlus (www.vinylplus.eu ) qui rassemble l’industrie européenne du PVC, estime qu’environ 640000 tonnes de PVC ont été recyclées en Europe en 2017 et se fixe comme objectif d’en recycler 900000 tonnes en 2025. Les producteurs de granulats développent des produits à partir de déchets de béton concassé, directement réutilisable pour refaire du béton. Le réemploi de matériaux recyclés dans de nouveaux ouvrages butte toutefois sur des questions réglementaires et normatives. Du point de vue réglementaire, un matériau déposé est le plus souvent un déchet, la réglementation ne permet pas de construire à l’aide de déchets. Le nouveau droit à l’expérimentation doit permettre de prouver l’intérêt du réemploi des matériaux et contribuer à faire évoluer la réglementation. Côté normes, les granulats utilisés en remblaiement de tranchées, en sous-couches de voies de diverses natures, en enrobés, en fabrication de béton, etc. obéissent à des normes précises de résistance mécanique et de comportement dans le temps. Les normes sont souvent en retard sur le souhait des acteurs du BTP d’utiliser des matériaux recyclés… La paille dispose de Règles Professionnelles de Mise en Œuvre. Ce qui permet de considérer son emploi comme une technique traditionnelle et facilite l’assurabilité des ouvrages faisant appel à la paille conformément aux Règles Professionnelles. Il existe toutes sortes de possibilités de bardage bois. Ici, les architectes de la Ferme du Rail à Paris emploient des demi-rondins de châtaigner pour la finition esthétique des parois du bâtiment. L’étanchéité à l’air et à la pluie sont assurés par une membrane pare-pluie et par la composition des façades avec isolation thermique répartie en paille. © MAISON-ZH_CARACOL-ARCHITECTURES © PP

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