BTR 496

BATIRAMA N°496 I AVRIL - MAI 2021 9 ACTUALITÉ REPÈRES d’un dernier trimestre 2020 et d’un début d’année 2021 en très forte crois- sance. Les chiffres récents présentés par la filière, incluant des petites entreprises mais aussi les majors du BTP, attestent de cette forte reprise d’activité Déstabilisation des marchés mondiaux Cependant, le redémarrage de l’éco- nomie mondiale et notamment asia- tique a déstabilisé l’ensemble des marchés : elle a en effet absorbé une grande partie des matières premières et produits semi-finis. Si les matériaux traditionnels produits localement, tels que le béton, les briques, les plaques de plâtre, les isolants dits classiques, n’ont pas connu de problème parti- culier, d’autres en revanche ont subi directement les conséquences de cette déstabilisation. Pénurie dans le bois Outre des hausses de prix importantes pour les produits ferreux dont l’acier ou les produits dérivés du pétrole, le bois subit actuellement de fortes tensions. En fait, la demande de bois a été multipliée, notam- ment en raison de l’arrivée sur les marchés européens d’acheteurs américains. Expli- cation : une taxe mise en place par Donald Trump a frappé les bois canadiens et a contraint les acheteurs américains, gros consommateurs de bois, à venir s’appro- visionner en Europe… Au moment, où la construction connaît un pic d’activité en Europe. Résultat : les acheteurs américains mais aussi asiatiques frappent aux portes des scieries pour acheter l’intégralité des stocks présents… en payant beaucoup plus cher, parfois jusqu’à trois fois le prix pratiqué, selon des remontées d’informa- tions sur le terrain Retards de chantiers et répercussion des prix Une situation inédite qui devrait dispa- raître dès que le bulle se dégonflera, cla- ment les plus optimistes. Reste à savoir quand… Il reste que la situation demeure difficile à vivre pour les entreprises, tels les constructeurs bois, obligés d’anticiper leurs commandes et de surveiller l’état de leurs stocks, faute de visibilité sur les délais de livraison qui s’allongent. Outre les retards de chantier (qui peuvent s’ac- compagner de pénalités), il faudra réper- cuter ces hausses de prix aux clients qui ne s’y attendaient pas lors de la signature des projets… Une situation qui suppose de négocier au préalable avec les clients, eux-aussi, victimes de surcoûts non pré- vus… et dont les budgets parfois serrés risquent de les pénaliser. F. LEROY La pénurie de bois affecte tous les départements, constate Thierry Ducros, président de l’UMB-FFB. «  La pénurie concerne essentiellement le bois d’œuvre et l’OSB. Les délais de livraison  habituels en bois d’œuvre, de trois à quatre semaines, sont passés de 10 à 12 semaines.  Dans certains cas, les chantiers sont bloqués et engendrent une mise en chômage  technique » relève le président de l‘Union des métiers du bois. La FFB, par l’intermédiaire de son président Olivier Salleron, a contacté Bruno Le Maire afin que, sur les marchés publics, les retards induits ne soient pas sanctionnés. «  Il  s’agit aussi de protéger les entreprises qui ont signé des contrats à prix fixe qui se trouvent  confrontées à des chantiers où ils perdent de l’argent, d’autant que par exemple, dans la  charpente, les ferrures et assemblages augmentent fortement ». Selon Thierry Ducros, on fait face au goulot d’étranglement des scieries, qui ont repris plus tard que le Bâtiment après le confinement et s’efforcent depuis de rattraper le temps perdu. VALOPTIM, PROMOTEUR DE LOGEMENTS BOIS GARDE ESPOIR Valoptim, l’un des acteurs de la promotion de logements biosourcés de l’Ile-de-France, subit les difficultés actuelles d’approvisionnement et de prix mais ne s’inquiète pas outre mesure. «  Sur les chantiers en cours, nous  subissons des retards », explique Mohamed Dahrouch, directeur opérationnel de Valoptim. « Depuis un an, l’acier a augmenté de 50 %, le  bois de 25 %, les résines et peintures  de 10 %. Les matériaux habituellement  livrés en 3 jours sont livrés avec 15 jours  de retard ». Sur les opérations à venir, ces augmentations font grimper le coût des travaux de 3 %. «  Il s’agit là de la  marge de négociation habituellement  négociée, et qui ne pourra plus l’être  » poursuit-il. Toutefois, le promoteur n’est pas trop inquiet de la suite. « En  juillet, la situation va se rétablir. Nous  sommes confrontés à un problème de  logistique suite à la pandémie, mais pas  à une pénurie ». «  Il faut travailler avec des entreprises solides  » Pour analyser la situation de la sorte, le directeur opérationnel de Valoptim a d’abord consulté les partenaires de la construction, notamment les charpentiers avec qui ils travaillent, et qui sont sur la même longueur d’onde : « Dans la situation actuelle, il vaut  mieux travailler avec des entreprises  solides, qui ont la capacité d’encaisser  les augmentations et les délais  ». En conséquence, les nouveaux projets immobiliers du promoteur devraient se poursuivre sur la même voie. Thierry Ducros, président de l’UMB-FFB Mohamed Dahrouch directeur opérationnel de Valoptim © EDOUARD HANNOTEAUX DES DIFFICULTÉS DANS TOUS LES DÉPARTEMENTS SELON L’UNION DES MÉTIERS DU BOIS

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