BTR 492
BATIRAMA N°492 I AOÛT - SEPTEMBRE 2020 31 DOSSIERS CONFORT INTÉRIEUR Quels sont les axes de travail des industriels du secteur ? Pierre-Emmanuel Thiard : Actuellement, les industriels du secteur de la laine minérale travaillent à la fois sur la laine et le liant. Bien que le matériau soit déjà confortable à manipuler, le process de fibrage peut encore le rendre plus doux. Les sujets du confort de pose, de manipulation d’un produit agréable au toucher et de la qualité de vie au travail sont importants. Il existe encore des marges d’amélioration dans ce domaine ; je pense à l’ergonomie de pose avec la création de nouvelles suspentes pour accélérer la productivité. Les clients sont en attente d’évolution quant à la performance du chantier. D’où la déclinaison d’une large gamme de produits et de solutions pour répondre à la réglementation sur les constructions neuves et existantes. Pour ce qui concerne les liants, le but est de réduire les émissions de composés organiques volatils pour aller encore plus loin en matière de qualité de l’air dans les constructions. Peut-on améliorer la performance des produits ? La performance des isolants est aussi un sujet de travail. Le λ de 32 mW/mK est atteint, – voire déjà le 30 mW/mK – et il est certainement possible de généraliser le 30 mW/mK à toutes les applications, voire d’aller encore plus loin. Par ailleurs, le travail des adhérents s’oriente fortement vers le bilan carbone des produits. Les isolants sont issus de productions locales – les industriels investissent en France, et le maillage des sites répond à la demande de proximité –, et les FDES**, sur lesquels tous les industriels ont travaillé depuis longtemps, traduisent concrètement ces arguments. * Syndicat National des Fabricants d’iso- lants en laine minérale manufacturée. ** Fiche de déclaration environnementale et sanitaire PIERRE-EMMANUEL THIARD, Président du Filmm*, syndicat des fabricants d’isolants en laine minérale Vers une approche globale des systèmes Pierre-Emmanuel Thiard : « le travail des adhérents s’oriente fortement vers le bilan carbone des produits. » LES DTU À SUIVRE Les installateurs doivent connaî- tre les principales normes en matière d’isolation : • le DTU 45.10 sur l’isolation des combles par panneaux ou rou- leaux de laines minérales ; • le DTU 45.11 sur l’isolation des combles, revue début 2020, qui traite des laines minérales et de la ouate de cellulose à souffler.- • Le DTU 45.11 se substitue désormais aux avis techniques et au document technique d’ap- plication qui suivaient le cahier de prescriptions techniques du CSTB n° 3693_v2 de juin 2015. Ce fabricant, comme le danois Rockwool, travaillent le comportement mécanique du matériau. « Nous avons un bon com- portement à l’affaissement ou au fléchisse- ment des produits dans le temps grâce à sa masse volumique. Chaque amélioration vise à conserver cette caractéristique pri- mordiale », précise Matthieu Biens, res- ponsable Marketing et développement chez Rockwool France. Les avantages techniques s’étendent aussi aux laines à souffler. Ursa revendique l’efficacité de sa gamme Puls’R sur ce segment : ce produit dispose du meilleur pouvoir couvrant à résistance thermique égale, indique Jean- Pierre Laherre, directeur général d’Ursa France. Des accessoires de pose qui facilitent la vie En toiture encore, Rockwool fait évoluer la pose avec le Rockcomble Evolution : les panneaux de l’épaisseur totale préconisée, dimensionnés pour des chevrons classiques et découpés sur les flancs permettent de traiter ces surfaces en une passe au lieu de deux. Cette gamme doit s’adapter, selon la demande du marché de la rénovation, à différents écartements de chevrons. Ces changements de gamme valent aussi pour les isolants synthétiques. Les panneaux de polystyrène sont disponibles en lamb- da faible (34 et 32 mW/m.K) et en forte épaisseur (jusqu’à 40 cm). La préparation des panneaux polystyrène et polyuréthane avec bords rainurés-bouvetés ou feuillu- rés est classique. Chez ces fournisseurs, l’accent est surtout mis sur les accessoires de pose : des profils en H pour les pan- neaux à bords droits, des manchettes de sortie de tubes et gaines étanches à l’air… L’isolation n’est plus regardée sous l’angle du seul matériau utilisé, mais en tenant compte d’un système. Ce qui inclut les suspentes, les freins vapeur, l’étanchéité à l’air… Qualité de l’air et recyclage Il y a dix ans, les industriels parlaient de matériaux innovants pour réduire les épaisseurs tout en améliorant les perfor- mances. Rockwool avait suscité quelques envies avec l’Aérowool, un panneau mélangeant la laine minérale et l’aérogel de silice, un matériau à changement de phase. Le produit n’est disponible qu’en Europe du Nord et n’a jamais été distri- bué en France pour des raisons de coût et de marché. Quant aux isolants sous vide, si des références sont disponibles, leur marché est très spécifique – la réno- vation haut de gamme pour préserver les surfaces des logements –, et le coût de l’ordre de 250 € / m² posé, soit cinq fois plus cher. En revanche, l’accent est main- tenant mis sur l’éventail des questions environnementales maintenant posées à la filière bâtiment. Ursa a anticipé l’obli- gation de réduire, dès 2023, les émissions de formaldéhydes à 10 µg /m³ d’air : « notre gamme PureOne en est dépour- vue » indique son directeur général. Pour les autres fournisseurs de laines miné- rales, l’un des enjeux porte sur les liants qui peuvent former jusqu’à 10 % du pro- duit : la R&D oriente vers une chimie d’ori- gine végétale (des sucres, de l’amidon de maïs…). Le but désormais est de pouvoir afficher un A+ sur l’emballage des pro- duits isolants… BERNARD REINTEAU © JEAN CHISCANO
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