BTR 489
16 BATIRAMA N°489 I FÉVRIER - MARS 2020 ACTUALITÉ MÉTIERS La filière bois a commandé un rapport portant sur 25 opérations récentes en bois de plus de 8 m de hauteur dans l’objectif de sensibiliser les professionnels sur leur nécessaire montée en compétences. S i la construction bois demeure minoritaire en France, selon Luc Charmasson, président du Comité stratégique de filière bois, elle séduit de nombreux prescripteurs et opérateurs. La preuve, la part de marché du logement collectif réalisé en bois est supérieure ou égale à 8 % en Nouvelle-Aquitaine, Pays- de-la Loire et Bourgogne Franche-Comté. Par ailleurs, les surélévations-extensions en bois ont une croissance de +9 % depuis 2016 (30 % de part de marché). Enfin, 1150000 m 2 de bâtiments tertiaires en bois sont livrés annuellement (10 % de part de marché). Ce marché est donc en croissance, mais « on ne peut pas se per- mettre d’improviser en construction bois si on veut de la qualité » rappelle Philippe Estingoy, directeur général de l’AQC lors de la présentation du rapport sur le retour d’expériences des immeubles en bois. Le rapport financé grâce au soutien du pro- gramme Pacte* est le fruit d’une collabo- ration entre l’Agence qualité construction, Envirobat Occitanie et Grand Est. Les informations proviennent de retours d’ex- périences collectées via le Dispositif Rex Bâtiment performant. 10 bâtiments en province et 15 autres en Ile de France L’enquête menée de mai à septembre 2019 porte sur 25 opérations en cours de chantier ou livrées depuis moins de 3 ans, d’une hauteur supérieure à 8 m (plancher bas du dernier niveau). Dans le détail, on recense 10 bâtiments en province et 15 autres en Ile-de-France. Ils n’ont pas été sélectionnés au hasard puisqu’ils cor- respondent au cœur de cible actuel de la filière bois, notamment les immeubles dits de 3 e famille (moins de 28 m de hauteur). Quatre thèmes ont été mis en exergue : les compétences, les méthodes et organi- sation, l’innovation et la technique. Revoir l’organisation et les méthodes de travail Premier enseignement : les sujets ou pro- blèmes techniques ne sont pas primor- diaux compte tenu des travaux effectués par la filière sur ce sujet. « Les problèmes techniques sont en effet en train d’être levés », indique Julien Herbert de l’AQC. En revanche, le bât blesse en matière d’organisation et de méthodes. Il faut un réel changement de pratiques : une co-conception en phase étude qui intègre les impératifs de la préfabrication, une très bonne coordination des acteurs en amont, et sur le chantier, une gestion de projet rigoureuse. Le rapport dresse ainsi les constats dans les 4 thématiques abor- dées et propose des recommandations fort utiles. En savoir plus : https://qualiteconstruction. com/publication/construction-bois-8- metres-hauteur-retours-experiences/ F. LEROY *Programme d’action pour la qualité de la construction et la transition énergétique Retours d’expériences sur des bâtiments de plus de 8 m de hauteur CONSTRUCTION BOIS © AQC © F; LEROY LES RECOMMANDATIONS DU RAPPORT À DÉCOUVRIR Concernant le chapitre « Compétences en tant que mandataire de la maîtrise d’oeuvre », le rapport indique que les constructions bois multi-étagées présentent de très nombreuses interfaces bois-béton, du fait de leur recours fréquent à des structures mixtes (noyaux escalier/ascenseur en béton par exemple). L’incompatibilité des tolérances d’exécution de travaux entre ces deux matériaux (on raisonne en cm en béton, et en mm pour le bois), présente un risque, vis à vis de l’attente des performances structurales, acoustiques, thermiques et de sécurité incendie. D’où la recommandation suivante publiée dans le document : « Indiquer dans les prescriptions techniques du marché de travaux pour les différents lots les tolérances acceptables, lorsque celles-ci nécessitent d’être plus restrictives que les DTU (maçonnerie par exemple). Le marché de travaux doit également préciser les tolérances spécifiques pour les réservations dans la structure bois et l’entreprise en charge du calfeutrement ». Les saignées pour le passage des câbles électriques ont été effectuées en atelier. « Il est important de ne pas penser « que bois » car la mixité bois béton est notre premier marché. Il faut le travailler en intelligence avec nos collègues du béton et de l’acier » indique Luc Charmasson, président du comité stratégique de filière bois.
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