BTR 495

14 BATIRAMA N°495 I FÉVRIER - MARS 2021 ACTUALITÉ MÉTIERS Une paroi en béton de chanvre avec ossature bois a passé avec succès les essais au feu Lepir 2 (1) . De quoi envisager un déploiement de ces systèmes constructifs prometteurs. L a scène qui se déroule au centre d’Essais au feu du Cerib (2) est impres- sionnante : une paroi de façade en béton de chanvre (3) est soumise au feu et deux panaches de flammes d’une hau- teur de plusieurs mètres s’échappent des ouvertures du rez-de chaussée. Il s’agit d’une façade de deux étages de 30 cm d’épaisseur, de 5,75 m de large et 6,55 m de haut avec une ossature bois noyée et une finition extérieure avec un enduit chaux-sable. Et le résultat satisfait l’en- semble des protagonistes, dont l’associa- tion Construire en Chanvre qui a initié l’opération : l’enduit extérieur de 2 cm est resté adhérent au béton chanvre, qui a joué son rôle, de même que le béton de chanvre qui a assuré la protection ther- mique de l’ossature bois noyée. En effet, aucun bois d’ossature n’a dépassé 100 °C, hormis les linteaux et double-montants au niveau des ouvertures Conformité à la réglementation feu L’élément est donc réputé « conforme à la réglementation applicable vis à vis de la non-propagation du jeu par les façades pour une durée de 60 min » (extrait de l’appréciation du laboratoire n°026090). Objectif de l’essai : examiner le comportement de la façade en termes de propagation de flammes et surtout vérifier que le feu ne se diffuse pas par la jonction entre la façade et le plancher entre les deux étages. Enfin, il fallait s’as- surer que la température ne dépasse pas 180 °C sur la face supérieure de ce plan- cher. Or, le résultat fait état d’une valeur de 44 °C, soit le quart de la valeur limite. De l’avis de Christophe Tessier, direc- teur du centre d’essais au feu du Cerib, le résultat est très intéressant. « Nous savions déjà que ces parois ont un bon comportement en situation d’incen- die, puisque l’on obtient le classement EI 240 (ndlr : EI pour paroi non porteuse et 240 pour le nombre de minutes) qui caractérise l’étanchéité aux flammes et aux gaz chauds ainsi que l’isolation de ce type de paroi (la capacité à retarder la propagation de l’incendie) ». Des valeurs sur-performantes par rapport au marché visé « En fait, cela équivaut à un classement coupe-feu (CF) de 4 heures » précise M. Tessier. Or, les bâtiments d’habitation de la 3 e famille ont une exigence CF de 1h00 pour les parois horizontales, tan- dis que les bâtiments publics doivent res- pecter une isolation coupe-feu de 1h30 voire 2h00. « En matière de résistance au feu, les valeurs obtenues dans le cadre de l’essai sont sur-performantes par rap- port au marché visé » constate C.Tessier. Le marché visé concerne des constructions dites en hauteur, à savoir les bâtiments d’habitation collectifs de 3 e famille (28 m de hauteur, soit 6/7 étages) et les ERP de 3 e catégorie) ; Il peut s’agir par exemple de collèges avec deux niveaux recevant 300 à 400 élèves. Par ailleurs, l’étude permet de valider tous les couples liant/granulat de chanvre labellisés répertoriés dans les règles professionnelles de la construction chanvre. Enfin, l’essai couvre tout type de plancher, CLT, solivage bois ou plancher béton. F. LEROY (1) Centre d’études et de recherches de l’indus- trie du béton (2) Local expérimental pour incendie réel à 2 niveaux (3) Mélange d’un liant minéral, d’un granulat végétal labellisé (obtenu après défibrage de la tige de chanvre) et d’eau La construction biosourcée passe avec succès les essais au feu BÉTON DE CHANVRE Essai feu Lepir 2 réalisé par le Cerib sur une façade réalisée en béton de chanvre Avec le succès de cet essai, les professionnels du béton de chanvre visent notamment la « massification » de leurs solutions puisqu’ils apportent le même degré de sécurité incendie que les autres systèmes constructifs. Une massification qui pourra s’opérer grâce aux techniques de la préfabrication. Elle suppose la réalisation en atelier de panneaux en ossature bois recouverts de béton de chanvre (projeté mécaniquement sur les parois). La légèreté du matériau (300 kg/m 3 versus 2,4 tonnes pour le béton) est un facteur différenciant intéressant, relève M. Munoz, chargé de mission au sein de l’association Construire en Chanvre. VERS UNE MASSIFICATION DES SOLUTIONS MURS BÉTON DE CHANVRE

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