BTR 496
18 BATIRAMA N°496 I AVRIL - MAI 2021 ACTUALITÉ MÉTIERS Avec ses bétons locaux, à base d’argile ou de terres excavées, Materr’Up start-up industrielle dédiée à la construction bas carbone, veut déployer des solutions constructives innovantes et vertueuses. D’ ici quelques mois, la Nouvelle- Aquitaine pourra s’approvi- sionner en bétons à très bas carbone Materr’Up, pour construire des bâtiments jusqu’à R+4 et créer des amé- nagements urbains. Car si les premiers projets utilisant ces bétons nouvelle- génération émergent dès ce printemps, le démarrage à échelle industrielle est prévu pour le deuxième semestre 2021. A cette période sera achevée la construc- tion de l’usine de Materr’Up, actuelle- ment en cours dans le sud de la région Nouvelle-Aquitaine, pour répondre à la forte demande locale de matériaux de construction moins impactants pour l’environnement. Une start up « à mission » « Ce premier site industriel sera opération- nel à la fin de l’année », annonce Mathieu Neuville, co-fondateur et président de Materr’Up. « Nous proposerons des bétons locaux dans notre région dès 2022, puis nous nous déploierons sur d’autres terri- toires. Notre stratégie est de régionaliser la chaîne de valeurs car nous voulons être une entreprise à mission. Notre activité permet de réduire l’impact environnemental, mais a aussi un impact social, en relocalisant la production de ciment, et participe à faire vivre les territoires, en aidant à structurer les installations de recyclage des collectivi- tés territoriales et à développer des plates- formes de valorisation des déchets ». En passant à l’industrialisation de ses pro- duits, la jeune entreprise vise un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros en 2023. Une technologie brevetée Fondée en 2018 dans les Landes avec l’objectif de commercialiser des produits performants, économiques et certifiés, Materr’UP a mis au point un liant bas car- bone limitant l’impact environnemental de la construction et a breveté sa techno- logie dite « Cross Linked Clay Cement ». A partir de ce ciment à base d’argile de carrière ou de terres excavées de chan- tier, la toute jeune entreprise fabrique des produits (en cours de certification) répon- dant aux enjeux de la transition énergé- tique. Bétons Prêts à l’Emploi (BPE), pièces de béton préfabriquées ou produits de second œuvre sont déclinés pour diverses applications de dalle, voile béton, aména- gement urbain, etc. Un bilan carbone « en béton » Tout en répondant à la norme béton NF EN 206/CN.C25/30, ces BPE structurels ont une empreinte carbone fortement réduite par rapport à un béton classique (jusqu’à 80 % en moins de CO 2 émis). « Le béton génère environ 8 % des émissions mondiales de GES », rappelle Mathieu Neuville, « Nos bétons de terre crue ont le même niveau de performance qu’un béton conventionnel C25/30 et y allient les vertus du matériau terre. » Ils affichent à la fois de hautes performances thermiques et acoustiques et prennent soin des usagers en préservant la qualité de vie intérieure : pas d’émission de COV et régulation de la température par leurs capacités hygro- thermiques. EMMANUELLE JEANSON Materr’Up veut industrialiser sa production de bétons de terre bas carbone BÉTON NOUVELLE GÉNÉRATION Accoudés à des échantillons de mur en béton Materr’Up, les trois associés (de gauche à droite) : Charles Neuville, directeur financier, son frère Mathieu Neuville, Pdg, et Manuel Mercé, directeur technique. UTILISATION DE RESSOURCES LOCALES DANS UNE LOGIQUE D’ÉCONOMIE CIRCULAIRE Avec cette alternative innovante, Materr’UP valorise localement des argiles ou des déchets. « En utilisant des terres d’excavation argileuses, nous sommes dans une logique d’économie circulaire. Nous utilisons des ressources locales et transformons la matière à proximité de sa mise en œuvre, en limitant les distances de transport ». Des développements ultérieurs de ces bétons de terre élargiront encore le champ des possibles, Materr’UP y travaille déjà. « Il est possible d’armer ces bétons pour obtenir des résistances 30 mégapascals et plus », remarque Mathieu Neuville. « Cependant, ils n’ont pas vocation à remplacer tout le béton conventionnel. L’idée est de mettre le bon matériau au bon endroit ; les bâtiments de demain seront composites. » conclut-il.
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