BTR 490
BATIRAMA N°490 I AVRIL - MAI 2020 31 DOSSIERS CONSTRUCTION BOIS © FBT Encore loin derrière les laines miné- rales et les isolants de synthèse, les produits issus de matières végétales ou animales ne sont plus pour autant un marché de niche. « Ils pèsent environ 8% de l’isolation dans le bâtiment et leur progression moyenne, de près de +15% par an, est supérieure à celle de ce marché », indique Olivier Joreau. Entre 2016 et 2018, les ventes ont augmenté de 44%. Tous les matériaux progressent : la fibre de bois et la ouate de cellulose conti- nuent la course en tête, mais le chanvre et le coton recyclé prennent une part de plus en plus significative : 21 millions de m 2 d’isolants fibres ont été posés en 2018. Le nombre des acteurs est stable après le regroupement des producteurs de ouate de cellulose, chanvre, lin et fibre de bois, ces dernières années. Le gros du marché est pris par la filière industrielle, dont les produits manu- facturés atteignent de nombreux arti- sans. Les volumes de marché sont plus modestes pour la construction en paille et en bétons biosourcés. L’approvision- nement s’est bien mis en place, quelles que soient les matières premières, et les capacités de production augmentent. Parallèlement, les filières non indus- trielles se développent. Celle de la paille, notamment, s’organise pour fournir des bottes aux caractéristiques adaptées aux besoins du bâtiment. Des performances mieux reconnues Les produits continuent à progresser : meilleure résistance thermique, traite- ments sans impact sur la santé, pose facilitée, … sont aussi mises en avant les performances acoustiques et de dépha- sage, pour le confort d’été, la qualité de l’air intérieur renforcée. L’hygrothermie est reconnue par les utilisateurs et des projets de R&D collective sont en cours pour démontrer cette performance supplémentaire apportée à l’enveloppe thermique du bâtiment. Une réglementation favorable Si les particuliers sont les prescripteurs historiques des biosourcés, en particu- lier pour rénover leur habitat, la com- mande publique progresse fortement ces derniers temps, avec des chantiers de référence qui stimulent de nouveaux programmes immobiliers. Le surcoût à l’achat est de moins en moins un frein à leur utilisation. La RE 2020 applicable à l’été (2021), devrait en toute logique bonifier les matériaux biosourcés, en pre- nant en compte le stockage du carbone et leur caractère renouvelable, de même que leurs caractéristiques techniques spécifiques. « Espérons que la RE 2020 consacrera réellement le « plus d’envi- ronnement et moins de carbone ». Les fibres végétales notamment, sont les seules à pouvoir capter du CO 2 lors de la photosynthèse pour stocker le carbone biogénique » conclut Olivier Joreau. MARCHÉ : UNE MONTÉE EN PUISSANCE SUR TOUS LES PLANS L’usine FBT transforme depuis début 2020 la paille de riz de Camargue en panneaux. Performants en thermique et acoustique, les isolants biosourcés sont aussi imbattables sur leur confort de pose et leur bilan environnemental. béton de chanvre ou bois, le plus souvent. Des ressources locales comme le colza, le tournesol ou le maïs sont par ailleurs tes- tées. Les solutions complètes biosourcées continuent à se développer en construc- tion à ossature bois, en faisant appel à la préfabrication de systèmes intégrant l’ensemble des composants de la paroi. « Nous voyons aussi de plus en plus de solutions mixtes qui répondent soit à des contraintes techniques soit à des choix d’esthétiques propres au maître d’ouvrage. Notamment des solutions métal ou béton/ matériaux biosourcés », souligne Olivier Joreau, président de l’AICB*. Fiables et distribués efficacement Pour la plupart fabriqués industriel- lement, dans un cadre strictement réglementé, les isolants biosourcés ont de quoi rassurer les prescripteurs. Beaucoup bénéficient de certifica- tions (Acermi, Keymark, …) attestant de leurs performances, et d’avis tech- niques garantissant la qualité de leur mise en œuvre (des « sésames » qui permettent d’alléger la facture des travaux en donnant accès aux aides d’Etat). Transformés au plus près des sources de matières premières, vendus en direct ou distribués via un réseau efficace, les produits trouvent tout leur intérêt dans la mesure où ils sont mis en œuvre, là encore, au plus près de leur lieu de production. Quasiment tous les négoces ont une offre en matériaux biosourcés, désormais stockés en plate- forme et dépôts pour un accès facilité des artisans. EMMANUELLE JEANSON * l’Association des industriels de la construction biosourcée fédère les principaux industriels. 200 000 t/an de fibres végétales ou issues du recy- clage, transformées dans une dizaine d’usines en France (152 millions d’euros investis), soit environ 21 millions de m2 posés en 2018.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy Mjc5MjEx