BTR 495

BATIRAMA N°495 I FÉVRIER - MARS 2021 27 DOSSIERS FAÇADE © RAPHAL DAUTIGNY Batirama : Quels temps forts de ces derniers mois ont marqué le dévelop- pement de l’ITE ? Stéphane Hameury : Il faut souligner que l’arrêté du 7 août 2019 modifiant l’arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la pro- tection contre l’incendie des bâtiments d’habitation et l’arrêté du 7 août 2019 relatif aux travaux de modification des immeubles de moyenne hauteur et pré- cisant les solutions constructives accep- tables pour les rénovations de façade ont imposé une adaptation des techniques d’isolation thermique par l’extérieur à de nouvelles contraintes. Ces travaux font suite à l’incendie dramatique de la Tour Grenfell à Londres, en juin 2017. Le comportement au feu des façades a ainsi été renforcé, limitant par exemple la présence d’isolant combustible sur les systèmes d’ITE sous enduit mis en œuvre en 4 e famille. Ces textes abordent aussi le risque de chute d’objets provenant des systèmes de façades. Ce qui demande aux concepteurs de produire une ana- lyse spécifique du risque, en fonction de l’environnement proche du bâtiment, ce qui peut par exemple conduire à installer un auvent au-dessus des entrées d’im- meubles. Quelles évolutions notables connaît l’ITE ? Les évolutions portent sur l’adaptation de solutions utilisées sur des supports tra- ditionnels, tels que le béton armé ou les éléments de maçonnerie, à des usages adaptés aux constructions à ossature bois ou encore aux façades, dont le mur support est réalisé en CLT*. Par ailleurs, les matériaux d’isolation thermique par l’extérieur s’adaptent pour limiter leur contenu carbone, en préfigurant l’am- bition de la future réglementation envi- ronnementale 2020. On note ainsi le renforcement de composants biosour- cés (fibre de bois, liège, paille, béton de chanvre…) et leur intégration au sein de solutions industrielles de façades et plus largement d’enveloppes préfabriquées. Les outils de conceptions existants sont-ils suffisants pour prendre en compte ces matériaux ? Les outils de conception sont en perpé- tuelle évolution pour coller aux attentes du marché. A titre d’exemple, le CSTB a élaboré, en décembre dernier, deux guides pour l’aménageur Solideo**, chargé de la construction des ouvrages du village des athlètes pour les Jeux olympiques 2024. L’un porte sur les enduits sur isolation extérieure en laine de roche – les Etics –, l’autre sur les bar- dages en terre cuite sur des construc- tions ou façades à ossature bois. Ces documents permettent de sécuriser l’obtention d’Appréciation Technique d’Expérimentation (ATEx) et ainsi faci- liter la construction bois pour le village des Athlètes en limitant les risques de désordres. Ces documents feront l’ob- jet d’une présentation à l’ensemble de la filière construction, car ils constituent une partie de l’héritage des JO 2024. Quelles réponses spécifiques apportent ces documents ? Ces documents apportent des propo- sitions de conception basées sur une approche multicritère de la perfor- mance attendue de l’ouvrage. Plus spé- cifiquement, ce travail sécurise le risque incendie, avec une annexe intégrant une appréciation de laboratoire qui valide leur conformité au règlement de sécurité incendie. À ce titre, la concep- tion du système de bardage sur struc- ture bois composé d’une isolation exté- rieure par laine de roche avec parement en bardeau de terre cuite est notam- ment complétée d’un écran thermique. Deuxième sujet : l’humidité, que ce soit la pluie ou les transferts de vapeur d’eau Des simulations numériques ont été effectuées afin d’établir des préco- nisations de conception pour éviter le risque de condensation dans l’enve- loppe. Les orientations que nous pro- posons aux maîtres d’œuvre visent à ne pas piéger l’humidité en respectant quelques règles de conception. * Cross laminated timber, bois lamellé croisé. ** Société de livraison des ouvrages olym- piques. AVIS D’EXPERT Stéphane Hameury, directeur opérationnel de la direction « Enveloppe du bâtiment » du CSTB Les matériaux biosourcés obligent l’ITE à s’adapter à toutes les situations fenêtres / dalles » des ouvrages : plus il est élevé, moins l’isolation par l’exté- rieur serait adaptée. Élevé en maison individuelle, cela signifie qu’on traite- ra beaucoup de points singuliers très chronophages en mise en œuvre : pour- tours de menuiseries (retours, angles…), liaison entre les murs et la toiture… En revanche, en collectif, ce ratio est plus équilibré, et les solutions de traitement des menuiseries sont plus diverses et adaptées. Une ingénierie et une technicité à prévoir Pour autant, ce qui est vrai en construc- tion neuve ne l’est plus forcément en rénovation. Car entre en jeu le critère de l’occupation des locaux. Individuel ou collectif, il devient plus facile d’organiser les chantiers et de proposer une solution ITE globale, thermiquement efficace, d’exécution rapide et économiquement acceptable. Isolation sous enduit ou bardage ventilée ? De ces choix tech- niques émergent des questions sur leur pérennité. Les enduits tiendront-ils aux agressions comme le climat (vent, pluies, températures élevées) ? Comment gérer le risque d’incendie ? Quel que soit le chantier de pose, l’ITE impose de fait une ingénierie et une technicité que demande moins l’isolation par l’intérieur. BERNARD REINTEAU À TÉLÉCHARGER • Guide d’aide à la conception d’ETICS sur construction ou façade à ossature bois : https://www.codifab.fr/sites/default/ files/jo_etics_cob-fob_v141220.pdf • Guide d’aide à la conception de bardages en terre cuite sur construction ou façade à ossature bois : https://www.francebois2024.com/ wp-content/uploads/JO_BARDAGE- TC_COB-FOB_V141220.pdf

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