BTR 489

6 BATIRAMA N°489 I FÉVRIER - MARS 2020 ACTUALITÉ REPÈRES Artisan plaquiste en Charente Maritime, Mickaël Derand s’est lancé dans l’isolation au chanvre avec enthousiasme. Il apprécie ce matériau sain, performant et agréable à poser. I nitialement formé à la plasturgie com- posite, Mickaël Derand a entamé une seconde carrière après 13 ans d’activi- té de commerce d’articles nautiques : en 2011, il se forme au métier de la plâtrerie et se met à son compte à Thairé d’Aunis, à 10 km de La Rochelle. En 2015, il se lance dans l’isolation au chanvre, à l’oc- casion d’un chantier chez un particulier : « il souhaitait quelque chose de perfor- mant et de pas trop épais pour isoler sa toiture. J’ai fait quelques recherches et lui ai proposé du Biofib ; c’est parti comme ça, tout simplement ! » Vite convaincu, notre homme devient Artisan du Club Expert de la marque en 2016. « L’avan- tage est que nous sommes référencés par Biofib, qui nous adresse des clients. Et j’apprécie aussi de pouvoir visiter l’usine pour voir comment sont fabriqués les produits ; je prends les informations à la source pour ensuite être à même de les diffuser au client. » En 2018, encore seul, il pose 750 m 2 d’isolant chanvre. En 2019, il embauche et double la surface mise en œuvre. Aujourd’hui, les 4 compagnons de l’entreprise Aunis Plâtrerie posent de l’isolant en chanvre dans environ 70 % de leurs chantiers, exclusivement chez des particuliers. « Dans l’immense majo- rité des cas, c’est sur ma proposition que le client adopte le produit ; le matériau n’est pas encore entré dans les mœurs », note Mickaël Derand. « Dans la maison en pierre ou en bois, le chanvre laisse respi- rer les murs, même avec un doublage en plâtre, alors je ne propose que ça. Et tra- vailler sans gant ni masque est très impor- tant pour moi. » Confort d’été et acoustique Mickaël Derand met en avant le chanvre en tant qu’isolant sain pour l’occupant du bâtiment et particulièrement performant en termes de confort d’été et d’acous- tique sur les maisons à ossature bois. « Je n’ai pas la fibre écologiste, je ne men- tionne pas l’argument d’une culture ver- tueuse pour l’environnement, mais signale juste que c’est un produit naturel. » Le chanvre issu de la coopérative Cavac, qui commercialise l’isolant Biofib n’est d’ail- leurs pas estampillé bio ; seuls 10 % de sa production sont cultivés en agriculture biologique. A la tête d’une entreprise de construction bois de 40 salariés en Loire Atlantique, Michel Brochu est tombé dans le chanvre en 2000. Il souligne à la fois la technicité que demande l’isolation en biosourcé et la garantie de résultats qu’apporte une mise en œuvre soignée. M aisons individuelles, logements collectifs et bâtiments tertiaires : tous sont construits ou rénovés à 100 % en biosourcé par l’Atelier Isac, basé à Nort sur Erdre, à 30 km au nord de Nantes. « Nous posons de la fibre et de la laine de bois, de la paille, de la ouate de cellulose et du chanvre. Selon les besoins en inertie, acoustique et selon la mise en œuvre souhaitée, nous choisissons les plus appropriés parmi ces biomatériaux, qui sont complémentaires. Le chanvre offre un excellent confort de pose aux applicateurs, il est moins poussiéreux et plus facile à tra- vailler que la laine de bois. » Depuis cinq ans, l’atelier n’emploie plus que du Biofib : « Nous en posons au moins 10000 m 2 par an. Nous avons trois poseurs spécialisés dans l’isolation et une dizaine de compa- gnons qui aident régulièrement. » Michel Brochu attire l’attention sur un point : « l’isolation en matériaux biosourcés est très technique. On ne s’y lance pas par opportunité car cela demande une certaine connaissance de la physique du bâtiment : les conditions d’accès, la destination, …, beaucoup de critères entrent en ligne de compte. » Chantiers en marchés publics Très vigilant sur la qualité de mise en œuvre, l’entrepreneur ne déplore aucun sinistre. « Depuis trois ans, la dynamique est réellement enclenchée pour les maté- riaux biosourcés, notamment au niveau des marchés publics. Nous avons travaillé sur deux médiathèques, une restaura- tion scolaire, un complexe multi-accueil de 1000 m 2 , une école en paille,… ». Président de la CAPEB Pays de la Loire, il souhaite faire entrer les matériaux biosourcés dans les programmes des formations de base aux métiers concer- nés par l’isolation : « c’est un domaine d’activité transversal ;maçons, charpentiers, couvreurs, menuisiers, plâtriers, peintres, et même électriciens et carreleurs : tous sont susceptibles de poser des isolants. » La CAPEB Pays de la Loire travaille avec la DREAL pour intégrer un tel module dans le tronc commun des formations, puis dans les applications métier. Peut-être les CFA de la région seront-ils prêts pour la prochaine rentrée ! E. JEANSON Portrait croisé de deux fondus d’isolant chanvre du Grand Ouest PORTRAITS

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