BTR 494

BATIRAMA N°494 I DÉCEMBRE 2020 - JANVIER 2021 11 ACTUALITÉ REPÈRES UN OUVRAGE D’EXCEPTION : UN DÔME À L’IMPÉRIALE L’ouvrage qui date de 1570 se caractérise par une architecture rigoureusement géométrique, groupé et défensive. La taille de la charpente du Dôme en question a nécessité 55 dessins et épures. Le manoir est constitué d’un corps de logis central, placé en fond de cour et encadré de deux ailes latérales. L’ensemble cantonné de quatre pavillons au plan bastionné. Ces pavillons sont tracés selon une forme géométrique dite « quadrilatère orthogonal ». De fait, les façades ne sont pas parallèles et donc pas d’équerres, seul l’angle intérieur de la cour est à 90°. « Cette disposition géométrique implique de fabriquer une charpente qui n’est pas régulière de versant en versant » précise Stéphane Leroux. Dans le détail, seuls deux des versants sur les quatre sont tracés sur des courbes régulières. Et pour conserver les arêtiers droits en plan, il faut donc, à partir de ces versants, déterminer les courbes qui, elles-mêmes, permettront de calculer les dimensions des autres pièces, chaque ferme étant différente. 55 dessins et épures à réaliser Après avoir effectué un relevé sur chantier, les compagnons ont réalisé des plans très précis en atelier à l’aide de l’ordinateur (CAO-DAO). « Ces plans nous permettent de tracer des épures à l’atelier. En fait, cela consiste à retranscrire le plan de chaque élément à l’échelle 1 » détaille Stéphane Leroux. Et ces plans sont nombreux car ils correspondent au nombre d’élévations, ainsi un chevron seul donne lieu à la réalisation d’une épure. Pour tailler cette charpente, il a fallu réaliser 55 dessins et épures. « Cette première partie consacrée à la réalisation de plans est l’opération la plus compliquée car c’est là que tout se joue », estime le charpentier. La taille des pièces en bois de chêne local demande bien sûr de l’expérience : il faut savoir chantourner les pièces, maîtriser la mise sur ligne, le piquage, le taillage, la mise dedans et le perçage à « tire ». « Levage de la charpente : l’opération que l’on savoure le plus » Cette préparation de la charpente demande beaucoup de temps, environ 800 heures, soit 2 bons mois à 2 personnes et demie en moyenne. Le levage de la charpente sur le chantier demande peu de temps en comparaison : environ 100 heures, soit une semaine de travail à 3 compagnons. « C’est la partie du travail que l’on savoure le plus : on lève la charpente et voit tout ce que l’on a taillé. Et si les opérations se déroulent rapidement sans difficulté, cela constitue notre 2 e satisfaction car c’est la récompense de deux mois de travail préalable » résume Stéphane Leroux. F.L. Le manoir se caractérise par 4 pavillons au plan bastionné : « Cette disposition géométrique implique de fabriquer une charpente qui n’est pas régulière de versant en versant » précise Stéphane Leroux L’entreprise, titulaire de la qualification Restauration du Patrimoine a obtenu la qualification Monuments Historiques depuis le printemps 2020. « Nous sommes la plus petite entreprise Monuments Historiques de France » s’exclame Stéphane Leroux. « C’est un plus pour l’entreprise, notamment en ce qui concerne les marchés publics auxquels nous pouvons soumissionner… » Pour tailler cette charpente, les compagnons ont dû réaliser 55 dessins et épures dans l’atelier.

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