BTR 491

BATIRAMA N°491 I JUIN - JUILLET 2020 23 DOSSIERS L’ENVELOPPE DU BÂTIMENT Batirama : Comment appréhen- dez-vous le marché de la tuile ces derniers mois ? Olivier Lafore : En 2019, le marché de la maison individuelle s’est légèrement redressé et celui de la tuile aurait dû suivre cette tendance. Cependant, il a fini l’an- née à -3 %. La dynamique de 2018 en rénovation, segment qui consomme au moins 60 % des tuiles, s’est largement tassée en 2019. Le faible retrait de la tuile en terre cuite est aussi dû à un transfert de la maison individuelle vers le collectif, plus axé toit plat. Pour autant, la terre cuite ne souffre pas d’un déficit d’image. Ce maté- riau est traditionnel, naturel et cuit au gaz, avec peu d’émissions de CO 2 . Il revient même à la mode dans le neuf : les archi- tectes apprécient de jouer sur les formes et les couleurs des éléments et sur les pentes des toits. Voyez-vous des changements côté mise en œuvre ? La couverture est en majorité l’affaire de TPE, dont les carnets de commande sont composés de petits chantiers. De nom- breuses interventions viennent en sus de la couverture : isolation, étanchéité, zingue- rie, … La surface de tuiles posée est fina- lement assez faible, d’autant plus sur les toits à faibles pentes, qui sont en vogue. L’INTERVIEW DE L’EXPERT Olivier Lafore, directeur marketing et communication d’Edilians A l’heure où les matériaux naturels ont la cote, l’ardoise fibres-ciment et la tuile béton mettent en avant une « vertu environnementale » qui s’ajoute à leurs qualités esthétiques et techniques et à leur bon rapport qualité-prix. Depuis 3 années consécutives les ventes d’ardoise synthétique remontent en France, notamment en rénovation. En 2019, ce seg- ment représente environ 70000 tonnes, dont 70 % sont fabriquées près de Rennes par Cedral (le reste se répartissant entre le Belge SVK et le Tchèque Cembrit). La fibres-ciment affiche une qualité et une esthétique améliorées, tout en étant deux fois plus économique que l’ardoise naturelle. Rectangulaire ou losangée, petit ou grand format, bord droit ou épaufré : l’éventail de possibilités esthétiques s’adapte à toutes les toitures. L’ardoise fibres-ciment, certifiée Qualité Bâtiment L’ardoise synthétique revendique aussi de préserver les ressources naturelles et d’être fabriquée avec peu d’énergie et en générant peu de déchets (le mélange fibres -ciment-charge minérale est moulé). Cedral (groupe Etex) regroupe son expertise du fibres-ciment en toi- tures et façades, en intégrant désormais la gamme d’ardoises Eternit sous sa marque. Ses ardoises sont certifiées QB, un référentiel du CSTB qui prend en compte les qualités intrinsèques du matériau et des données environnementales de sa fabrication. La tuile béton, solution bas carbone La tuile béton aligne aussi des bons points par rapport aux enjeux envi- ronnementaux. BMI Monier, acteur majeur du domaine, a mené une démarche avec le laboratoire Cerib, pour créer une Fiche de Données Environnementale et Sanitaire (FDES) attestant de la faible empreinte carbone de ses tuiles béton (11,6 kg équivalent CO 2 par m 2 ). La fabri- cation nécessite peu de transformation et génère peu de déchets. La cuisson du ciment utilise des déchets industriels, les peintures de finition ne rejettent pas de COV et sèchent par évaporation. La tuile béton absorbe du CO2 et le transforme en calcaire et se recycle en granulats en fin de vie. La prochaine évolution est pour bientôt, avec de produits en béton allégé. Déjà commercialisées en Europe duNord, ces tuiles sont 10%moins lourdes et leur bilan carbone est meilleur. BÉTON ET ARDOISE FIBRE-CIMENT JOUENT LA CARTE ENVIRONNEMENTALE

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