BTR 497
BATIRAMA N°497 I JUIN - JUILLET 2021 13 ACTUALITÉ MÉTIERS La filière ciment béton réaffirme sa trajectoire de décarbonation en phase avec la stratégie nationale bas carbone et demande une révision des normes de calculs. L e syndicat français de l’industrie cimentière (Sfic) poursuit ses efforts ambitieux pour atteindre la neutrali- té carbone de la construction béton, d’ici à 2050. Un exercice que la filière a entrepris il y a quelques années : le Sfic avait d’ail- leurs présenté un plan Très bas carbone en 2018, en phase avec la Stratégie natio- nale bas carbone, publiée en novembre 2015. Le syndicat affine ainsi ses objectifs avec un premier palier qui vise à réduire de 24 % les émissions carbone d’ici à 2030. Le second palier en 2050, parie sur une réduction de plus de 80 % du poids de C02/tonne de ciment. « L’industrie du ciment a déjà baissé ses émissions de car- bone de 40 % depuis les années 1990 » précise François Pétry, le président du Sfic. De toute évidence, l’industrie du ciment pèse « lourd » en termes de carbone puisqu’elle représente 13 % des émissions de C0 2 de l’industrie française, ce qui cor- respond à 2 % des émissions totales de la France, selon le Sfic. Ciment : 10,7 millions de tonnes de CO 2 en 2021 à 2 millions de T d’ici 2050 La filière cimentière émet 10,7 millions de tonnes de CO 2 en France sur les 80 mil- lions de tonnes émises par l’industrie française (et 457 millions de tonnes de CO 2 pour le pays). Elle prévoit de rame- ner ses émissions à 2 millions de tonnes d’ici 2050. Les émissions de CO 2 liées au ciment proviennent de deux sources : • pour les deux tiers, elles sont liées à la réaction chimique lorsqu’on chauffe le calcaire, (matière première), • et pour un tiers, elles proviennent de l’énergie utilisée pour calciner le calcaire (il faut chauffer les différents éléments à par- tir de 1400 °). Résultat, pour une tonne de ciment, quelque 650 kilos de CO 2 sont émis. En 2050, une tonne de ciment produite ne devrait plus générer que 133 kilogrammes de CO 2 contre 503 prévus en 2030. Trois leviers pour réduire les émissions de CO 2 du ciment Trois principaux leviers sont mis en oeuvre par la filière ciment pour réussir sa trajec- toire de décarbonation : • En premier lieu, la réduction de la consommation énergétique de l’indus- trie cimentière grâce à la modification des process et le remplacement d’équi- pements plus efficients. Quelque 3 % de réduction de CO 2 sont ainsi visés d’ici à 2030, indique le Sfic • En second lieu, l’utilisation de combus- tibles alternatifs pour remplacer les com- bustibles fossiles, déjà employés par l’indus- trie cimentière. Elle utilise ainsi des huiles usées, plastiques ou déchets de bois non recyclables, des boues de station d’épura- tion, des pneus usés, ou la biomasse… Son objectif : passer de 41 % de taux de substitution des énergies fossiles en 2019 à 80 % en 2030. Pour un résul- tat de réduction de 10 % des émissions de CO 2 . « C’est bon pour nos territoires car les cimenteries locales récupèrent les déchets existants sur place et deviennent ainsi les maillons de l’économie circulaire » plaide François Pétry. • En troisième lieu, la réduction du clin- ker, principal constituant hydraulique du ciment, issu d’un mélange de calcaire (80 %) et d’argile (20 %), soumis à une cuisson à haute température. Pour réduire les temps de cuisson, les industriels expé- rimentent ainsi d’autres composés cimen- taires, le laitier des hauts fourneaux (criti- qué car carboné), les cendres volantes, les argiles calcinées… Ils visent une réduction de 11 % des émissions de CO 2 d’ici à 2050 avec ce 3 e levier. F. LEROY L’industrie du ciment face à un virage bas carbone très serré FILIÈRE CIMENT-BÉTON DES TECHNOLOGIES DE RUPTURES À L’ÉTUDE « La phase suivante consiste à utiliser des technologies de rupture pour capter et stocker le CO 2 » ajoutent les représentants du Sfic. Il s’agit notamment de capturer le CO 2 des fumées des cimenteries (expérimenté pour les industries polluantes issues de la pétrochimie) dans l’objectif de le purifier, le stocker et le réutiliser. Des projets sont en phase d’expérimentation notamment en Norvège avec une grande installation de séparation de CO 2 transportées vers un site de stockage souterrain dans la mer du Nord dès 2025 (Northern lights). Par ailleurs, un autre projet doit aboutir en France en 2027 avec le projet Hynovi, indique le Sfic. Ces différents leviers permettront ainsi de ramener les émissions de carbone de l’industrie cimentière à 2 millions de tonnes, pour le Sfic qui estime qu’il s’agit d’une feuille de route ambitieuse mais réaliste puisque les technologies existent ou sont en cours de développement. François Pétry, président du Syndicat français de l’industrie cimentière et nouveau président de la Filière Béton
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