BTR 489

10 BATIRAMA N°489 I FÉVRIER - MARS 2020 ACTUALITÉ REPÈRES Coup de pouce à l’électricité et au bois, coup de bâton au Photovoltaïque, diminution du périmètre des consommations prises en compte, … sont les tendances actuelles de la future Réglementation environnementale 2020 L ’ expérimentation E+C- a été lancée fin 2016. Elle avait pour but d’en- traîner les acteurs volontaires à la future RE2020 qui succèdera à la RT2012 et rendait obligatoire l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) des bâtiments labellisés, pre- nant en compte l’énergie grise dépensée pour la construction du bâtiment, l’éner- gie dépensée durant sa vie en œuvre et, un peu, l’énergie dépensée lors de son démantèlement en fin de vie. Tout cela sur une période de 50 Ans. E+C- donnait corps à l’idée de Bâtiment à énergie posi- tive (Bepos) en créant un nouvel indice : le bilanBepos. Au-delà des 5 usages des RT précédentes, toutes les consommations d’énergie étaient prises en compte, notamment les Autres usages de l’électri- cité (Aue) : électroménager, bureautique, etc. E+C- n’était pas parfait. Pour com- mencer, le coefficient de transformation en énergie primaire du bois combustible est nul. Si bien qu’avec une chaufferie bois, quelle que soit sa consommation, il était possible d’atteindre le niveau E3 sans produire d’énergie sur site. Une première alerte début novembre 2019 Dans un premier texte paru le 6 novembre dernier, le gouvernement a proposé plu- sieurs modifications. La surface de réfé- rence dans le calcul devient la SHAB en logement, la surface utile (Su) en tertiaire. L’ACV est maintenue, mais dans un souci de simplification – le pire est à redouter – son calcul devient dynamique. L’indice Tic est remplacé par un indicateur en degré- heures, la portée des Aue est réduite aux Aue immobiliers (communs au bâtiment). Un indicateur sur le carbone biogénique stocké fait son apparition. L’indice bilan Bepos disparaît : on ne sait plus si le bâti- ment est Bepos ou pas. Le Cep prend en compte les ENR autoconsommées, mais pas les ENR exportées : un bon coup sur le photovoltaïque sur les bâtiments. Enfin, à partir d’un certain seuil de degré-heures d’inconfort, noté DHmax, le calcul prend en compte un système « fictif » de clima- tisation et son impact sur les consomma- tions d’énergie du bâtiment. Cela devrait inciter les concepteurs à prévoir une solu- tion de rafraîchissement efficace, si néces- saire. Seconde alerte le 14 janvier 2020 Dans un simple communiqué de presse, la Ministre de la Transition Ecologique et Soli- daire, annonçait les priorités de la future RE2020. Tout d’abord, le coefficient Bbio, qui traduit la performance de l’enveloppe du bâtiment, est maintenu et devrait être sévérisé. Ensuite, la RE2020 devrait garan- tir aux habitants que leur logement sera adapté aux conditions climatiques futures en introduisant un objectif de confort d’été. Enfin, une vraie bombe apparait : le coefficient de conversion de l’électricité en énergie primaire sera de 2,3, contre 2,58 aujourd’hui, et le facteur d’émission de CO 2 de l’électricité sera de 79 gCO 2 / kWh, contre 210 aujourd’hui. Enfin, la RE2020, avec ses deux volets carbone et énergie, entrera en vigueur au premier janvier 2021. Les textes et la méthode de calcul devraient être publiés à l’automne pour une application moins de trois mois plus tard. Pas de trace de la qualité de l’air intérieur, très présente dans la récente loi Elan, ni du coefficient de transformation en énergie primaire du bois : reste-t-il égal à zéro ? P. POGGI Ce que l’on sait aujourd’hui de la RE 2020 RÉGLEMENTATION ENVIRONNEMENTALE QUELLES RÉPERCUSSIONS SUR LE PARC EXISTANT ? La dernière annonce du gouvernement avantage le chauffage électrique en construction neuve. Mais si ce nouveau coefficient de 2,3 n’était pas étendu à l’existant, ce serait la preuve de la totale incohérence du projet. Si ce coefficient devient universel, en revanche, plusieurs millions de logements, rangés dans les classes F et G du DPE (diagnostic de performance énergétique) vont faire un bond et se retrouver en classes D ou E. Pour les occupants, cela ne changera rien : leur chauffage leur coûtera toujours aussi cher. Les propriétaires de passoires thermiques verront leur bien miraculeusement réhabilité d’un trait de plume. Et hop : une croix sur toute ambition de rénover les passoires thermiques à l’horizon 2025 !

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