BTR 494

BATIRAMA N°494 I DÉCEMBRE 2020 - JANVIER 2021 43 DOSSIERS GESTION ENTREPRISE Quels sont aujourd’hui les risques sur les chantiers de construction aux- quels s’intéresse l’OPPBTP ? M.T. : Les professionnels disposent de tout ce qui leur est nécessaire. Pour chaque nouveau métier, la démarche systématique consiste à analyser les risques, puis établir un plan d’actions en priorisant les mesures organisationnelles et collec- tives avant les EPI, enfin le suivre le plan d’actions, celui-ci devant être vivant et mis à jour. Quels que soient les secteurs, les métiers et les tâches, cette méthode fonctionne et a tou- jours été appliquée en regroupant l’ensemble des risques, ce pour évi- ter de se concentrer sur un seul en oubliant les autres. Comment, dans ce cadre, la Covid a-t-elle été abordée ? La démarche de prévention est la même. Les mesures organisationnelles – distanciation physique et nettoyage des mains – restent les priorités. Pour ce qui est du masque chirurgical, il faut préciser que ce n’est pas un EPI ; il ne sert pas à se protéger, mais à protéger les autres. D’où l’importance du port collectif. Dans le BTP, nous ne découvrons pas les masques ; le port du FFP 1, 2 ou 3 est une habi- tude pour certains métiers. Il faut noter qu’en quelques mois, de nom- breux nouveaux produits sont appa- rus comme le masque transparent qui permet de lire sur les lèvres, ceux avec une meilleure respirabilité, l’amélio- ration de la ventilation assistée… Ils ont été testés et validés. Il reste des pistes d’amélioration comme la buée, le confort respiratoire… Pour les protections traditionnelles, quelles améliorations techniques ou conceptuelles sont attendues, demandées, voire proposées par l’OPPBTP ? À l’évidence, le sur-mesure constitue l’innovation marquante, qu’il s’agisse des lunettes de protection à verres correctifs, des bouchons d’oreilles, des semelles… Viennent ensuite les EPI connectées et intelligentes. Attention ! Il est important de les distinguer pour ne retenir que les innovations à réelle valeur ajoutée et éviter les gadgets. Plusieurs solutions sont prometteuses comme les casques dotés d’un capteur de distanciation physique, les vête- ments équipés d’un badge de détec- tion d’un piéton dans le périmètre d’un engin de chantier, les chaussures avec détecteur de chute… Les catalogues présentent main- tenant des gammes complètes de produits pour le travail en hauteur qui étaient inconnus il y a quelques années. Est-ce une tendance lourde ? Le sport et le militaire ont souvent été à l’origine d’innovations en matière de sécurité dans le bâtiment. Lui-même suit les évolutions et les démocratise. Prenons le cas des harnais pour les alpinistes. Initialement, ils manquaient de confort et ont fait l’objet d’innova- tions pour gagner en ergonomie. Les plus récentes portent sur la vérification réglementaire de leur état de fonction- nement à l’aide d’une puce lisible par smartphone. Aujourd’hui, le travail sur ces équipements a pour but d’amélio- rer les conditions d’intervention des secours pour simplifier les opérations de secours. Le vêtement aussi est l’objet d’évo- lution, que ce soient les tissus ou les fonctions… Il devient autonettoyant avec l’emploi de la nanotechnologie ; les tempéra- tures extrêmes – chaleur, froid – sont l’une des priorités en R&D ; et, on l’a dit, il peut être connecté à une puce pour mettre les opérateurs en sécuri- té. Et pour cela, il est nécessaire d’ali- menter l’appareillage avec une batte- rie, un élément encombrant, fragile voire dangereux dans certains cas : il peut s’échauffer, exploser… Pour s’en affranchir, des startups étudient la pro- duction d’énergie par les mouvements du vêtement. À ce sujet, on ne fera pas l’impasse sur le recueil de don- nées nécessaire pour ces applications. De quelles informations a-t-on besoin ? Comment sécuriser les systèmes infor- matiques d’une entreprise ? Ce débat sur les données est important. * Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics AVIS D’EXPERT MOHAMED TRABELSI, responsable EPI à la direction technique de l’OPPBTP* « Le sport et le militaire sont des sources d’inspiration et d’innovations pour la sécurité dans le bâtiment. » diffuser un produit qui fera certainement des émules : des bouchons d’oreilles à atténuation et amplification sélective. De taille réduite et adaptés au casque anti- bruits, ces Peltor EEP 100 possèdent une électronique qui affaiblit les bruits élevés mais rend audibles les sons de moins de 82 dB ; l’usager a le choix entre trois niveaux. Le harnais se démocratise La troisième famille qui affiche des déve- loppements rapides est celle des harnais pour le travail en hauteur. Auparavant réservé à quelques intervenants spéci- fiques qui ne trouvaient que des fournis- seurs tels que Petzl, qui a fait sa répu- tation avec l’alpinisme et la spéléo, il se démocratise à la faveur de l’amélioration de sa manipulation. Les américains Ergo- dyne ou 3M sont bien présents sur ce cré- neau, car le produit devient un standard pour répondre aux interventions rapides et sûres en façade ou en toiture. Des opé- rations récentes comme celles sur Notre- Dame de Paris ont démontré l’étendu des possibilités. BERNARD REINTEAU

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