BTR 494

BATIRAMA N°494 I DÉCEMBRE 2020 - JANVIER 2021 7 ACTUALITÉ REPÈRES RE2020 (SUITE) UN PLAFOND DE CONSOMMATION D’ÉNERGIE PRIMAIRE NON-RENOUVELABLE La RE2020 introduit un plafond de consommation de consommation d’énergie non-renouvelable. C’est un nouvel indicateur, destiné à éviter le retour du chauffage électrique direct par effet Joule en construction neuve. En ce qui concerne la contribution de l’énergie PV produite sur site, seule la partie autoconsommée sera prise en compte. L’électricité d’origine photovoltaïque exporté ne comptera pas. Cela peut paraître restrictif, mais la contribution de l’autoconsommation n’est pas plafonnée semble-t-il : voilà un puissant argument en faveur du développement du stockage de l’électricité PV en construction neuve. UN GROS ACCENT SUR LE CONFORT D’ÉTÉ Le calcul du confort d’été dans la RE2020 reposera sur une projection d’évolution des températures au cours des 50 années à venir. Le besoin de rafraîchissement sera incorporé au calcul du Bbio. Un indicateur de confort d’été en degrès-heures (DH) sera calculé, avec un seuil de 350 DH à partir duquel il faudra mettre en oeuvre des mesures de rafraîchissement passives (puits canadien, etc.) et un plafond de 1250 DH à ne pas dépasser. Le Gouvernement estime à 10 % le surcoût de construction selon les critères RE2020 version 2030 par rapport à la RT2012 actuelle. © PP Le moteur de calcul utilisé pour la RE2020 sera bien celui que les éditeurs de logiciels ont reçu au printemps 2020 pour le calcul du label E+C-. Deux éléments sautent aux yeux dès à présent. Tout d’abord, la RE2020 retient, dès sa première application, une baisse du Bbio – besoin d’énergie indépendant des systèmes de chauffage et de production d’ECS – de 30 %. Ce qui suppose une considérable amélioration de l’enveloppe des bâtiments pour minimiser tant les besoins de chaleur que les besoins de rafraîchissement : meilleure isolation, suppression des ponts thermiques, mais aussi meilleur contrôle solaire des vitrages et systématisation des protections solaires. Le Bbio contiendra également un « Bbio froid » qui s’assurera que le bâtiment, dans sa conception – orientation, protections solaires, ventilation avec puits canadien ou puits hydraulique, etc. – sera en dessous d’un seuil de degrés-heures d’inconfort thermique. Une analyse du cycle de vie obligatoire Deuxièmement, l’ACV (Analyse du dycle de vie) devient obligatoire. Il sera « dynamique » : la charge carbone d’aujourd’hui pèsera plus lourd dans le calcul que celle de demain. Autrement dit, la part des matériaux et de la construction dans le calcul environnemental pèsera plus lourd que celle de l’équivalent carbone émis par la vie en œuvre du bâtiment sur 50 ans. C’est ce que la filière du ciment et du béton voulait éviter. Seule la part d’électricité photovoltaïque produite sur site et autoconsommée sera comptabilisée dans la RE2020. La part exportée ne comptera pas. De quoi booster le développement du stockage d’électricité en construction neuve. UNE BAISSE DU BBIO RADICALE DE 30 % POUR UNE ENVELOPPE PLUS PERFORMANTE La généralisation de l’ACV (Calcul du Cycle de Vie) dynamique favorise les matériaux biosourcés : le bois en structure, parquet, bardage, lambris, etc. Mais aussi les isolants biosourcés en liège, chanvre, fibres de bois, cellulose, … En même temps, le béton, la terre cuite et l’acier sont défavorisés. Comme la filière ne peut pas généraliser l’emploi de structures bois dès l’été 2021, la RE2020 prévoit un calendrier. Pour commencer, en plus de l’indicateur carbone dynamique obligatoire, un indicateur de stockage carbone sera calculé, sans être assorti d’une valeur plancher. Cet indicateur traduira le taux de recours à des matériaux issus de la biomasse. Or, la RE2020 fixera des exigences compatibles avec la stratégie nationale bas-carbone. Il s’agit de diminuer les émissions d’au moins 30 % en 2030 par rapport à 2013, objectif que la RE2020 déclinera dans la Construction. Cette obligation devrait rendre l’usage du bois et du biosourcé systématique en maisons et petits collectifs neufs vers 2030. Pour éviter un goulot d’étranglement -les maisons bois constituent 6 % du marché -et une augmentation des coûts, le gouvernement annoncera des initiatives « pour favoriser l’innovation et le développement d’une production nationale de bois de construction ». Un temps d’adaptation La période 2020-2024 sera donc « douce » : un temps d’adaptation de la filière à la systématisation de l’ACV, à l’emploi des FDES et des PEP,… Ensuite, les exigences de la RE2020 devraient augmenter par palier : - 15 % de contenu carbone équivalent, exprimé en kgCO 2 eq/m², en 2024, -25 % en 2027 et -30 à -40 % en 2030. L’évolution s’adaptera aux secteurs et régions : plus rapide en individuel neuf, plus progressive en logements collectifs et en tertiaire, plus lente dans les régions chaudes où la structure bois se prête mal au confort d’été. La RE2020 n’écarte pas les bétons bas carbone, mais souligne que seule compte la méthode de calcul qui part de la charge carbone de chaque matériau. Il faut que les cimentiers et la filière béton fassent de très gros progrès ! LE BIOSOURCÉ FAVORISÉ GRÂCE À LA GÉNÉRALISATION DE L’ACV DYNAMIQUE

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