BTR 493
BATIRAMA N°493 I OCTOBRE - NOVEMBRE 2020 31 DOSSIERS INNOVATIONS Plus de simplicité et de confort pour améliorer productivité comme sécurité sur le chantier restent un axe majeur de l’innovation des industriels à côté des enjeux économiques et environnementaux. Mais cette année, ils ont dû aussi intégrer le bâtiment post-Covid. T aillé pour le marché de la réno- vation en se dotant par exemple de précadre dans la menuiserie, en se faisant plus discret et solaire pour s’affranchir de raccords électriques, ou en devenant systèmes pour réduire les étapes de pose. Améliorer la performance – coût, résistance, sécurité – demeure une préoc- cupation pour de nombreux industriels qui n’a pas échappé à la règle côté nouveau- tés cette année. Mais à l’image du premier verre chauffant auto-désinfectant, des poignées de portes antibactériennes, de cloisonettes pour rediviser les open spaces, il a aussi fallu composer avec la crise sani- taire. Et vite. Ce catalyseur d’innovations a renforcé un secteur du bâtiment local, tout en plaçant le confort des occupants aux centres des préoccupations, au même titre que celles économiques et environne- mentales. Sur la voie du green building Avec la RE 2020, les industriels ont mis le cap sur le bâtiment durable. Les produits et matériaux à base de produits recy- clés se développent là où les filières ont pu structurer collecte, tri et valorisation. L’ambition tend aussi vers le bas carbone. L’aluminium bas carbone se profile dans les fenêtres, le premier mortier-colle à faible impact environnemental s’est dévoi- lé cet été, quand les efforts réalisés par les industriels sur le confort de pose ne sont pas sans conséquences sur l’impact car- bone de la mise en œuvre. En parallèle, le biosourcé se glisse dans les formula- tions de peinture, les isolants, les enduits, les panneaux en bois… D’épiphénomène réservé à une clientèle avertie, la demande affiche une envie de produits et matériaux vertueux, locavores, en phase avec les enjeux environnementaux, dont la perfor- mance énergétique étroitement liée est devenue un prérequis. Confort dehors comme dedans Autre impact de la Covid : le confinement a déplacé les activités professionnelles dans la sphère privée y exacerbant les problèmes du confort et du bien-être. Bien sûr, avec leur capacité à améliorer la qualité de l’air intérieur, les produits biosourcés inves- tissent aussi pour cette raison les services R&D des fabricants. Mais sur ce créneau du confort et du bien-être, l’innovation aussi s’est installée cette année à l’exté- rieur. À côté de la personnalisation et du sur-mesure, de la motorisation si pos- sible connectée pour accroître le confort des fermetures et équipements outdoor, des voies de diversification se dessinent. À l’image de toiture toile sur deux poteaux pour offrir une protection de terrasse, ou à structure mobile pour dévoiler le ciel. Car après une course à l’armement qui a dopé la valeur ajoutée de ces équipe- ments, désormais ils cherchent aussi à se démocratiser. STÉPHANIE LACAZE-HAERTELMEYER Quelle est votre vision du marché de la rénovation ? Loïc Trudelle : Pour l’instant notre activité est dense et notre carnet de commandes très rempli. Nous sommes plutôt optimistes, avec la mise en place du plan France Relance qui va dans le sens de la rénovation énergétique. Certes, rien n’est parfait, à l’image des modalités d’application des incitations gouvernementales qui sont parfois compliquées à comprendre pour nous, et du coup, pour nos clients. Mais dans tous les cas, ce plan va dans le sens de donner du travail aux entreprises. Vous êtes fabricant installateur de menuiseries bois. Comment expliquez vous votre bon niveau d’activité ? Le confinement y a sûrement contribué. Les ménages cloîtrés chez eux ont moins dépensé, et ont décidé de réaliser des travaux d’amélioration. L’essentiel de nos commandes concerne la rénovation de portes et fenêtres en allant chercher la performance thermique. Par ailleurs, nous avons de plus en plus de prospects qui sont des citadins, souvent des Parisiens, qui nous sollicitent car ils ont décidé de quitter la ville pour s’installer au vert. En outre, pendant le confinement tous les marchés publics ont stoppé net, puis se sont relancés au même moment avec pour impératif de boucler les budgets alloués avant la fin de l’année. Des évolutions réglementaires impactent-elles votre profession ? Si nous ne sommes pas directement concernés par la prochaine RE 2020, nous ressentons que nos clients s’intéressent à la dimension bas carbone. Nous fabriquons des fenêtres en chêne mais aussi en bois exotique. Il y a encore peu de temps les gens ne s’intéressaient pas au fait que ces bois proviennent d’Afrique avec de longs temps de transport, regardant surtout le prix. Aujourd’hui, certains clients sont prêts à payer plus chers pour du chêne français parce qu’il est approvisionné en circuit court. De plus grâce à la TVA à 5,5 % sur les travaux de rénovation énergétique, les clients préfèrent nous faire travailler que de réaliser eux-mêmes la pose de leurs portes ou fenêtres. Comment voyez-vous l’avenir ? Je suis assez serein en ce qui concerne notre marché. Il va être soutenu par les incitations financières liées au plan France Relance. Parce que notre carnet de commandes est conséquent, nous sommes plutôt confiants, d’autant qu’il suffit de se rendre dans les centre-villes pour voir qu’il reste encore beaucoup de menuiseries en simple vitrage à changer. L’AVIS DE L’ENTREPRISE : Loïc Trudelle, menuiserie Ménard, 10 salariés et un apprenti à Erdre-en-Ajou (49) « Les clients sont sensibles au circuit court »
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